Un chevreuil? Vraiment?
«—Nous nous excusons pour la gène occasionnée. Un agent passera dans vos rangs pour les personnes ayant une correspondance. »
Je souffle d'énervement, cela fait deux fois en quatre jours. Mon train est bloqué sur la voie, juste avant d'arriver en gare. L'ironie de la situation est que de là on où est, je vois mon lycée. Mais évidemment on a pas le droit de sortir en dehors des quais, ce qui est compréhensible. Mais ça fout la haine!
Je dévérouille mon portable, ça fait déjà quinze minutes qu'on est arrêté. Forcément, c'est un jour où je commence par étude, ça ne serait pas drôle sinon.
Quelle journée fantastique, raillais-je. Mon regard divague sur les autres passagers, en majorité des adultes. Eux aussi soufflent, leur boulot ne va pas se faire tout seul après tout. S'ils arrivent en retard, ils finissent plus tard, c'est pas comme nous, étudiants. Il y a d'ailleurs quelques autres jeunes, des lycéens comme moi. J'en connais certains, mais n'ai aucune envie d'aller faire la causette, ma musique me suffit.
Mon pied se balance en rythme sur le nouveau morceau du moment, pendant que mes yeux continuent de scruter.
Je fronce les sourcils, voyons Noa, arrête ça.
Tu sais très bien qu'elle ne prend pas le train le matin.
Ma tête tombe lourdement sur mon fauteuil et mes yeux se ferment. Malgré tout, je ne tombe pas de sommeil, mes pensées étant obnubilées par quelqu'un.
Une secousse me redresse, le train est de nouveau en marche. Doucement mais sûrement, on arrive à la gare et je me prépare à sortir aux côtés de tous ces autres passagers pressés.
Les portes s'ouvrent et je m'élance rapidement pour rejoindre les escaliers extérieurs et regagner la surface.
Le trajet est assez court jusqu'à mon lycée, et puis surtout, je marche vite. Presque arrivée, je vois un bus s'arrêter à l'arrêt prévu. Victoire! J'apperçois mon amie, c'est assez rare que l'on se croise ici pourtant.
«—Ève!, criais-je. »
Je la vois se retourner et me sourire grandement. Sa main me fait de grands gestes pour me saluer en retour.
Ève c'est l'une de mes amies les plus importantes à mes yeux. Elle s'appelle Évangéline, mais préfère son surnom. Ça m'arrange bien, c'est trop long à dire. Nous étions dans la même classe l'année précédente mais à cause d'un quiproquo, chacune pensait que l'autre ne l'aimait pas. Aujourd'hui cela nous fait bien rire, quand nous voyons à quel point nous sommes devenues proches depuis la rentrée.
Cela fait donc bientôt deux mois que nous sommes véritablement amies, et même si nous ne sommes pas dans la même classe, on passe énormement de temps ensemble. Je pense sincèrement qu'Ève deviendra une amie de longue date.
«—Noa! Comment tu vas?, me demande t-elle pendant que l'on se fait la bise.
—Super et toi?, lui souriais-je en passant un bras sur son épaule. Prête pour votre exposé en anglais? J'penserais fort à vous! »
Elle me sourit et me confie qu'elle stresse quand même un peu. Heureusement elle a confiance en son partenaire qui aurait apparement un très bon niveau d'anglais.
Nous rentrons toutes les deux dans le lycée et je l'accompagne directement à son casier. Dans le couloir je retiens ma respiration, comme toujours lorsque j'y passe. Je cherche sa classe, sa salle est ici. Alors lorsqu'ils ne sont pas en TP, ils ont cours ici.
Heureusement pour mes nerfs, personne à l'horizon.
«—Tu m'écoutes plus là hein?, fit semblant d'être vexée Ève.
—Euh si si! Tu parlais de la discussion que tu as eu avec ton père!
—T'inquiète c'est pas grave, je t'en veux pas... Elle a cours où ce matin?, demande t-elle innocemment.
—Je ne sais pas, mais cet aprem' ils sont dans les labos. Donc j'la verrais pas.»
Je réponds distraitement en regardant encore et toujours le couloir. Lorsque je la regarde de nouveau, je vois son air mesquin collé à son visage. Merde elle m'a eu. Plus ça va et plus elle va me prendre pour une folle.
«—Faut vraiment que t'ailles lui parler Noa, ça devient grave., soupire t-elle.
—Je sais... Un jour peut-être! »
Elle rit doucement. Elle me dit toujours la même chose, et je répond toujours la même rengaine.
Nous rejoignons la coure et saluons quelques connaissances. Me prenant par surprise, deux mains s'enroulent autour de mon cou et une truffe froide vient se loger dans ma nuque.
«—Ah! Rosy bouge, c'est froid! Ton nez est glacé! »
Elle rigole mais ne bouge pas durant quelques secondes avant de s'éloigner et de me déposer un baiser sur la joue.
«—Bonjour Rosy sinon tu vas comment? Moi ça va super en tout cas. C'est comme ça que démarre une conversation Rosy!, grognais-je.»
Pour toute réponse, elle se rapproche de ma joue une nouvelle fois mais au lieu d'y déposer un autre baiser, elle en profite pour passer horripilement sa langue sur ma peau.
«—Berk, putain Rosy t'es chiante!
—Moi aussi je t'aime Noa!, fit-elle dans un sourire soit disant innocent. »
Rosy, c'est la troisième personne de notre groupe si je puis dire. Je la connaissais déjà l'année dernière mais nous n'avions jamais eu l'occasion de réellement sympathiser. Mais grâce au ciel, elle et Ève sont tombées dans la même classe et sont rapidement devenues amies.
Rosy, c'est sincèrement l'être le plus gentil que je connaisse. Elle a toujours été là pour moi jusqu'à maintenant, même quand on ne se connaissait pas trop. Malheureusement, elle souffre d'un manque cruelle de confiance en soit. Je la trouve pourtant si magnifique, elle est littéralement rayonnante. Mais elle ne voit que ses défaults qui pourtant sont sublimes. Sans ces détails qui à ses yeux sont affreux, pour moi ce n'est plus Rosy. Elle est magnifique comme elle est, c'est ce que nous nous efforçons de lui dire avec Ève.
«—Quoi de neuf vous deux sinon depuis hier?, questionne Rosy.
—Pas grand chose., répondit Ève. Mais je stresse pour tout à l'heure.
—M'en parle pas, j'ai une équipe pourrie. J'étais encore une fois la seule à travailler. Et évidemment, ils vont recevoir une bonne note grâce à moi. »
Trop gentille, c'est ce que je disais. La cloche sonne, coupant court à notre discussion. Nous nous souhaitons bon courage avant d'aller retrouver chacune d'entre nous notre classe.
Oh.
J'avais oublié. Pour rejoindre ma classe qui est dans les préfabriqués, je dois passer dans ce couloir. Devant sa classe. Encore une fois.Je souffle un coup, les mains dans les poches de ma veste longue, je m'élance à travers la foule d'élèves et traverse.
Personne. Personne? Personne.
Je suis à la fois soulagée et frustrée. C'est toujours pareil, un fouillis de sentiments se mélange dans mon ventre.En me retenant fortement de rejeter un autre regarde en arrière, je traverse le bâtiment pour rejoindre ma classe cachée derrière celui-ci.
•ᴄʀᴜsʜ
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ᴄʀᴜsʜ
Romance• Connaissez-vous ce sentiment indescriptible que l'on ressent envers la personne qui nous attire? Lorsque je me suis aperçue que cette fille m'obsédait, j'ai d'abord prit peur, ne voulant pas me jeter à l'eau. Mais au final, la cur...