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Après la troisième ou quatrième séance, j'étais de nouveau allongée sur mon lit et je ne bougeais plus.

Un nouveau garde était venu me donner à manger, mais il était encore pire que les autres.

- Mange.

Je n'avais rien répondu. J'étais paralysée sur mon lit à espérer ne pas vomir de nouveau.

- Je dois te surveiller, alors ne me fais pas perdre mon temps, dépêche-toi.

- Vous n'avez qu'à pas me surveiller.

- J'ai pas le choix, Miss Monde.

- C'est ça.

Il s'était approché de moi dangereusement et m'avait fixée.

- Je suis obligé de te surveiller parce que tu serais capable de tuer quelqu'un avec ton plateau, terroriste.

- Je ne suis pas une terroriste !

- Ah ouais ?

Il avait attrapé mon visage comme le médecin l'avait fait et avait fixé mes cicatrices.

- Ou peut-être que tu essaierais de te suicider, ou de te scarifier, avait-il continué en caressant mes cicatrices du bout de son doigt. Comment tu as fait ça ?

- Qu'est-ce que vous avez tous avec mes cicatrices ?

- C'est que ça te rend moins jolie, tu sais. C'est vraiment dommage.

- Lâchez-moi.

J'avais commencé à tiré ma tête vers l'arrière mais il l'avait bloquée avec sa main.

- Pas avant que tu m'aies dit comment tu as fait ça.

- Je ne dirais rien, lâchez-moi !

C'est à peine si j'arrivais à parler, alors bouger j'en étais incapable. Je n'en avais pas la force, j'étais trop faible.

- Dis-moi, petite perverse !

- Arrêtez !

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Le garde avait tourné la tête, moi je ne pouvais pas. Sa main avait toujours exercé une force sur mes joues et m'avait toujours obligée à le fixer, mais j'avais reconnu la voix de Eice.

- Elle ne veut pas me dire d'où viennent ses cicatrices.

- Et c'est une raison pour l'agresser comme ça ? Va-t'en.

- Mais elle me manque de respect !

- Je ne veux pas le savoir.

Il m'avait lâché le visage dans un excès de colère et s'en était allé. Le médecin quant à lui, s'était approché de moi et s'était accroupi pour être à ma hauteur.

J'étais couché sur le flanc droit et je le regardais à peine. Mes yeux étaient dirigés vers lui, mais j'étais tellement fatiguée que je ne voyais presque rien. J'avais l'impression que j'allais m'évanouir.

Il avait posé sa main sur mon menton et s'était mis à caresser mes cicatrices à son tour.

- Tu sais ce que tu as à faire si tu veux que ça s'arrête.

Puis il était sorti.

Dès la deuxième semaine j'avais laissé tomber mon combat, ça ne servait plus d'essayer de leur faire croire que je suis forte car ils savaient que c'était faux. En revanche, je n'avais cessé de lutter.

Je ne voulais pas leur laisser ce plaisir de me voir tomber.

Mais je m'étais laisser faire. Lorsqu'ils venaient dans ma chambre je ne prenais pas la peine de lever la tête, lorsqu'ils s'approchaient de moi je les laissais me fixer et lorsqu'ils me portaient pour m'emmener dans la salle je les laisser me toucher.

Ils pouvaient continuer leur torture je ne disais rien. Les seuls sons qui sortaient de ma bouche étaient ceux de mes cris lorsqu'ils appuyaient sur le bouton.

Je ne comprenais pas leur méthode. Le Centre et le nouveau Système étaient modernes, pourtant j'avais découvert une part sombre, un côté ancien. Ils utilisaient des moyens qui n'existaient déjà plus à l'époque de mes parents.

Mais Eice s'était vite rendu compte que ça ne servait à rien de continuer: la douleur ne me faisait rien. Il avait donc décidé de changer de manière.

Le temps qu'il trouve un autre moyen, il avait décidé de complètement me laisser tomber. Plus personne ne venait me voir, je ne sortais plus de ma chambre, je m'ennuyais à mourir et surtout je ne mangeais plus. C'était le pire de ne rien manger.

J'étais déjà mal nourri au départ, mais j'avais quand même quelque chose dans l'estomac, maintenant je n'avais plus rien.

Ma faiblesse s'était aggravée de jours en jours, à tel point que j'étais incapable de parler, ne serait-ce que pour leur dire que je voulais que tout s'arrête.

Puis Eice était revenu me voir.

- Bonjour Aria. Ça fait longtemps.

Je n'avais pas bougé. J'étais allongée sur mon lit, la tête vers le sol comme à mon habitude.

- Tu as faim, peut-être ?

Il s'était approché de moi un morceau de pain à la main.

- Je te le donne si tu me suis. Nous pouvons te porter si tu veux.

Il avait attendu quelque secondes puis avait claqué des doigts. Un garde s'était approché à son tour et m'avait portée.

Ils m'avaient dirigée de nouveau dans la salle et je m'étais attendu à subir de nouveau ce que j'avais subi ces dernières semaines, mais j'avais tort.

Eice s'était retourné vers moi et avait appliqué un produit sur mon bras à l'aide d'un coton. Il avait ensuite pris une seringue et me l'avait plantée dans la veine.

J'avais senti un liquide froid se répandre dans mon corps et la sensation était très désagréable. Je m'étais tordue dans tous les sens et deux gardes avaient posé leurs mains sur moi pour me maintenir.

- Je suis désolé, mais je suis obligé de t'injecter ce produit pour que ça fonctionne.

Je n'avais pas compris de quoi il parlait de toute façon je ne pouvais rien dire.

Il avait ensuite posé deux carrés en plastique sur mes tempes et j'avais d'abord pensé aux électrodes. Mais je m'étais trompée.

Il avait accroché des pinces sur ces carrés en mousse et avait appuyé sur un boîtier. C'est là que j'ai compris ce qu'il avait en tête.

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