Chapitre 19 : Guerre

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Erza fut brutalement réveillée par des bras la secouant énergiquement.

« Hum. Qu'est-ce qu'il y a ? bafouilla-t-elle en clignant des paupières, trop consciente du fait qu'elle venait à peine d'aller se coucher. D'un geste imprécis, elle essaya de se remettre sous ses couvertures tout en se recalant dans ses oreillers.

-Le Roi a ordonné que chaque commandant de division le rejoigne aussi vite que possible au conseil ! Vous devez vous préparer, Edolas est attaqué ! répondit la voix de Coco.

Erza se redressa aussitôt. Ses mouvements, encore désorganisés, l'amenèrent à quasiment s'écrouler sur le sol. Elle n'y fit même pas attention, trop ébahis par ce qu'elle venait d'entendre. Edolas ? Attaqué ? Comment était-ce possible ? Qui était assez fou pour oser les agresser ? Le pays n'avait pas été aussi prospère, aussi puissant, depuis des années.

-Comment ça ? demanda-t-elle tout en se levant et en se hâtant vers son armoire.

Rapidement, elle se dévêtit de sa robe de chambre et la remplaça par un long tee-shirt noir, un jeans usé, un gilet noir et des baskets. Une tenue idéale pour se battre si nécessaire, mais aussi assez discrète pour passer lors d'une réunion avec les nobles.

Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, Erza n'aimait pas la guerre. Au contraire. Si elle s'était engagée dans l'armée, ce n'était pas pour se battre, mais bien pour garantir la paix. Des gens mourraient lors des guerres, et elle avait déjà assez tué pour reconnaitre la valeur d'une vie. On ne l'apprenait réellement que quand on en ôtait une.

-Nous venons d'être informé que le Roi Xeres vient d'envoyer son armée sur Andorre, au sud d'Edolas. Nos militaires présents là-bas ne résistent à l'assaut que grâce à l'aide des guildes locales. Pour le moment, la population est épargnée. Mais nous n'avons pas de temps à perdre.

Erza hocha la tête, ceintura son épée à sa taille et se précipita aussitôt vers le conseil. Traversant la moitié du palais en courant, elle ne s'arrêta pas même après avoir perdu Coco dans sa course. Quand elle arriva, trois personnes étaient déjà présentes. Il y avait le Roi, Hughes, et une troisième personne. Stupéfaite, elle murmura :

-Simon ?

L'homme aux cheveux noirs se retourna vers elle et lui offrit un magnifique sourire. Etonnée, Erza regarda le seul homme qui avait un jour prétendu à être son amant. Il avait dû prendre quelques centimètres depuis la dernière fois qu'elle l'avait vue. Ses cheveux étaient aussi plus longs. Il était beau. Erza cru que son cœur allait s'arrêter.

Sans même saluer les deux autres hommes, elle se jeta dans ses bras. Quatre ans qu'elle ne l'avait plus vue. Quatre ans balayés en quelques secondes. Simon, l'homme qu'elle avait un jour aimé. Et qui l'avait aimé en retour. Avant de partir sans elle.

-Salut Erza, répondit-il de sa voix profonde.

La jeune femme crue quelques instants qu'elle allait pleurer. Mais elle résista. Elle n'était pas faible à ce point ! Elle aurait aimé avoir son armure… Elle s'éloigna de lui et, essayant de se donner contenance, lui lança :

-Espèce d'idiot ! Tu n'as jamais répondu à une seule de mes lettres ! J'ai même pensé pendant un temps qu'il t'était arrivé quelque chose ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?!

Ce fut Hughes qui répondit :

-C'est lui qui a été chargé d'apprendre au Roi l'attaque de Xeres et de demander notre soutien militaire.

Erza cligna des paupières. Avec la surprise de voir Simon, elle en avait oublié pendant quelques secondes les tristes raisons qui l'avaient poussé à se lever. Inquiète, elle tourna enfin son regard vers le Roi.

-Majesté ? s'enquit-elle.

Elle ne l'avait jamais vue ainsi. Son regard était comme figé. Ses traits été tirés. Préoccupé, il la regardait avec un calme qui ne lui ressemblait pas. Normalement, il était toujours si vivant, si peu inquiété par les soucis de son titre de Roi. Là, il ressemblait à Faust.

Et Erza eut peur.

Alors, sans tenir compte du fait que quelques conseillers venaient d'arriver, elle se dirigea vers lui. Avec toute la douceur dont elle était capable, elle attrapa ses mains et elle lui sourit. Un sourire qu'elle espérait réconfortant. Un sourire qu'elle n'avait offert jusque-là qu'à Hughes et Sugar-Boy.

-Vas-tu t'assoir à côté de moi ? demanda-t-il.

Erza avait toujours refusé jusqu'alors. Elle ne pensait pas qu'elle avait droit à cette place au conseil. Le Roi lui avait souvent dit que si. Elle pouvait après tout être considérée comme son premier conseiller. Elle assistait à presque toutes les réunions du conseil. Mais elle s'était obstinée à rester debout, à la place des commandants.

Mais aujourd'hui, il avait besoin d'elle. Et elle n'allait pas le lui refuser. Alors, après lui avoir lâché les mains, elle prit la chaise à sa gauche –bien plus confortable et haute que les autres. Elle senti le sang lui monter aux joues en croisant le regard des autres personnes dans la pièce. Hughes la regardait avec un air grandement satisfait. Sugar-Boy –qui venait d'arriver- s'était figé. Simon, lui, semblait totalement abasourdi par ce qu'il voyait. Peut-être même qu'il était en colère. Sa stupéfaction ne fit qu'augmenter encore plus quand Jellal décida de prendre derechef sa main gauche de sa main droite. Comme pour se donner confiance.

D'un coup, Erza venait d'officialiser sa position de plus proche conseillère du Roi. D'un coup, Erza venait d'officialiser sa place dans la hiérarchie mondiale. D'un coup, Erza venait d'affirmer qu'elle était la deuxième personne la plus puissante du royaume.

Elle venait de devenir officiellement la femme à abattre.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant