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La sonnerie ne va pas tarder à retentir à travers l'établissement.
Bientôt les cours devrons nous retrouver.

Je souffle, cette journée est plus que longue. Heureusement, il ne me reste plus que deux petites heures. La seule et unique chose qui me fait tenir et maintient mon sourire en place, c'est Charlie.

Je n'écoute encore une fois que distraitement mon amie. Je sais que c'est étrange, presque malsain, parce que je ne la connais pas du tout en réalité. Je ne lui ais même jamais parlé. Mais tant que je n'attends rien de tout cela, je me contente de profiter de ce bordel de sentiments flottants constamment dans mon cœur et mon estomac. Si ça me permet d'être heureuse, pourquoi m'en priver?

«—Charlie, je répète, une Charlie sauvage est en vue., fait Marnie, mimant de parler dans une oreillette. »

Marnie est ma camarade de table comme je l'aime l'appeler. C'est une fille en or, et vraiment intelligente. J'adore discuter avec elle, et pour le coup, je l'ai réellement rencontrer cette année. Je ne l'avais jamais vu avant.

Je suis la direction de son regard et tombe en effet sur Charlie. Parfaitement dans mon champ de vision qui plus est. On pourrait même croire à une haie d'honneur entre elle et moi.

Sa beauté est toujours au rendez-vous. Je pince les lèvres. Elle a encore une fois remonté son pull jusqu'au coude, mon point faible. Je trouve ça irrésistible. Surtout sur elle. Je suis complètement mordue je le sais.

«—Ce n'est pas important, tu disais quoi avant ça?, essayais-je de me distraire.

Euh, avant ça... panique pas, et surtout ne fait aucun gestes brusques, mais il se pourrait, qu'éventuellement–

Accouche Marnie., fis-je désintéressée.

Charlie te regarde., sort-elle comme une bombe. »

Mes yeux s'ouvrent en grand et ma bouche forme un «O» parfait. Bien évidemment, je n'écoute pas ce que m'a dit Marnie et je regarde directement dans sa direction.

Oh. En effet. Charlie est légèrement en arrière et son regard est dans ma direction. Après de là à dire qu'elle me fixe...

Quoi qu'il en soit, aussitôt nos regards accrochés, je détourne les yeux presque immédiatement. Je me pince les lèvres fortement et regarde Marnie pour ne pas paniquer.

«—Marnie, Marnie, Marnie, je fais quoi?!

Oh ba tu vas lui parler et l'inviter pour un petit cinéma par exemple., dit-elle naturellement en souriant.

Non, mais oui, 'fin... Tu sais très bien que j'ai pas le courage de faire ça, et je suis très bien dans mon célibat.

Alors pourquoi tu me demandes? »

Je relève mon regard sur elle. C'est vrai ça. Je fais tout pour dire que je suis intéressée, mais à côté je dis que je ne veux pas être en couple.
Je fronce les sourcils.

Je suis si contradictoire, je ne me comprends pas moi-même... C'est comme si, mon cerveau me poussait à rester dans mon petit cocon protecteur, à rester dans le célibat, dans une chose que je connais finalement. Mais en parallèle, mon cœur fait tout pour me faire comprendre que mon subconscient ne rêve que d'une chose, Charlie. Mon corps réagit en fonction de mon organe vitale, mais ma bouche en fonction de ma tête.

Parfois dit-on, le cœur à ses raisons que la raison ignore.

J'imagine que ce proverbe correspond parfaitement à ma position actuelle. Et ce n'est sûrement pas le plus pratique pour mon plus grand dam.

Je relève la tête, automatiquement vers elle, mais elle n'est plus là.

«—Oh, pardon excuse moi., dit la personne venant de se prendre mon épaule.»

Cette voix. C'était elle.

Cette scène est comme au ralentie. Elle me regarde en souriant avec gêne, elle vient de me bousculer. Mes yeux la suivent jusqu'à ce qu'elle quitte le couloir.

Serait-ce un rêve? Vient-elle à l'instant de me parler?

«—Ferme ta bouche, tu vas gober une bouche., se moque Marnie.

Ferme la., grognais-je. »

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C'est une vaste blague? Tout le monde dans la salle se débecte. Pourquoi Monsieur, pourquoi vous nous faites ça?  Un devoir un rendre pas après, mais pendant les vacances? Vous n'avez rien trouvé de plus chiant sérieusement?

J'ai envie de pleurer et de lui en mettre une au passage. Et toutes mes heures pènardes devant la télé? Tout mon temps libre pour sortir en ville avec mes amis? Tout ça est à cause de vous Monsieur, j'espère que vous vous en rappellerez.

«—Un problème Noa?, me demande ce traître. Oui, traître, je l'aimais bien avant. Mais désormais c'est la guerre entre nous.

Non Monsieur, aucun., souriais-je angéliquement. »

Pour information, je n'abdique pas face à lui, je ne fais qu'amadouer la bête. Il me fait alors signe de sortir, me signalant bien gentiment qu'il n'a pas que ça à faire. Moi non plus mon coco, moi non plus.

Je m'apprête à quitter la salle, mais par pur esprit de contradiction, je me retourne vers lui et lui lâche un sale regard noir. Il faut que je me penche sur le vaudou, ça peut toujours être utile.

«—Et ba dis donc, la petite Noa se rebelle? »

La voix d'Alex me surprend, et me fait poser ma main sur le cœur de peur. Je regarde derrière lui, il n'y a personne c'est bon, je peux respirer en paix.

«—Tu cherches quelque chose?

Hein? Ah! Non non! Rien du tout t'inquiète., je me force à sourire d'un air rassurant. Malheureusement je ne pense pas qu'il soit convainquant vu son air suspect sur le visage.

Bon, je te dis au revoir, je faisais que passer, mon bus m'attend. À demain! »

Je le salue en retour joyeusement et me dirige vers les casiers pour souhaiter une bonne soirée à Ève et Rosy. Je les aperçois et leur dit deux mots avant de repartir en direction de la gare.

Mes écouteurs bien en place, et mon masque charismatique sur le visage, je me sens dans mon élément. Je suis tellement à l'aise et dans ma bulle, qu'en arrivant sur le quai, un souvenir me saute presque littéralement à la gorge.

Charlie prend le même train que moi, et descend d'ailleurs au même arrêt. Et malgré moi, je me retrouve toujours à tout faire pour être dans le même wagon qu'elle.

Bien fidèle à lui-même, mon train est annoncé avec cinq minutes de retard. Discrètement, je laisse place à mon occupation favorite.

Assise par terre, mon regard oscille entre mon portable et mon béguin. J'aime ces jeux de regards. Parfois elle doit sentir que quelqu'un l'observe et elle se met alors à regarder un peu partout. Je ne me suis pas fait prendre souvent, mais quand ça arrive, j'arrive de rire et doit très sûrement rougir.

Mais cette fois-ci est différente. J'ai bien regardé Charlie, et elle s'en ai aperçu.

Seulement, contrairement à d'habitude, je n'ai pas détourné les yeux. Et elle non plus.



















•ᴄʀᴜsʜ

ᴄʀᴜsʜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant