Troublemaker ( M/M - Boy's Love) - Edité chez MxM Bookmark

Chapitre 14

Les jours s'écoulaient doucement et mon affection pour Keith elle, grandissait à vue d'œil. Cela m'effrayait terriblement en réalité, de voir à quel point je m'étais attaché à lui en presque deux mois de cohabitation. Mon rythme de vie avait changé et je me calquais sur le sien, surtout depuis que nos rapports intimes avaient pris une tournure plus régulière.

Après avoir visionné un film ou une série, nous discutions et évacuions notre stress quotidien en nous adonnant aux plaisirs de la chair. Nos contacts étaient de plus en plus passionnés et enflammés, mais nous ne pratiquions pas la pénétration. J'avais clairement exposé mon désir d'être pris, mais il m'avait répondu qu'il ne voulait pas de ce genre de chose avec moi. Vexé, j'avais quitté sa chambre et l'avait fui durant deux jours, jusqu'à ce que mon corps ne le réclame à nouveau. Je n'avais pas demandé plus d'explications et me contentais de cette situation douce-amère, même si au fond de moi, son rejet me blessait affreusement.

Je dormais avec lui, mangeais avec lui et il nous arrivait également de prendre notre douche ensemble. Je vivais avec Keith. Nous étions comme un couple non officiel, même si je doutais qu'il voie les choses ainsi. Il faisait partie de mon quotidien et moi du sien, tels deux éléments complémentaires. Lui la fougue et moi la douceur.

J'occupais mes vacances entre repos, sorties avec des amis et les allées retour pour l'inscription à la faculté, désormais complétée. Aussi étrange que cela pouvait paraître, je ne voulais changer mon rythme de vie avec Keith pour rien au monde. J'aimais le voir rentrer à dix-huit heures trente, des fois un peu plus tôt, passer le pas de porte en soupirant, retirer ses chaussures avec négligence en bougonnant et en les abandonnant dans l'entrée, se diriger vers la cuisine pour boire une bière d'une traite et me dévisager avec son air faussement ennuyé pour me retracer sa journée.

Je pouvais l'écouter durant des heures me raconter à quel point Brent était un salaud pour l'avoir laissé porter cent kilos de terreau à lui tout seul. Comment il avait eu envie de gifler un garnement qui avait sauvagement arraché les feuilles d'un ficus et glissé ses doigts dans une plante carnivore pour voir si elle mordait. Keith était passé en l'espace de deux mois, d'un taulard renfermé et bourru à un jeune homme s'ouvrant au monde extérieur. J'étais fier de ses progrès, heureux qu'il trouve du plaisir dans un métier qu'il pensait détester.

Aujourd'hui, j'avais passé la journée avec Flynn, sa cousine Carry de passage à Triel et son petit ami — de passage certainement aussi — Alvaro. Nous avions visité le centre-ville, mangé une glace sous le soleil tapant et finîmes par nous abriter dans un bowling. Terriblement mauvais à ce type de jeu, j'observai une compétition secrète entre Flynn et Alvaro, tout en regardant Carry qui savourait leur affrontement. J'avais souvent remarqué ce genre de comportement, masculin et féminin, lorsqu'une personne de leur orientation sexuelle faisait office de « trophée », comme s'ils attendaient ses faveurs.

Inutile de jouer les hypocrites, il m'était arrivé de le faire également de nombreuses fois, afin d'attirer l'attention d'Ash ou recevoir un compliment de la part de Leeroy. Nous aimons tous plaire, c'était un fait.

Vers seize heures trente, nous quittâmes le bowling pour un café où était confectionné le cheese-cake le plus réputé de l'ouest de Triel. Carry et moi passâmes une bonne dizaine de minutes à nous décider sur notre menu puis finîmes par prendre la formule du jour et leur cheese-cake spécial qui faisait déplacer des foules.

— Plus qu'un mois et demi de vacances, se plaignit Flynn en dégustant une glace.

— J'ai hâte de commencer les cours, m'exclamai-je.

— Quel intello ! siffla Alvaro.

— Tu parles à un major de promo, lui signala Flynn.

— Vous vous fatiguez pour rien avec vos études. Il y a tellement de choses à découvrir dans ce monde, il faut apprendre à lever la tête de vos bouquins.