Chapitre 30 : Jeux politiques

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Erza Knightwalker n'était pas connue pour être quelqu'un de particulièrement sociable. C'était un euphémisme.

Elle avait toujours été plus de ces personnes qui agissent avant de parler, voire à ne pas parler du tout. Elle fonçait, tête baissée, faire face à ce qui la dérangeait. On n'arrivait pas à s'imposer dans l'armée avec de jolis discours et des sourires polis. Il fallait être fort, froid, et inspirer la crainte. Encore plus qu'en on était une femme. Elle avait dû assoir son autorité sur ses actions, sur son caractère bien trempé, et à la force de ses poings.

Il aurait pourtant été totalement erroné d'imaginer qu'Erza ne savait pas comment agir face aux nobles du royaume qu'elle avait appris à mépriser. Sa mère –au travers de son éducation- avait fait en sorte que son ainée sache parfaitement interagir avec le milieu social qu'elle convoitait tant. Ainsi, la jolie rousse avait de la conversation, savait comment se tenir et connaissait parfaitement bien l'étiquette.

C'est pourquoi elle savait que son entrée, au côté du Roi Jellal, allait faire jaser les commères et indigner les conseillers, qui verraient là un manque de respect le plus total à la tradition royale. Un Roi au bras d'une femme qui n'était pas sa fiancée, ouvrir un bal officiel ! C'était du jamais vu ! Et Erza se trouva quelque peu récalcitrante à passer la porte menant à la grande salle de réception.

Ce n'était pas qu'elle craignait de bousculer la tradition, non ! Dieu seul savait qu'elle l'avait bouleversé un nombre incalculable de fois, ne serait-ce qu'en entrant dans l'armée. Elle appréhendait seulement les déductions que pourraient faire les invités en la voyant ainsi. N'iraient-ils pas s'imaginer que sa relation avec le Roi était plus que platonique ?

Certes, elle avait été plus que platonique. Mais la jeune femme comptait bien faire en sorte que cela soit le cas à partir de maintenant, et totalement claire dans les esprits. Elle n'était pas là pour devenir reine, mais bien pour apaiser les tensions au sein de l'armée. Entrer avec le Roi, s'était s'assurer d'être reconnue et ainsi, de faire percevoir à ses hommes qu'elle n'était pas évincée. Et ainsi, de leur montrer qu'ils n'avaient pas à se rebeller et à risquer une guerre civile.

Mais si la jeune femme n'avait aucune crainte en ce qui s'agissait de mettre un grand coup de pied dans le derrière de la « tradition », tout le monde n'avait pas un tel courage.

Erza jeta un coup d'œil vers Jellal, qui expliquait au petit homme qui devrait ouvrir qu'il devait la laisser entrer. Le pauvre homme semblait sur le point de s'évanouir, ne sachant probablement pas quoi faire tandis qu'il s'entêtait à répondre au Roi que c'était contraire aux ordres qu'il avait reçu. Jellal, au lieu de simplement lui ordonner de les laisser passer, semblait plus inquiet de rassurer l'homme qu'il ne serait pas puni pour exécuter les ordres de son souverain !

Erza, agacée par cette perte de temps –de son temps !- finit par s'avancer à son tour, ce qui fit taire Jellal et figer le valet :

« Je crois que vous n'avez pas très bien compris la situation ! Soit vous ouvrez cette saleté de porte tout de suite ! Soit vous restez planté là comme un arbre et je vous déracine avec une épée !

Jellal lui lança un regard de reproche tandis que le valet se précipitait vers la double porte ornée de gravures et de feuilles d'or. La rousse haussa les épaules et se détourna. Elle voulait que cela cesse le plus vite possible. Une fois dans la salle de réception, le Roi serait pris à partie par tout le monde, et elle pourrait s'éclipser loin de lui.

Et respirer.

-Ca va aller ? demanda son compagnon de soirée.

Elle n'en était pas certaine. Elle aurait largement préféré être ailleurs. Cependant elle répondit tout en attrapant son bras :

L'aube d'une nouvelle èreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant