Chapitre 12

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Ce jour-là, j'avais des étoiles plein les yeux. Keith à mes côtés, mon diplôme quasi en poche et surtout mon titre de major de promo. C'était une ébauche du bonheur et j'espérais continuer sur ce chemin-là.

Quelque chose avait changé chez Keith, évolué. Il n'était plus l'insupportable taulard désagréable du début. En un mois il s'était métamorphosé, et ce, depuis l'ouverture du carton. Est-ce que se confier avait fini par faire tomber cette barrière entre nous ? J'en avais l'impression et désormais, j'aspirais à resserrer nos liens.

Il n'était pas le seul à changer. Je notais également des altérations dans mon comportement. J'étais certes toujours aussi sensible, mais je m'accrochais davantage aux difficultés et essayais de les vaincre. Peut-être était-ce l'influence indirecte de Keith, je ne saurais vraiment déterminer d'où provenait ce renouveau.

Je n'aurais jamais imaginé quelques semaines auparavant, me retrouver avec lui autour d'un repas à la table d'un fast-food. En sortant du métro, tous les regards s'étaient braqués sur lui et entre les messes basses, plusieurs passants avaient sorti leurs téléphones portables. Nous nous étions réfugiés dans une célèbre enseigne de burger pour manger en toute tranquillité.

Ce fut pour moi un aperçu de ce qu'il vivait chaque jour dans les transports en commun ou sur le chemin de son lieu de travail et au centre de réinsertion. Difficile de se fondre dans la masse quand votre visage avait fait la une des médias. Keith ne montrait aucune gêne apparente, mais je savais bien que cela devait peser au quotidien.

Je crois que j'aimais cet état de détachement qu'avait Keith, comme si rien ne le touchait de près ou de loin. Toujours cet air sûr de lui, invulnérable, tel un rocher solide et pourtant plein de fissures. J'étais cette vague qui avait réussi à l'éroder un peu plus, et à me glisser entre ses brèches. Il possédait une sensibilité bien à lui et mon plaisir était devenu de connaître le sien. Lorsque je parvenais à mes fins, j'entrevoyais une de ses manies naturelles reprendre le dessus. Il se frottait nerveusement deux fois le nez avec son index et je savais que c'était pour dissimuler la naissance d'un sourire.

J'observai Keith manger ses burgers avec appétit et me questionnai sur ce qui nous attendrait dans quelque temps. Moi à l'université, lui purgeant sa peine un an et demi... Je ne quittais pas Triel pour mes études et pensais qu'elles seraient plus agréables avec Keith à mes côtés. Je me voyais rentrer chaque jour et échanger sur notre quotidien avant de partager un repas et une série. De temps à autre il y aurait des sorties comme aujourd'hui. Des occupations simples, mais qui feraient mon bonheur et j'espère le sien.

Mes yeux fixèrent ses mains tenant un burger. Je les trouvais toujours aussi sublimes, grandes, larges, protectrices et sans doute câlines.

Lorsque je les regardais, je ne pouvais m'empêcher de les imaginer sur mon corps, me touchant, me caressant, me serrant fort. Par moment, j'avais honte de mes pensées déplacées et obscènes à son sujet, comme pour la fois où je l'avais épié. Mais plus le temps passait et plus mon désir pour lui s'accentuait. Il nourrissait mes fantasmes et mes rêves mais je ne pourrais jamais lui avouer.

— J'adore tes mains, finis-je par avouer.

— Ah bon ?

— Oui. Et puis tes tatouages leurs donnent beaucoup de cachet. Je les trouve superbes.

— Merci, dit-il en engloutissant son plat.

— Tu les as faits faire en prison, j'imagine ? Sur les photos tu n'en portais pas.

Il froissa l'emballage papier vide et bu longuement avant de me répondre.

— C'est un peu cliché, mais oui. Comme je t'ai dit, on a beaucoup trop de temps libre là-bas. Il y avait plusieurs ateliers différents et un intervenant extérieur venait pour tatouer et apprendre à ceux qui le souhaitaient.

Troublemaker ( M/M - Boy's Love) - Edité chez MxM BookmarkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant