Chapitre 4 : Manipulation

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Il n'y avait plus de magie à Edolas. Nulle part. Pas une goutte, pas une lacrima, nada.

Ce n'était pas une raison pour arrêter de vivre. Le monde regorgeait d'autres énergies. Le tout était de savoir les utiliser. Les scientifiques, critiqués et moqués avant, étaient aujourd'hui félicités et acclamés par la population. Jellal c'était fait un devoir de permettre à ces hommes de développer leurs connaissances et de disposer de tous les moyens nécessaires à leurs recherches. Il avait donc insisté sur la création d'un fonds budgétaire de recherche. A sa grande satisfaction, le soutien s'avérait rentable et la population ne ressentait que des effets limités de la perte de la magie. Après tout, cette dernière était déjà limitée.

Non, la perte de la magie n'avait pas eu de conséquences trop désastreuses pour son peuple. Il s'en était assuré. Cependant, il n'en était pas de même pour son armée. Ses soldats avaient pris l'habitude d'être aidés de la magie. Leurs armes souvent n'étaient pas des épées, mais des ustensiles magiques. Il était donc nécessaire, impératif de leur apprendre à se servir d'armes nouvelles. Mais avant d'en acheter en nombre conséquent, il fallait d'abord trouver lesquelles étaient les plus efficaces en cas de besoin.

Il avait donc confié cette mission à son second commandant. Après tout, c'était elle qui avait le plus de connaissances sur les armes. Elle était la plus apte à juger. Il était donc descendu lui-même dans la salle des armes –Erza ne venait jamais lui rendre un compte rendu de mission- afin d'obtenir ses avis. Et il l'avait trouvée mécontente. Très mécontente. Et clairement indignée par la tâche.

« Majesté, sans vouloir vous manquer de respect, vous vous moquez de moi ?!

Complètement mécontente, se rectifia-t-il.

-Commandant Knightwalker, quand je vous [ai] confié cette mission il y a une semaine, vous étiez consentante pour l'effectuer. Puis-je savoir ce qui vous préoccupe ?

Erza le foudroya du regard et commença à taper du pied. Il en profita pour la regarder. Ses cheveux avaient un peu repoussé, ce qui lui permettait de les attacher de nouveau. Elle semblait en pleine forme. Son regard brillait d'exaspération. Son nez était légèrement retroussé. Ses lèvres pincées. Elle avait l'air sévère alors même qu'elle n'avait aucune armure sur elle : juste un tee-shirt noir et un jean.

-Vous pensez vraiment laisser nos hommes se battre avec... cette chose ? s'insurgea-t-elle en désignant un arc derrière elle.

Surpris, Jellal détailla l'objet. C'était un arc de très belle qualité, en bambou.

-Où est le problème ?

Pendant un instant, Erza sembla prête à se jeter sur lui. Essayant de rester calme, elle lui répondit.

-Je refuse d'utiliser cette chose ! Et encore moins de laisser un de mes hommes avec ! C'est une arme de lâche ! s'écria la jeune femme.

Amusé, Jellal regarda la jeune femme foudroyer du regard la pauvre arme. Si celle-ci avait été vivante, elle aurait fui sans attendre son reste. Même le Roi craignait ce regard froid. La réaction de son second était totalement disproportionnée. Or, si Erza était bien une chose, c'était mesurée. Quelque chose devait l'avoir mise hors d'elle.

Il trouva la réponse en détaillant la pièce. Et il ne put rien faire d'autre que d'exploser de rire. Un rire franc, puissant, comme il n'en avait pas eu depuis bien longtemps. Il n'arrêta de s'esclaffer qu'une minute plus tard. Pour recommencer de plus belle en regardant le visage de l'ancienne chasseuse de fées.

-Tu... Tu es en colère... Car tu n'as pas... atteint... le cœur de la cible ! Réussit-il à articuler entre deux rires.

Erza mordit ses lèvres pour ne rien dire.

Une fois calmé, Jellal attrapa une flèche et d'un geste rapide et précis l'envoya directement au cœur de la cible. Erza le foudroya encore plus du regard, vexée.

-Bien ! Puisque vous vous débrouillez si bien avec les armes, je vais vous laisser décider lesquelles sont les meilleures ! grogna-t-elle avant de se diriger vers la sortie, bouillonnante.

Jellal la rattrapa rapidement, saisissant son poignet, et la força à revenir à leur place.

-Viens, je vais t'apprendre ! dit-il.

Erza protesta pour la forme, mais se laissa faire. Doucement, il ajusta sa position, se collant contre son dos, guidant délicatement ses mains. Il murmura :

-L'arc est comme une femme. Tu dois la manier avec douceur si tu veux qu'elle te donne un résultat optimal. Tu ne dois faire qu'un avec ! Sois plus détendue au niveau des jambes. Un peu plus de retenue dans les bras. Redresse un peu. Voilà. Maintenant lâche.

La flèche se logea juste à côté de la sienne. Il regarda le résultat, satisfait. Puis il remarqua soudain la proximité qu'il avait avec sa seconde. Sa respiration faisait trembler ses cheveux rouges, sa main gauche était sur sa cuisse alors que la droite tenait la sienne. Ils étaient trop proches !

Il recula d'un coup, trop conscient que la situation pouvait être gênante ou mal comprise.

Mais il n'y avait aucune incompréhension, aucun questionnement, dans le regard de son second quand elle se tourna vers lui. Au contraire, elle semblait satisfaite et lui offrit même un de ses rares sourires.

Plus tard, ce soir là, après avoir exigé la fabrication de trois-cents arcs, il se rendrait compte qu'il avait déjà vue Erza avec un arc lors des entrainements. Elle n'avait jamais loupé sa cible.

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant