Troublemaker ( M/M - Boy's Love) - Edité chez MxM Bookmark

Chapitre 17

Je passai ma semaine la tête dans les cartons, aidé par Kain et Flynn qui venait de signer un appartement à quelques rues du mien. Son université se trouvait plus au sud, mais le quartier était réputé pour être animé le soir grâce aux étudiants y résidant. C'était un critère de choix pour Flynn, alors que j'avais opté pour cet emplacement par pur confort de proximité avec la fac.

J'emportai avec moi beaucoup de matériel pour les cours, des manuels, mon ordinateur, la console de jeu, ma télévision et quelques affaires fétiches. Je profitai de ce déménagement pour faire des emplettes et refaire ma garde-robe ainsi que le nécessaire en produits ménagers et vaisselle.

En fin de semaine, je rendis visite à Madame Costa, qui constata mon changement positif. J'allais mieux, j'étais plus combatif et surtout, je pouvais penser à Leeroy sans m'effondrer. Cela faisait désormais trois mois et même s'il me manquait terriblement – ce que je ressentirais toujours – affronter le quotidien seul n'était plus si difficile. J'avais pris mes repères, rééquilibré et reconstruit ma vie de tous les jours. Je m'en sortais.

Ma situation sentimentale me convenait plus ou moins également. Si je n'avais pas vu Keith depuis ma visite à Green Garden, nous nous échangions des messages tous les jours et il ne me rejetait plus. Il avait accepté mes sentiments sans y répondre, mais c'était une sensation agréable. Nous discutions ensemble et sans gêne comme un couple, sans l'être à cause de la distance, mais c'était tout comme. Du moins, de mon côté. Keith le vivait peut-être autrement.

Une semaine avant la rentrée, j'emménageais dans mon appartement avec mes dernières affaires. Il s'agissait en réalité du bonsaï que m'avait offert Keith, que je refusais de laisser seul. Il trouva une jolie place au soleil devant la fenêtre donnant sur la rue piétonne. J'étais fier de ce présent qui, comme moi, grandissait avec le temps. J'observais sur la plante des bourgeons et j'avais hâte de les montrer à Keith. Il devait d'ailleurs passer à l'appartement ce soir, raison pour laquelle je ne tenais plus en place. J'avais fait le ménage au moins dix fois, parfumé toutes les pièces alors que Keith ruinerait tout en fumant à l'intérieur – malgré le petit balcon disponible – et fait le plein de courses. Je savais que la première chose qu'il ferait en rentrant chez moi serait de fouiller les placards et le frigo.

Voilà presque deux semaines que je ne l'avais pas vu, pas touché, et je dois avouer que mon corps me le faisait payer. J'étais tendu comme un arc, sans doute plus irascible qu'à l'accoutumé et surtout terriblement frustré. Ses doigts jouant avec mes cheveux, ses lèvres parcourant ma peau, ses grandes mains me caressant et sa voix suave, tout cela me manquait atrocement.

À dix-huit heures trente, l'interphone sonna et je me ruais dessus pour ouvrir, excité comme jamais. Je devais me contrôler au risque de le faire définitivement fuir, et au fond de moi, je me demandais si je lui avais également manqué.

Mon cœur battit de plus belle quand je l'aperçus sur le seuil de la porte. Keith portait un jean noir près du corps ainsi qu'un pull de la même couleur, moulant et laissant entrevoir une bonne partie de ses clavicules. Ce que je trouvais extrêmement séduisant.

— Salut, dis-je.

— Salut, me répondit-il en me frôlant affectueusement la joue.

J'avais pris l'habitude de ne pas recevoir de baisers ou de bises de sa part, mais cela n'en demeurait pas moins frustrant. Ça sonnait toujours comme un rejet, une barrière qu'il instaurait volontairement entre nous, et j'en souffrais.

— C'est grand, dit-il en regardant tout autour de lui en évoluant dans le salon.

En réalité, mon appartement n'était pas si vaste que ça, mais pour Keith qui vivait dans un quinze mètres-carrés et dormait dans son canapé, cela devait être un palace.