Je ne comprends pas.
Au début, je n'avais pas compris pourquoi Alex m'avait ignoré ce matin. Je pensais qu'il ne m'avait simplement pas vu.
Puis j'ai compris que ça avait fuité. Quelqu'un lui avait rapporté. Je ne sais pas qui je ne sais pas quand, et pour tout dire ça n'a pas grande importance.
Ce que je sais tout de suite c'est que mes larmes commencent à monter.
Je viens de le croiser durant la récréation de l'après-midi. Il avait l'air perdu, alors je l'ai approchée et saluée joyeusement.
Son visage s'est tourné vers moi et est resté de marbre. Tout le monde retournait en classe mais lui est resté. C'était comme si le monde s'était arrêté de tourner lorsqu'il m'a prononcé cette simple phrase.
«—Va't-en. »
Ça a eu l'effet d'un coup de poignard pour moi, dans ma tête tout fusait. L'espace d'un instant, je réfléchissais à mille à l'heure.
Même si ma raison me poussait à penser que je n'avais rien à me reprocher, la réalité était tout autre. Dans ce genre de situation, ton objectivité s'envole loin.
Et là, maintenant, tout de suite, je tente désespérément de comprendre.
«—Euh... Quoi? Alex?
—Tu le savais que je l'aimais?, demanda t-il, l'air d'espérer.
—Oui, mais–, tentais-je de me justifier précipitamment mais il ne m'en laissa pas le temps.
—T'es vraiment qu'une garce!, répliqua t-il, furibond.»
Lui aussi avait les larmes aux yeux, mais elle ressemblaient plus à des larmes de colère. Son insulte m'a fait l'effet d'une bombe au visage. Les doutes et questionnements que j'avais ces derniers jours qui, avec objectivité, auraient pu être démantelés, sont désormais ancrés dans ma peau. La confiance que je pouvais avoir en moi avant à totalement disparue. J'ai l'impression d'être la pire des salopes, d'avoir trahi mon ami.
L'amour, quel soit-il, change un Homme.
Et je dois avouer ne pas me reconnaître, là, pathétique, à ne pas réussir à argumenter. Peut-être que je n'y parviens pas parce qu'il n'y a rien à dire. Mes gestes et actions sont là, exposés devant mes yeux. Je ne peux simplement pas fuir ou me détourner du problème. Et ça me fait sentir incroyablement impuissante. Je déteste cette sensation, je déteste cette situation, je déteste ce que j'ai fait, je déteste ce que je suis.
J'ai envie de supplier Alex, de le supplier de me comprendre, le supplier de ne pas m'en vouloir. Mais le problème est que je ne peux déjà pas me convaincre de ça moi-même. Ma perception des choses est altérée. Je ne sais pas pourquoi ni comment elle l'est devenue, j'imagine que c'est dû à un accumulation de stresse quant à mes réflexions permanentes au sujet de Charlie et Alex.
Une petite voix au fond de moi me hurle de rétablir ma justice mais je ne peux pas l'écouter, je ne veux pas encore. Je ne suis simplement pas encore prête.
«—Alex, je... S'il te plaît, ce-, je ne le savais pas encore quand s'est arrivé, et j'avais prévu de te le dire, mais j'avais peur, et...
—Noa... J'ai pas envie d'en parler maintenant là, je..., je le sentis se retenir de pleurer devant moi, coupant sa phrase en plein milieu. On en parle plus tard d'accord?, finit-il par me sourire. »
J'acquiesce lentement de la tête, toujours les yeux débordant de larme. Je le regardais me tourner le dos, j'avais juste envie de le prendre dans mes bras et m'excuser encore et encore même si dans le fond je n'ai rien fait de grave. Mais je ne fait rien.
Lorsque que son corps disparaît de mon champ de vision, je me laisse tomber contre le mur, me retenant de laisser couler la moindre larme ici.
La raison pour laquelle je souffre autant est que je déteste perdre mes amis. Dit comme cela, ça peut paraître normal est ça l'est sûrement. Dans le passé j'ai déjà eu à dire adieu à des personnes qui m'étaient très chères. Je ne l'ai pas très bien vécu mais j'ai réussi à surmonter ça.
Mais cette situation me semble si familière, elle me fait paniquer, m'empêchant de penser normalement. J'ai l'impression d'être enfermée dans un étau, dans un cercle infini, jamais cette sensation ne partira.
Et le pire dans tout ça c'est que dans ce genre de situation, on ne peut s'empêcher de se sentir plus bas que terre, et de s'imaginer le pire. Je me dis et me répète un nombre inlassable de « Et si? ».
Et si ce que disais Alex est vrai? Et si ce que je pensais depuis le début est faux? Et si tout le monde apprend ce qu'il s'est passé? Et si Ève, Rosy, Marnie, Lynn m'abandonnaient aussi? Et si je me faisais rejeter de tout le monde du jour au lendemain? Et si Charlie finissait par me détester? Et si moi je commençais à me détester?
C'est une véritable torture psychologique. Je me sens mal. Il faut que je me change les idées, je dois retourner en cours.
J'ai loupé près d'un quart de cours, j'espère que le professeur ne m'en tiendra pas rigueur. J'ai de toute façon pas la force de me défendre. Je me traîne alors jusqu'à ma salle et toque. Je rejoins ma place à côté de Marnie et attends que le temps passe.
J'attends encore et encore. Je tente d'analyser ce qui vient de se passer. J'essaie de relativiser.
«—Ça va Noa? »
J'essaie de sourire.
•ᴄʀᴜsʜ
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ᴄʀᴜsʜ
Romance• Connaissez-vous ce sentiment indescriptible que l'on ressent envers la personne qui nous attire? Lorsque je me suis aperçue que cette fille m'obsédait, j'ai d'abord prit peur, ne voulant pas me jeter à l'eau. Mais au final, la cur...