L'aube d'une nouvelle ère

Chapitre 15 : Alcool

Il suffit d'une minute pour faire basculer entièrement la vie de quelqu'un. Une minute pour que la tranquillité d'une vie douillette s'envole en éclat. Erza Knightwalker le savait parfaitement. Elle savait qu'une minute pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Qu'une minute pouvait faire la différence entre la réussite et la victoire. Oui, Erza savait que sa vie pouvait totalement changer en quelques instants. Mais elle n'avait absolument pas prévue que cela se produise dans une salle de bal, assistant à un ennuyeux diner (qu'elle avait cherché autant que faire se peut à éviter), en réaction aux paroles de son souverain.

Avec le temps, Erza avait appris à respecter le Roi Jellal comme étant un Roi digne et juste. Il était dévoué à Edolas, agissait pour le bon soin de la population, et avait modernisé le pays. Ses réactions –parfois naïves- étaient souvent le contraire de celles qu'auraient eu l'ancien Roi Faust. Il était attentifs aux conseils qu'il pouvait avoir, ne décidait pas de façon arbitraire, était noble jusqu'à sa façon de se tenir.

Il arrivait parfois à Erza de se demander pourquoi il n'avait pas totalement réformé l'armée, en commençant par les commandants des divisions. Elle savait qu'elle était un des rares vestiges du règne de Fraust et que ses actions avaient déplus à la majorité des gens d'Edolas. Personne n'aurait été déranger par son évincement. Au contraire. Pourtant, le Roi l'avait gardé à ses fonctions et semblait avoir relativement confiance en elle.

Plutôt que de s'interroger sur les motivations du Roi Jellal, Erza avait surtout cherché à tirer avantage de sa position pour pouvoir racheter –ou au moins essayer- sa conduite passé. Quant au fur et à mesure que le temps passait, elle avait compris que le nouveau dirigeant apportait tout ce dont avait besoin le peuple et qu'il était aimé comme aucun Roi ne l'était, elle avait décidée de le protéger contre tout. Et de l'aider si besoin il y avait. Petit à petit, elle avait même finit par réellement l'apprécier. Non pas qu'elle le trouvait irréprochable.

Par moment, le Roi était buté, et restait campé sur ses positions malgré les arguments des autres. Il avait une fâcheuse tendance à ne pas prendre en compte sa sécurité et à s'aventurer sans protection dans la ville basse pour y rester durant des heures. Ce comportement l'irritait parfois au plus haut point –elle était chargé de s'assurer qu'il restait en vie, que diable !- mais elle pouvait aussi le comprendre. Après tout, Erza Knightwalker était une femme libre. L'une des plus libres du royaume.

Erza avait conscience qu'à bien des égards elle était une privilégiée. Elle était une femme et malgré tout, elle avait le poste le plus important de l'armée. Elle n'avait jamais été forcée à épouser qui que ce soit. Elle ne pouvait pas en dire autant de sa sœur pour laquelle ses parents avaient choisis un des hommes les plus horribles du royaume, mais des plus riches.

Evidemment, son ascension fulgurante à la tête de l'armée avait longtemps été synonyme de ragots sur elle. Beaucoup avaient un jour estimés qu'elle avait pris du garde en écartant les cuisses. C'était un mensonge. Elle était douée et s'était entrainée toute sa vie pour faire partie des meilleurs. Pour devenir la seule femme de l'armée. Les gens l'avaient vite constaté.

Les hommes avaient tendance à la fuir. Après tout, elle était puissante. Voir même par moment carrément effrayante. Et les hommes n'aiment généralement pas avoir l'impression d'être inférieur. Or, hormis Sugar-Boy, Hughes, les membres du conseil et le Roi, il n'y avait personne de plus haut gradé qu'elle. Elle était certaine qu'ils n'en avaient rien à faire d'elle.

C'était du moins ce qu'elle pensait jusqu'à maintenant. Jusqu'à ce que ses certitudes vacillent d'une minute à l'autre. Jusqu'à ce que l'homme le plus puissant du monde ne décide de tout foutre en l'air sans même lui demander son accord.