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Quand j'étais petite, je rêvais de devenir adulte. J'avais hâte d'avoir mon métier, ma famille, de pouvoir m'occuper d'elle comme mes parents s'occupaient de moi. Je rêvais d'emmener mes enfants chez mes parents et faire un long et divin repas de famille. D'ailleurs, j'ai toujours rêvé d'avoir plein d'enfants, j'en voulais au moins cinq et je savais que je serai capable de les élever.

Puis j'ai eu Chiara.

Lorsque j'ai appris pour ma grossesse, je n'avais pas étais aussi heureuse et ravie d'apprendre la nouvelle comme je pensais que je serais étant petite. J'étais obligée de l'aimer, obligée de m'en occuper et de l'assumer. Au tout début ça avait été une vraie épreuve pour moi, je ne l'a voulais pas, Chiara n'était pas désirée.

Cet enfant n'était pas le fruit de notre amour. J'aimais Marc, j'aimais Chiara aussi, mais je ne l'avais pas eu parce que nous le voulions mais parce que nous étions obligés. Chiara n'était pas l'enfant d'un viol, mais elle n'était pas l'enfant d'un amour familiale non plus. Je n'ai jamais dit et je ne dirai jamais à Chiara qu'elle n'était pas vraiment désirée car ce n'est plus le cas.

Quand j'ai accouché, Chiara était une épreuve de plus dans ma vie. Non seulement j'avais un travail, mais en plus je luttais chaque jour pour faire croire que j'étais du côté du Centre. A cet époque, Marc et moi étions encore des gamins et on réfléchissait ensemble à comment on pourrait détruire la société. Pas que nous étions prêts à le faire, mais nous en rêvions. Et savoir qu'une enfant aller naître c'était montrer que Supra nous dominait. Mais surtout, cela signifiait que Chiara devrait faire face à tous ce que nous faisions avec Marc et je ne pouvais pas me permettre de la laisser faire partie de tout ça. C'est en partie pour ça que Marc et moi avions non seulement décidé de grandir et de mûrir mais surtout de nous imposer et montrer à Supra qu'il n'avait plus ce total pouvoir envers nous.

Quand j'ai accouché, je me suis à peine occupé de Chiara. Elle restait toujours avec sa nourrice Emi, et le peu de temps qu'elle passait avec nous c'était Marc qui la gérée. Je restais très souvent allongée dans mon lit, et quand je pouvais j'allais travailler. Puis j'ai eu un déclic. C'était ma fille, je devais m'en occuper. Elle avait besoin de sa mère tout comme son père et de temps en temps aller avec sa nourrice. Alors j'ai repris ma vie en main et j'ai commencé à m'occuper vraiment d'elle.

Je ne m'appelais plus Ariana mais Aria, je n'avais plus dix-huit mais presque vingt, je ne passais plus mes journées à jouer mais à travailler et je m'occupais de ma fille. J'étais jeune et je voulais vivre ma jeunesse comme mes parents l'avaient fait, malheureusement ce n'était pas dans mes options. Alors j'en ai choisi une autre, celle de prendre ma vie en main.

Les jours ont passé et mon envie d'avoir d'autres enfants était revenue. Pas tout de suite, mais je voulais en avoir d'autres. Mais Supra en a décidé autrement.

Environ un mois après mon accouchement, j'avais rendez-vous pour une visite médicale. Les médecins m'en avaient parlé pendant ma grossesse. Pendant cette visite, on me demandait comment j'allais, comment se passait ma nouvelle vie avec ma fille, comment je prenais toute cette nouvelle vie et j'en passe. On me faisait également des examens et des tests pour s'assurer que mon corps allait bien. Mais je m'étais vite rendue compte qu'il n'y avait pas que ça.

Après tous les examens, j'avais commencé à me rhabiller quand Medi, un collègue à moi et médecin, m'avait demandé de m'asseoir sur le fauteuil.

- Il y a encore des examens ? Avais-je demandé.

- Pas tout à fait.

Il s'était mis dos à moi et était en train de trafiquer quelque chose. Je m'étais décalée et j'avais vu une seringue dans sa main.

- Qu'est-ce que c'est ?

Il s'était approché de moi, un coton à la main et il avait commencé à relever ma manche.

- Je dois t'injecter un produit.

Il était gêné, je le sentais.

- Quel produit ? Medi, dis-moi.

- Je dois te stériliser. Avait-il avoué après une seconde de silence.

Je m'étais levée en vitesse et je m'étais écartée de lui.

- Pardon ?!

- Aria s'il te plait.

- C'est hors de question !

- C'est pas moi qui décide. Laisse-moi faire mon travail s'il te plait.

- Fais semblant.

- Comment ça ?

- Je sors tranquillement et si on me demande je dis que tu m'as stérilisée.

- C'est pas possible.

- S'il te plait Medi.

- Pourquoi tu ne veux pas ?

- Parce que je veux d'autres enfants !

- C'est pas possible non plus.

- Et s'il arrive quelque chose à Chiara ? Je serais banni de cette société parce que je n'ai pas d'enfant ? Je serais tuée ? Et puis je pourrais ne plus jamais en avoir ?

- Alors si ta fille meurt tout ce à quoi tu penses c'est à faire un autre enfant pour la remplacer ?

Je lui avais lancé un regard noir.

- Non ! Mais mon corps m'appartient ! Supra ne peut pas se permettre de faire ce qu'il veut avec mon corps ! Medi, fais semblant, s'il te plait.

- Que tu sois stérilisée ou non, qu'est-ce que ça change ? Dans tous les cas tu ne pourras pas avoir d'autres enfants.

- Non mais au fond de moi j'aurais cette liberté, ce choix. Et j'aurais la sensation de pouvoir avoir un autre enfant.

- Je peux pas c'est pas possible.

- Pourquoi ?! Personne ne te dénoncera ! Ça restera entre toi et moi.

- Aria. Quand tu es stérilisée ça se voit sur ton corps.

- Comment ça ?

- Une tâche va apparaître sur ta main. C'est ce qui permet à Supra de voir que tu es stérilisée.

Je n'avais rien répondu. Mon regard s'était baissé vers mes pieds et j'avais réfléchi. Je ne pouvais pas prendre le risque que Medi perde son travail et son honneur par pur égoïsme.

Alors j'avais obéi. Je m'étais installée sur son fauteuil et je l'avais laissé m'injecter ce produit qui était légèrement douloureux. Il n'avait fallu qu'une minute pour qu'en effet une tâche qui ressemblait fortement à une tâche de sang, apparaisse sur ma main.

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