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Aujourd'hui a été une longue, très longue journée. A l'approche des examens blancs, les profs sont là, a nous faire stresser comme pas possible, tout le monde est à cran, il fait froid, c'est l'hiver, c'est la fin de la semaine.

Voilà déjà cinq jours que nous avons reprit et j'en suis à ma dernière heure de cours. Pendant que Madame mathématiques parlent aux élèves qui écoutent, Marnie et moi faisont un magnifique travail de calligraphie. Ça a des avantages d'être au fond de la classe.

La cloche va bientôt sonner alors on commence à ranger nos affaires discrètement. Et aussitôt que la mélodie retentit toute la classe s'élance vers la sortie pour enfin terminer cette longue semaine.

Je salue Marnie qui doit se dépêcher d'aller prendre son bus puis me dirige doucement vers la sortie. Je vais en profiter pour dire bonjour à Alex en passant devant sa classe.

Je descends les escaliers de ma classe puis me dépêche cette fois-ci de courir vers le bâtiment principal. L'hiver approche et le temps commence à devenir n'importe quoi. Cela fait trois jours qu'il pleut non-stop on commence tous à saturer.

«-Noaaaa! »

Tiens, ça, c'est Alex.

«-Salut Alex!, je me stoppe, et tente de paraître naturelle. Salut Charlie !»

Elle me salue en retour avec, sans grand étonnement, beaucoup plus d'entrain que les fois précèdentes avant cette fameuse soirée. Nous discutons alors jusqu'à sortir de l'enceinte du lycée, en nous arrêtant quelques instants à l'arrêt de bus pour nous abriter de la pluie.

«-Mon carrosse arrive, j'espère que vous avez un parapluie! Bon j'y go, bon week-end! »

Un blanc s'immisce entre nous deux lorsqu'il disparaît. Pour ne rien laisser paraître, je fouille dans mon sac à la recherche de mon parapluie. Va t-on devoir faire la route ensemble? D'après mon souhait de m'éloigner d'elle, ce serait une très mauvaise idée.

«-Oh! J'ai pas de parapluie, ça te dérange si je marche avec toi du coup? »

Je glapis presque. Évidemment, je ne peux pas refuser. Et de toute façon, une petite voix au fond de moi me hurle de faire ce qu'il me chante et de marcher avec elle sous la pluie. Mais bon, c'est cette même voix qui me cri aussi qu'elle a envie d'embrasser sauvagement Charlie là maintenant, tout de suite. Donc je vais éviter d'écouter cette voix intérieure, ça sera mieux pour tout le monde.

Je lui réponds donc qu'il n'y a pas de problème et que ce serait avec plaisir. Non, je ne me comprends pas moi-même, je suis contradictoire. C'est fatiguant.

Nous commençons donc à marcher, et je sens que ces exactement huit minutes de marche vont être les plus longues de mon existence. De plus, je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose qu'elle puisque je sens continuellement son corps collé au miens pour éviter la pluie. Après avoir changé de rue, elle me pose une question qui me laissa pantoise.

«-Pourquoi tu m'as embrassée? »

Mes paupières s'ouvrirent en grand. Comment? Je ne peux pas répondre. Je ne sais même pas! Pourquoi me pose t-elle ça comme ça, maintenant, ici? Respire Noa, respire.

Je dis vrai, je ne sais réellement pas quoi lui répondre. Ça s'est fait comme ça, sur le coup, sans raison. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Elle était là, j'étais là, et ça s'est passé. Sa bouche était si proche de la mienne. Je ressens encore parfaitement les sensations qui ont envahit mon corps lorsque j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Ou encore juste avant, quand seul son souffle percutait mon visage. Et aussi mon rythme cardiaque effréné de part la peur que me procurait le film. Peut-être m'étais-je simplement égarée en voulant chercher du réconfort chez Charlie? Foutaise, ce n'est qu'une excuse. J'entends parfaitement mon fort intérieur me hurler que la seule et unique raison pour laquelle je l'ai embrassée est parce que j'en avais l'irrésistible souhait.

«-J'en avais envie., grommelais-je. »

Cela me faisait mal de dire ce genre de chose à haute voix. Comme une impression de soumission, obligée de dire quelque chose que je refusais déjà d'admettre à moi-même.

Nous arrivons dans le parc juste avant la gare, des flaques s'étaient formées de part et d'autre dans le sable. Nous pressons le pas sans nous en apercevoir, pressées de se trouver au sec dans le train. Ah oui, le train. Super je suis bloquée avec elle jusqu'à chez moi.

Et le pire est que même en me disant cela, je n'arrive pas à ne pas éprouver de la joie dans mes pensées. Je suis heureuse de passer du temps avec elle. Mon subconscient est en pleine crise de joie du fait de rester avec elle. Il me le fait bien sentir en farfouillant je ne sais quoi dans mon ventre.

«-Moi aussi., finit-elle par répondre. »

Wow. Okay. Noa a cessé de fonctionner. Elle aussi? Elle aussi quoi? Elle aussi voulait t'embrasser triple buse. Mais, je me demande ce que cela veut dire. Ou en tout cas, je refuse de faire des raisonnements qui me mèneraient à l'éventualité qu'elle ressente la même chose que moi. Je refuse catégoriquement d'être heureuse de cette possibilité.

Mais malgré tout, je réponds quelque chose d'idiot, et de contraire à mes pensées. Comme d'habitude.

«-Oh. C'est cool., paniquais-je. »

J'évitais à tout prix son regard. Après quelques instants j'entendis son rire se moquer gentillement de ma réponse peu, très peu expressive.

Malgré moi, un léger sourire vînt prendre place sur mes lèvres.

Nous arrivons à la gare, tout juste pour ne pas louper notre train. Nous montons ensemble dans le premier wagon que nous croisons. Comme tous les vendredis, le train est bondé de personnes avec de grosses valises. Nous réussissons tout de même à rentrer, debout au milieu d'un couloir, entourées de gens dans la même situation que nous.

Le voyage se fait tranquille, et assez calme. Mais dans mon esprit, le fait que je sente sa main frôler la mienne, n'arrive pas à partir.

Ses doigts touchent désormais les miens mais j'en fait encore une fois abstraction.

Lorsque son index s'enroule légèrement autour du mien, je sens mon visage s'échauffer.

Et quand sa main se referme autour de la mienne je tourne la tête d'embarras.

Au fond de moi, je ressens de la honte envers ce que je fais à Alex. Mais je ne peux m'empêcher de ressentir un bien-être et une joie immense avec la main de Charlie dans la mienne.

Deux femmes dans un train rempli, se tenaient la main. Chacune souriait paisiblement.












•ᴄʀᴜsʜ

ᴄʀᴜsʜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant