Nous nous regardons, le monde semble s'arrêter autour de nous. Nous sommes toutes les deux entourées d'une bulle insonorisée. Je n'arrive pas à me reconnecter au monde extérieur. J'ai envie de recommencer. Ce baiser était si agréable qu'il pourrait en devenir addictif.
Seulement, je ressens un regard autre que celui de Charlie me brûler. C'est celui de Lynn, de l'autre côté du canapé, au sol. Un malaise puissant m'envahit instantanément sans raison. La possibilité qu'elle nous ai observée m'effraie.
Puis mon regard repasse dans celui de Charlie. Mon expression doit être légèrement effrayée et je la vois ouvrir la bouche sans qu'aucun son n'en sorte.
Je ressens alors le besoin de m'éloigner un moment, j'étouffe. Un surplus d'émotion me noue la gorge. Je ne réussi qu'à sortir un «je vais au toilette» étouffé. Je me lève mal à l'aise et cours presque vers la pièce la plus proche, la cuisine.
Juste derrière moi, je prends soin de refermer la porte complètement pour me couper quelques instants de ce qui vient de se passer.
C'est juste fou, incroyable, surréaliste. Pourquoi?
Pourquoi ce qui vient d'arriver vient d'arriver? Il n'y avait aucune raison pour qu'elle m'embrasse, je ne suis rien ni personne pour elle. Mais dans ce cas, pourquoi aurait-elle fait ça si j'étais personne?
Ce baiser était magique, j'ai envie de recommencer, de sentir une fois de plus ses lèvres contre les miennes. Je veux la voir répondre à ce baiser avec autant d'ardeur que ce qu'elle vient de faire.
Mais si l'éventualité qu'elle ne ressentirait rien existe vraiment et que j'en ai conscience, je n'aurais pas dû l'embrasser. Ou peut-être était-ce elle qui m'a embrassé, je ne sais plus, tout est embrumé autour de moi.
Réfléchir tant à la question risque de me faire souffrir plus qu'autre chose. Si ce n'est pas réciproque, mon cœur va se retrouver en miette. Je ne veux pas souffrir, je ne veux plus pleurer.
Ma tête surchauffe, mes tempes me brûlent, je me place au-dessus du lavabo et allume l'eau. Plonger mon visage sous l'eau fraîche me fait un bien fou et me reconnecte enfin à la réalité. Mes oreilles bourdonnent maintenant à l'écoute du silence, et je me rappelle du film que l'on visionnait il y a à peine quelques minutes. Celui-ci est toujours en route, je ne suis même pas sûre que les autres ont remarqué ma disparition.
Les quelques bruits qui parviennent à traverser la porte de bois me glace le sang. Mes mains posées distraitement sur le comptoir, je suis perdue dans mes pensées et n'entends pas la porte grincer légèrement.
«—Noa? »
Je tourne immédiatement la tête en direction de cette voix et recule presque de surprise, me prenant le bord de l'îlot centrale dans le dos. Charlie est devant moi, tout près. Son visage se rapproche un peu, désormais à moins d'un demi mètre, faisant accéléré mon rythme cardiaque.
«—Tu vas bien? »
Cette question est si banale mais on pourrait totalement se la poser si on voyait mon expression faciale. J'ouvre la bouche pour répondre mais elle ne me laisse pas le temps et continu.
«—Tu sais, à propos de ce qui vient de se passer..., commence t-elle gênée.
—O- oh, euh oui oui, ne t'inquiète pas, ça ne m'a pas gênée, c'était même plutôt bi–, bredouillais-je.
—Si tu veux, on oublie., dit-elle en même temps que je parle. »
Je m'arrête net dans mon humiliation et la regarde éberluée. C'est ce que j'avais dit, c'était trop beau pour être vrai. Si ça se trouve elle est juste tombée sur moi par inadvertance.
«—Quoi?!, nous nous exclamons toutes les deux en même temps.
—Tu as dit que ça ne t'a pas dérangé ou je rêve?»
Charlie me dit ça sur un ton amusé en haussant un sourcil et en croisant les bras. Mes joues chauffent mais heureusement la pièce sombre camoufle mon embarras. Je n'arrive pas vraiment à répondre, frustrée par cette question.
«—Non, j'ai jamais dit ça. Lave toi le pavillon interne. »
Je la défie du regard et ne lâche pas la bataille. Elle laisse passer un gloussement, un seul, après que je dise ma phrase.
Elle avance d'un petit pas, nos pieds se touchent, mais j'essaie de faire abstraction.
Aucune de nous ne parle, chacune refuse d'abdiquer face à l'autre. Je vois sa pupille se dilater même dans le noir, ses yeux brillent, sûrement de malice. Plus le temps passe et plus j'ai du mal à rester concentrer.
Nos visage ne sont plus très loin l'un de l'autre et je sens son souffle calme claquer sur ma peau après chaque expiration. Dans mon champ de vision j'aperçois ses lèvres tentatrices à quelques centimètres à peine.
Le jeu continu, je vois son regard se perdre l'espace d'une seconde à peine plus bas sur mon visage. Je souris instantanément.
«— Tu as perdu ma chère Charlie. »
J'attends qu'elle réplique, relançant le débat mais elle ne répond pas. Ses yeux ne cessent de faire des allers-retours entre mes yeux et mes lèvres.
«—Boucle la., dit-elle d'un coup.
—Hein? M–»
Mon dos claque contre le bord du comptoir et mes mains se retiennent dessus pour garder mon équilibre à la suite d'un reflex. Sa bouche se colle de nouveau contre la mienne mais cette fois par plein acte de conscience, sans doutes possibles.
Elle se rapproche en se plaçant entre mes jambes, collant son torse contre le mien. Je réponds finalement au baiser par pur instinct, me laissant totalement aller. Ses mains de placent derrière ma nuque, caressant mes cheveux courts.
Le baiser n'est pas doux comme celui d'avant, il est pressant, plus fougueux. Nos lèvres se rencontrent presque brutalement, comme si une frustration s'était accumulée des deux côtés. Mes doigts se resserrent sur la table en démonstration de ma joie. Puis ma main se décide à s'infiltrer dans le bas du dos de Charlie. Je caresse par dessus son hoodie ses reins avec tendresse, profitant de ce premier contact pour le graver dans ma mémoire. J'effectue une pression pour la forcer à se cambrer un peu plus contre moi. Je veux la sentir me toucher, je veux qu'elle soit contre ma peau.
Des frissons suivent le parcours de son toucher qui lui, descend vers ma taille avant de poursuivre son chemin jusqu'au côté de ma cuisse.
Nos lèvres se séparent, laissant place au bruit de nos souffles erratiques. Mes muscles des bras me font un peu mal à force de maintenir Charlie auprès de moi. Je n'avais même pas sentis que je forçais autant, mais ça n'a pas l'air de la déranger. Je pose mon front contre le sien quelques secondes pour reprendre une respiration correcte.
«—Charlie... »
Seulement Charlie ne me laisse pas de répit et me soulève légèrement par le dessous de mes cuisses pour me faire assoir sur le comptoir.
Désormais un peu plus haute qu'elle, elle doit lever la tête pour me regarder. Nous nous fixons dans le blanc des yeux, j'aime la façon dont elle me regarde. Ses pupilles pétillent, j'ai l'impression d'être la huitième merveille du monde quand je suis là, dans ses bras.
Mes doigts passent sur sa joue, mon pouce caresse sa peau. Elle est incroyablement douce. Mon cœur bat à tout rompre, et mon bas ventre ne cesse pas de se tordre dans tout les sens. Du même endroit, une sensation de chaleur se répend dans mon corps sans s'arrêter depuis tout à l'heure.
Nos lèvres se rapprochent doucement, nous avons toutes les deux un petit sourire ornant nos bouches.
Au moment de sceller nos croissants de chaires, la porte d'entrée et non du salon, s'ouvre à la volée, nous faisant sursauter de peur.
•ᴄʀᴜsʜ
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ᴄʀᴜsʜ
Romantik• Connaissez-vous ce sentiment indescriptible que l'on ressent envers la personne qui nous attire? Lorsque je me suis aperçue que cette fille m'obsédait, j'ai d'abord prit peur, ne voulant pas me jeter à l'eau. Mais au final, la cur...