ᴄʀᴜsʜ

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On se regarde effrayées, nos cœurs en alertes. Je descends immédiatement du plan de travail, me laissant glisser au sol.

«—On est rentrés! Ce n'est que nous! »

Je souffle, la pression s'en va. Ce ne sont que les parents de Marnie. Je sens la main de Charlie se refermer autour de mon poignet et elle m'emmène à sa suite, dans le salon retrouver les autres.

Ses doigts glissent doucement jusqu'au creux de ma main sans que je ne m'en rende vraiment compte. Au loin, j'entends la voix de notre hôte parler avec ses parents.

«—Je croyais que vous dormiriez là-bas!

—Oh écoute ma chérie, on a encore un droit de passage dans notre maison tu veux bien. On ira dormir dans la Chambre d'amis si tu veux. »

Je décroche du fil de la conversation après quelques instants. Au même moment, je sens ma main être dégagée vivement de celle de Charlie. J'aperçois à peine la chevelure de Lynn puis mon corps est emporté en arrière.

Ses mains appuient sur mes épaules pour m'accroupir et nous nous retrouvons toutes les deux derrière le canapé, cachées des yeux de tous.

«—Lynn? Mais qu'est-ce q-

—Shhhhh!, s'empresse t-elle de me dire en plaquant un doigt sur sa bouche. Il faut qu'on soit discrète, il ne faut pas qu'il nous entende! »

J'allais lui demander de qui elle pouvait bien parler lorsque la voix d'Alex s'exprime à travers le silence de la maison en se demandant où nous étions. J'ai envie de lui signaler ma position mais quelque chose me dit que ce serait une très mauvaise idée.

«—Je t'ai vu! Tout à l'heure! Avec Charlie! »

Très bien, je panique. Oui, j'avais remarqué qu'elle nous avait vu, mais je ne pensais pas qu'elle allait revenir là-dessus. Pourquoi ne peut-elle simplement pas oublier les événements passés? Comme si ce n'était qu'un mirage après tout.

«—Déjà, je suis trop contente pour toi, j'avais l'impression d'être devant une série trop cool avec des pop corns et tout, limite y avait des pétales de roses qui tombaient avec une déclaration d'amour à la f-

—Abrège s'il te plaît!, je siffle entre mes dents.

—Bien que j'encourage tout ça, pas devant Alex! »

Comment ça? Je ne comprends pas, pourquoi me dit-elle ça? Cela se saurait si Alex était homophobe tout de même. Lui qui s'est déjà prit nombre de remarques de ce style justement, je ne comprends vraiment pas pourquoi ne devrait-il pas être au courant.

«—Pourquoi?, demandais-je.

—L'autre jour on a parlé et j'ai appris qu'il a longtemps eu des sentiments pour Charlie. »

Je sens mon cœur défaillir. Vient-elle réellement de dire ça? Alex est amoureux de Charlie. Ou en tout cas l'était. Et le connaissant, je m'imagine bien que ce n'était pas qu'une amourette passagère.

Je me sens immédiatement coupable, comme fautive d'avoir faire quelque chose d'irréversible. Jamais je ne voudrais lui faire du tort. Alex est trop gentil et trop fragile pour qu'une de ses amies lui mette un coup de poignard dans le dos. Mais voilà tout, le mal est déjà fait.

«—Si ce n'est qu'un baiser, ça devrait aller, il ne le saura pas., me sourit Lynn. »

Seulement je lève des yeux fautifs vers elle et elle comprends. Ce n'est pas qu'une erreur de mon côté non plus. C'est arrivé et puis c'est tout.

«—Oh merde... Noa... Ça fait chier, euh, on va arranger ça, je vais aller lui parler, si tes sentiments sont assez fort et véritables, peut-être qu'il ne souffrira pas trop, on va s'arranger., dit-elle en posant une main réconfortante sur l'épaule. »

Mais le voilà le problème. Je sais bien qu'il ne pourra s'empêcher de souffrir, c'est un humain après tout. Je ne connais rien de cette histoire mais je sais ce que l'on ressent quand on se fait trahir par ses amis. Et jamais je ne souhaiterais ça a quiconque. Alors je n'oserais jamais m'imaginer à la place de la méchante.

C'est décidé, jamais je ne lui ferais ça. C'est inenvisageable. Charlie comprendra.

«—Lynn. Ne t'inquiète pas, ne lui dit rien, je vais juste arrêter. »

Je la vois froncer des sourcils, contrariée de ma réponse.

«—Comment ça?

—Je ne vais pas faire évoluer cette relation naissante voilà tout! Pas la peine de lui faire rejaillir de mauvais souvenirs tu vois.

—Euh, mais, tu es sûre?, elle n'a pas l'air convaincue du tout.

—Oui!, souris-je. »

Il suffit que je fasse taire mes sentiments, ce n'est pas la mère à boire.

•ᴄʀᴜsʜ