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Mes paupières s'étaient ouvertes et doucement j'avais repris conscience.

J'étais allongée, toujours sur le matelas et Eice m'observait.

- Tout est fini.

Je me souvenais de ma vie au Centre, je me souvenais de ce qu'ils m'avaient fait, je me souvenais que c'était parce que je voulais oublier des souvenirs, mais j'étais incapable de me souvenir de ce que je voulais oublier.

D'un côté j'étais perturbée, presque angoissée de ne plus me souvenir, mais de l'autre je savais que c'était pour une bonne raison alors je m'étais calmée.

- Comment tu te sens ?

- Bien.

- De quoi te souviens-tu ?

- De ma vie au Centre et de pourquoi on a fait ça.

- Tu te souviens de ce que tu as vu ?

- Je me souviens du test que vous m'avez fait mais je ne me souviens pas de son contenu.

- Bien, bonne nouvelle alors.

Je n'avais pas oublié que je le détestais pour autant. Ne se souvenir de rien à propos de ma vie d'avant, faisait que j'avais du mal à détester le système de m'avoir retiré tout ça, même si je savais que ça ne devrait pas être normal.

Mais je me souvenais de ce que j'avais subi ces dernières semaines et c'est pour ça que je le détestais. Il m'avait torturée, lui et ses petits chiens de garde, et les marques que j'avais sur mon corps le prouvaient.

- Canem, conduit Aria dans sa chambre.

Le garde s'était approché de moi et m'avait fait comprendre de le suivre.

Je l'avais suivi jusqu'à ma chambre où je m'étais écroulée sur mon lit. J'étais fatiguée par tout ça et pouvoir me reposer me faisait le plus grand bien.

Je m'étais réveillée peu après par le bruit de ma porte qui s'ouvrait.

Eice se trouvait face à moi, un plateau à la main.

- Tu dois avoir faim.

Je m'étais levée doucement et je l'avais fixé. Il n'y avait presque rien sur son plateau, juste un verre d'eau et un petit gâteau.

- Je sais que tu rêverais de manger une assiette entière mais ton estomac est resté vide longtemps, il doit se réhabitué avant de pouvoir manger de nouveau correctement.

J'avais lâché un soupir mais j'avais accepté. J'avais pris le plateau et j'avais mangé le gâteau le plus doucement possible tout en buvant mon eau.

Bien que je n'étais pas rassasiée complètement, j'avoue avoir été quand même heureuse de pouvoir manger quelque chose.

- Comment tu te sens maintenant ?

- J'ai toujours faim.

- Je sais.

Sa voix était douce. Je n'avais plus le même homme face à moi. Il n'était plus l'homme méchant et imposant qui m'avait faite souffrir, mais un homme bienveillant et chaleureux. Je ne comprenais pas ce changement d'humeur et de comportement, peut-être parce que je n'étais plus la même non plus.

Il était ensuite partie pour me laisser dormir un peu plus.

Quelques heures plus tard - le lendemain je crois -, je m'étais retrouvée dans le bureau de Eice sur sa demande pour que l'on discute.

- Je suis désolé pour tout ce qu'on t'a fait subir, mais tu devenais dangereuse pour notre société.

Mensonge. Je n'étais pas dangereuse et il était encore moins désolé.

- Mais tu es de notre côté maintenant, n'est-ce pas ?

J'avais doucement hoché la tête. A chacun ses mensonges.

- Bien.

- Dites-moi ce que vous voulez maintenant.

- Bien-sûr. Tu ne veux pas tourner autour du pot.

- Exact.

Il avait souri puis avait commencé à m'expliquer.

- Nous avons un travail à te proposer.

- Quel genre de travail ?

- Toi et moi on connaît le niveau de ton intelligence, n'est-ce pas ?

- Sûrement.

- Et je trouve ça vraiment dommage de ne pas l'exploiter. Nous voudrions que tu mettes ton intelligence au profit de nos recherches.

- Ça consisterait à quoi ?

- A chercher de nouveaux moyens, des moyens plus modernes pour rendre cette société la plus parfaite possible.

J'avais réfléchi pendant un instant.

- Qu'est-ce que j'y gagne ?

- Voyons Aria, tu penses vraiment avoir l'avantage ?

- Je ne veux pas accepter et subir ce que je subis aujourd'hui. Quitte à souffrir, autant le faire en résistant.

Il avait émis un léger rire.

- Je vois. Ça n'empêche que tu as en effet des choses à gagner.

- Dites-moi.

- En acceptant ce travail tu auras une protection supérieure, une prime monétaire et un post plus haut placé dans la société.

- Je deviendrais le même petit mouton que vous, donc.

Cette fois, un rire franc était sorti de sa bouche.

- Si ça peut te rassurer, pas encore. Tu es le juste milieu entre les autres et nous. Mais si tu grandis dans notre milieu et dans ton travail, alors oui, tu deviendras peut-être comme nous.

- Où est-ce que j'habiterais ?

- Pour l'instant tu restes dans le Centre, tu ne travailleras que deux jours par semaine. Si le post te convient, alors une maison te seras attribuée dans la ville et tu travailleras toute la semaine, excepté le samedi et le dimanche.

Je devais accepter. Je savais que si je ne le faisais pas, ils me traiteraient encore comme une terroriste et je vivrais cet enfer toute ma vie. Seulement, travailler pour eux ne me plaisait pas du tout.

- Et Marc dans tout ça ?

- Nous allons lui proposer un post également. Nous ne l'avons pas mis avec toi pour rien. Il aura les mêmes conditions que les tiennes. Mais sache que si jamais tu décides de faire n'importe quoi, nous n'hésiterons pas à lui faire du mal.

- Je m'en fous.

Il avait paru surpris de ma réponse.

- Ce n'est pas ce que tu disais il y a quelques jours.

- Je sais, mais j'ai réfléchi depuis. Vous pouvez lui faire ce que vous voulez, je m'en moque.

- Pourquoi ce changement radical ?

- J'ai repensé à ce que j'ai vécu ces dernières semaines. Nous avons tout fait ensemble et je suis la seule à en payer les conséquences. Il m'a fait du mal avant que je n'arrive ici, en plus de ça il me laisse subir ça toute seule. J'ai extrêmement souffert physiquement et mentalement et lui dans tout ça ? Il mangeait et dormait correctement et il s'amusait tranquillement avec nos amis. A-t-il essayé ne serait-ce qu'une fois de me chercher ? De me sauver ? On connaît tous les deux la réponse.

Je ne savais pas ce que j'avais dit ou ce qu'il lui avait plu dans ma réponse, mais il avait paru satisfait. Il m'avait souri, un vrai sourire franc comme je n'en avais jamais vu sur son visage.

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