Troublemaker ( M/M - Boy's Love) - Edité chez MxM Bookmark

Chapitre 10

Le jour de l'examen arriva plus vite que je ne l'aurais cru. Je me réveillai de bonne heure ce jour-là, pour une raison bien particulière. Vers sept heures je quittai le domicile et pris le tramway en direction du cimetière d'Altay Island. J'avais besoin de lui parler avant mes examens, besoin d'être aussi prêt de lui que possible.

J'achetai un bouquet de fleurs sur le passage et entrai dans la grande allée vide en raison de l'heure. Je marchai à l'air frais du matin et me remémorai la première fois où j'avais foulé ce sol aux côtés de Kain. Cela faisait déjà trois semaines qu'il n'était plus là. Trois semaines que ma vie avait changé et que je souffrais de son absence.

Tout en déposant la gerbe, je caressai le marbre de la pierre tombale comme s'il s'agissait de sa peau et je m'assis sur le sol.

— C'est le grand jour Leeroy, commençai-je. J'ai un petit peu peur des sujets qui vont tomber, mais j'ai beaucoup révisé pour obtenir la note maximale. Ma place à l'université n'est pas en jeu, je sais, mais tu m'avais mis au défi d'être valedictorian*. Je t'avoue que j'ai peur que Sanka le soit vu sa capacité à assimiler les informations, mais je pense qu'il a d'autres choses en tête actuellement.

J'arrachai quelques herbes machinalement durant mon discours et soupirai face au silence absolu du lieu.

— J'ai aussi rompu avec Ash lors du bal de promo. Tu aurais dû voir ça, une catastrophe ! Mais ne sois pas fâché contre lui, il n'y est pour rien. Nous ne sommes tout simplement pas faits pour être ensemble. Je l'aime encore, mais je ne souffre pas, rassure-toi. Enfin, tu te doutes bien que si, j'ai mal, mais ton absence est bien plus douloureuse. La maison est vide sans toi et je n'arrive plus à regarder le Saturday Night Live. Je dois t'avouer que je n'ai jamais aimé Jimmy Fallon, mais j'adorais te regarder rire aux éclats. Ta voix me manque, tu sais. Plus personne ne m'appelle pour manger. Je dois moi-même préparer le repas. Tu n'es plus là pour chiper le dernier pancake le matin, alors que j'en fais toujours un de plus, dans l'espoir que tu viennes le chercher.

Le vent se mit à souffler soudainement et je repositionnai mon écharpe pour me protéger. Il faisait encore frais pour un mois de mai.

— Je ne comprends toujours pas ton testament et la présence de Keith à la maison, mais je sais que je finirai bien par le découvrir. Je pourrais te parler de lui, mais si je commence, je ne saurais pas quand m'arrêter tellement il a matière à dire. Il était désagréable et rude au début, mais avec le temps il devient plus bavard et nous nous entendons finalement sur beaucoup de sujets. Je l'apprécie beaucoup et j'aimerais découvrir son secret, car j'ai le sentiment que même libre, il continue de traîner un boulet. Il porte des chaînes que je voudrais briser pour qu'il soit heureux. C'est naïf et bête, n'est-ce pas ? Seulement je sais qu'il n'est pas aussi méchant qu'il le laisse paraître et j'ai toujours du mal à le voir comme un meurtrier. Tu n'aurais jamais fait confiance à quelqu'un de dangereux, je le sais. Et tu ne lui aurais pas légué une partie de notre maison. Je n'ai jamais été un grand fan des enquêtes, mais je terminerai celle-ci sois en certain.

Je me redressai, les jambes engourdies et rehaussai mon sac bandoulière.

— Il faut que j'y aille, j'ai un titre à décrocher. Je t'aime, Leeroy.

Après avoir touché une dernière fois le marbre, je quittai les lieux, le cœur lourd et l'esprit léger, paré pour réussir mes examens. Je remontai dans le tramway en direction de Triel et consultais les réseaux sociaux via mon téléphone pour lire les réactions de mes camarades. Certains jouaient la carte du stress intense et d'autres, celle du détachement total afin de camoufler leur nervosité. Je ne comprenais jamais pourquoi une poignée d'entre eux tentait de dissimuler leur peur. C'était un sentiment logique et il n'y avait aucune honte à l'éprouver durant cette période. À croire qu'ils aimaient jouer les gros durs inflexibles.