Chapitre 15

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Un bruit provenant de l'entrée me réveilla plusieurs heures plus tard. Tout en me redressant, je cherchai mon portable pour vérifier l'heure et remarquai qu'il était déjà deux heures et demie du matin. L'écran affichait un message de Kain en attente : celui-ci m'avertissait de la libération de Keith. J'eus à peine le temps de refermer le téléphone pour me lever, que la chambre fut éclairée. Ébloui, je me protégeai le visage et avançai fébrilement en direction de l'objet de toutes mes inquiétudes. Maintenant qu'il était libre, je me sentais ridicule de m'être autant affolé quelques heures auparavant.

— Je t'ai réveillé ?

— Quelle importance, articulai-je en l'enlaçant.

J'appuyai ma tête contre son torse pour soulager mes craintes passées, et lui faire comprendre qu'il m'avait tout simplement manqué.

— Qu'est-ce que tu as ?

— D'après toi ? murmurai-je en relevant mon visage pour le regarder. J'ai eu si peur...

— J'y suis resté presque quatre ans, y retourner ne m'aurait pas tué.

— Mais moi oui ! bredouillai-je. Pourquoi est-ce que tu négliges à ce point-là ta liberté ? Je me suis senti tellement coupable lorsqu'ils t'ont emmené, tout ça parce que je ne sais pas me débrouiller seul !

— J'ai agi en sachant ce que je risquais, t'as rien à te reprocher. Et puis, c'est bon, ils m'ont libéré.

— Mais ça aurait pu...

— Mais ça ne l'a pas été, trancha-t-il. Il n'y a aucune raison de t'en faire, dit-il en me saisissant par la nuque.

— T-tu savais que c'était sur une zone qui t'était interdite ?

— À ton avis ? sourit-il.

Ses doigts touchèrent ma peau tiède encore engourdie par le sommeil puis me caressèrent pour m'apaiser.

— Keith, ce que j'essaie de te dire, c'est que, hormis ma culpabilité, j'ai vraiment eu peur que tu retournes derrière les barreaux parce que ne plus te voir... Ne plus te voir serait vraiment douloureux.

J'avais tempéré mes propos afin de ne pas le mettre mal à l'aise vis-à-vis de mes sentiments. Seulement, je ne parvenais plus à les contenir davantage, ils débordaient. Je souhaitais lui faire comprendre que sa présence auprès de moi était une réelle nécessité. Mais je craignais que cela ne soit pas réciproque. Keith gardait encore trop de choses pour lui.

Il me regardait, ses yeux tentant de lire en moi comme s'il cherchait à vérifier l'authenticité de mon émoi. Son silence m'inquiétait. Je voulais qu'il réponde à mes aveux d'une manière ou d'une autre ; qu'il réagisse à mes émotions.

— Keith..., murmurai-je en caressant ses lèvres, cet endroit qui m'était toujours proscrit.

Il ne recula pas, mais saisit délicatement mon poignet en guise d'avertissement. J'avais maintes fois tenté, et le résultat s'était invariablement avéré le même : un refus poli, mais profondément blessant. J'en venais à me dire que c'était peine perdue.

Keith m'enlaça tendrement et baisa ma nuque, comme pour se faire pardonner son doux rejet. Je l'étreignis puissamment, avec cette frustration grandissante de ne pas pouvoir obtenir le fruit de mes convoitises. Je souhaitais tellement qu'il s'ouvre, qu'il se dévoile et m'accepte entièrement. Il me souleva pour m'emmener sur le lit et je tombai tout en l'entraînant avec moi, le cœur battant.

— S'il te plaît, Keith, j'ai envie d'aller plus loin avec toi.

— Evan...

— Tu couchais bien avec des types lambda en prison ! Pourquoi est-ce que tu ne veux pas de moi ? Je ne suis pas assez bien pour toi ? Pourquoi tu me rejettes comme ça ?

Troublemaker ( M/M - Boy's Love) - Edité chez MxM BookmarkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant