Le paysage défile d'une lenteur insoutenable sous mes yeux. Les trains disponibles à cette heure ne sont plus directs et c'est terriblement rageant. Je veux arriver le plus vite possible en ville pour pouvoir la voir. Mon cœur ne s'est toujours pas calmé depuis tout à l'heure.
A vrai dire, tout s'est fait très rapidement. A peine ma discussion avec Alex terminée que je me suis empressée de sortir de la maison et de foncer à la gare prendre le premier train qui venait.
Mais ça y est finalement, je suis arrivée en ville. Je me précipite en dehors du bâtiment et marche rapidement vers le centre-ville. Ce que je m'apprête à faire est terriblement cliché et je dois l'avouer, si je n'en étais pas actrice, l'idée m'aurait bien donnée la nausée.
Je sens mon cellulaire vibrer dans ma poche et en vérifiant la notification, je vois le feu vert de mon ami.
Je presse un peu mon pas, je ne dois pas la faire attendre, ce serait vraiment le pompon. J'arrive sur l'allée principale et aperçois l'attraction de Noël au fond de celle-ci. Je rejoins ainsi le parc situé au bout du boulevard tandis que le soleil se rapproche de la ligne d'horizon.
J'arrive essoufflée juste à temps. Nous sommes la veille la plus grande fête de l'année et il est tard, il ne reste plus grand monde. En entendant du bruit derrière elle, elle se retourne. Comme à son habitude elle est magnifique et fait battre mon cœur encore plus fort.
Je vois son expression du visage changer. Elle qui était auparavant impassible est désormais plus que surprise.
«— Noa?!»
Je ne réponds rien et m'avance vers elle un peu gênée. Je me pince la lèvre sous son regard insistant, cela me mets mal à l'aise. J'évite de la regarder dans les yeux puisque je sens parfaitement son regard me brûler la peau.
Je finis par me racler la gorge pour me redonner un peu de contenance et je prends sa main dans la mienne. Elle ne la retire pas pour mon plus grand bonheur mais ne la resserre pas non plus. Je renforce ma prise sur ses doigts et lève ma tête pour la regarder droit dans les yeux. Malgré ma peur grandissante dans mon cœur, je soutiens son regard.
Je fais alors un pas, toujours sous son expression choquée, et finis par avancer jusqu'au vendeur, l'entraînant à ma suite. Charlie ne cherche pas à partir ou quoi que ce soit, elle laisse sa douce et petite main dans la mienne. Celle-ci est si agréable à tenir, je ne sais pas si c'est parce que c'est Charlie ou si sa paume a réellement quelque chose de spécial.
Je me détache d'elle quelques instants et je sens aussitôt le froid de l'hiver me glacer la main. C'est très désagréable alors je me dépêche de payer deux tickets avant d'entremêler nos doigts à nouveau. Je me déplace ensuite jusqu'à l'intérieur de la cabine, toujours Charlie à ma suite qui ne fait rien.
Les portes se referment derrière nous. En cette belle soirée de début d'hiver, j'ai choisi d'emmener Charlie faire un tour de grande roue. La ville en met une en place tous les ans à cette période de l'année. J'ai donc voulu en profiter pour discuter une fois pour toute avec elle. J'ai demandé à Alex de lui donner rendez-vous à ma place en lui faisant croire que c'était lui qu'elle allait retrouver. Et nous voilà ici à cette heure tardive.
Sa paume est chaude dans la mienne, je trouve qu'elle s'emboîte étonnamment super bien à la mienne. Finalement, la nacelle produit une première secousse, signe que le moteur se met en marche, puis nous commençons tout doucement à bouger. Le mécanisme est très lent et nous quittons à peine le sol.
«— Pourquoi?, coupe t-elle le silence. Je veux dire, pourquoi tu as fait tout ça? »
Je regarde le parc dans lequel est installée la grande roue s'éloigner de sous nos pieds. Je relève les yeux et la regarde à travers ses lunettes.
«— Je voulais tout te dire. Que tu saches tout de ce que je ressens à ton propos., je souffle doucement. »
J'observe attentivement ses joues se colorées très légèrement d'un doux rose. Je resserre mes doigts autour des siens.
«— Charlie... Je veux que tu saches que, malgré tout ce que j'ai pu te faire ou non justement, qui t'ai fait souffrir, jamais cela n'a été mon intention., après quelques secondes, je reprends. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux et j'ai mal ici en pensant à ce que tu as pu ressentir par ma faute., dis-je en pointant mon cœur de ma main libre. »
Je la vois qui baisse les yeux d'un air un peu triste mais avec la mine de réfléchir. Mon pouce caresse légèrement le dos de sa main suite à ma tirade pour l'encourage à me répondre.
«— Et donc... nous voilà ici? rit-elle légèrement en regardant autour de nous. Tu as sorti le grand jeu., se moque t-elle gentiment, sûrement plus pour évacuer sa gêne. »
Au lieu de lui répondre avec mes mots, je me laisse diriger par mes envies. Même si en y réfléchissant bien, ça manque de réflexion et c'est un peu idiot.
Je me rapproche d'un pas, venant juste devant son visage. Elle me regarde encore une fois perdue en me voyant faire. Mes pupilles sont attirées par ses deux lèvres juste devant mon visage. J'essaie de maintenir mon regard dans ses yeux mais ses deux croissants de chaires sont trop tentants.
Charlie m'observe faire sans que je ne m'en rende vraiment compte. Sans que je le sache, elle me fixe aussi. Et principalement le bas de mon visage.
«— Tu sais..., j'avale ma salive. Je t'aime bien Charlie., réussis-je à dire en déglutissant.
— Moi aussi Noa. Moi aussi. »
Elle me murmure ça juste après mes paroles et finit par fondre sur mes lèvres. Si elle ne l'avait pas fait, j'aurais franchis ce même pas à l'instant d'après.
Je sentirais presque mes jambes lâcher. Ma main libre vient se loger dans ses cheveux bruns. Ma bouche se fond parfaitement sur la sienne. Son nez caresse délicieusement ma joue et son souffle s'abat sur ma peau.
Je me sens littéralement revivre à travers ce baiser. Je ne sais pas ce qu'est sa signification ni ce qui se passera après mais je m'en fiche. Je profite juste de cet instant, de cette bulle de bonheur pur.
Lorsque l'on est petit, on trouve les personnes qui s'embrassent dégoûtantes. Quand on fait notre premier smack dans la cours de récré, on trouve ça bizarre est décevant. Mais quand on vit nos premiers vrais baisers, on découvre ce sentiment indescriptible qui nous serre le ventre. Des papillons, des oiseaux, des fourmis, pleins d'animaux pour décrire ce cafouillis dans notre estomac qui est une étrange sensation addictive.
C'est ce que je ressens actuellement, nos bouches collées, nos souffles entremêlés, nos corps l'un contre l'autre.
Ce n'est qu'au sommet de la grand roue que nous nous détachons. Nos respirations sont erratiques, surtout à cause l'émotion que part l'effort, et confondent encore une fois. Sa main se dépose sur ma joue et elle y passe son pouce, me faisant frissonner.
«— Noa ? Tu veux sortir avec moi ?, me demande t-elle dans un sourire mesquin.
— Si c'est si gentiment demandé, je veux bien., lui murmurais-je encore proche de ses lèvres.»
Nous rapprochant du sol, je l'embrasse une fois de plus en cette veille de Noël.
Charlie est le plus beau cadeau que je n'aurais jamais pu rêver d'avoir.
•ᴄʀᴜsʜ
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ᴄʀᴜsʜ
Romance• Connaissez-vous ce sentiment indescriptible que l'on ressent envers la personne qui nous attire? Lorsque je me suis aperçue que cette fille m'obsédait, j'ai d'abord prit peur, ne voulant pas me jeter à l'eau. Mais au final, la cur...