Je suis allongée sur ma table, mes parents sont absents. Je fixe mon plafond tandis que mes mains reposent sur mon ventre. Demain est la veille de Noël, j'attends avec impatience cette journée. Mais en attendant je suis bien là, à même le bois. D'autant qu'on dit que ça porte chance, chose que j'aimerais bien avoir en ce moment.
J'observe avec attention cette araignée tisser sa toile. Elle est belle, élégante, ce n'est pas une de ces ignobles bêtes velues. Elle, elle est jolie. Et sûrement gentille. Je sens mon téléphone vibrer au travers de la table mais je ne regarde pas ce que ça peu être. J'ai envie d'être tranquille là, dans le silence.
La sonnerie d'appel se déclenche et je monte les yeux au ciel, finalement cela devait être important. Je prends mon portable en main et l'apporte à mon oreille.
«—Allo...?, dis-je sans grande conviction.
—Noa!
—Eve?
—Oui, t'as du temps là?»
Je regarde autour de moi, tourne la tête, et soupire légèrement.
«—Un peu. Qu'est-ce qu'il y a?
—Je voulais te parler de Charlie.»
Je fronce immédiatement des sourcils. Comment ça voulait-elle me parler d'elle? Je ne comprends pas quel lien elle peut bien avoir avec. En plus j'étais bien là, et elle me fait remonter des souvenirs récents et douloureux c'est pas très sympa.
«—Je voulais pas que tu passes les fêtes dans te tristesse. Tu sais genre, te noyer dans l'alcool, fumer, consommer des substances illicites, enfin tout ça quoi., continue t-elle.
—Eve, c'est toi qui fait ça dans ce genre de cas, pas moi.
—... C'est un autre sujet, quoi qu'il en soit, maman Eve est là pour toi. Bon Rosy m'a un peu aidée aussi.»
A partir de là j'entends une voix en fond qui hurle à la diffamation, me faisant sourire tendrement. Mes deux amis se battent comme à leur habitude, pendant que j'attends au bout du combiné, dans une très grande impatience.
«—Oui bon Eve accouche.
—Oui j'y viens, j'y viens! Rosy arrête je te dis! Bon...»
J'attends encore quelques secondes durant lesquelles le silence semble reprendre ses droits. Elle semble bien chercher ses mots ce qui ne me rassure pas vraiment et me fait perdre patience. Tiens, l'araignée a bougé.
Une mouche vient de se faire attraper dans son piège, et la prédatrice s'approche doucement. Je ne veux surtout pas louper le moment où elle va lui bondir dessus pour la dévorer dans une violence et une véracité inouïe. Malheureusement ce n'est pas ce qui se passe. Je devrais agrandir ma culture générale, une araignée ne mange pas sa proie sans préparation. Un peu comme nous quand on cuisine nos aliments. Enfin bref, elle est en train de l'enrouler dans son fil produit en même temps qu'elle enferme la mouche.
C'est affreux je la vois encore se débattre à travers le cocon. Cela me rappelle la scène qui m'avait traumatisé étant enfant, dans le Seigneur des Anneaux. L'araignée ne bouge plus maintenant, c'est décevant je pensais qu'elle allait la manger moi.
«—... Alex.
—Q- hein quoi? Pardon Eve je ne t'ai pas écoutée..., avouais-je honteusement; me détachant du spectacle de mon plafond.
—Ah... Je disais qu'Alex nous a appris qu'il avait appris pour tes sentiments envers Charlie., elle marque un temps de pause. Et il était très en colère. Mais pas parce que tu l'aimes nan ça il s'en fout royalement, mais parce que tu l'as fait passer avant toi.
—Mais... ça n'a aucun sens ce que tu me dis Eve.
—Oui bon roh, en gros il pensait que t'avais juste flirter comme ça sans penser aux gens autour de toi., j'écarquille les yeux à ce qu'elle me dit là. Et donc il m'a dit que Charlie avait clairement des sentiments pour toi, et pas des tous petits riquiquis, des assez gros, pas amoureux hein, mais voilà quand même. Aïe Rosy bordel!»
Je me redresse complètement sur la table. Une mèche de cheveux me tombe au milieu de mon visage mais je n'y fais même pas attention tant ce qu'elle me dit me perturbe. Sans m'en rendre compte je raccroche sans même prévenir Eve.
Alors... elle aussi. D'un côté cela n'a rien d'extraordinaire si on prend le temps d'analyser ses réactions envers mes actes. Mais cette révélation donnée par Eve a tout de même le don de me retourner l'estomac. Des milliers d'oiseaux, papillons, tout ce que vous voulez je m'en fou, prennent leurs envoles depuis mes entrailles.
C'est presque comme si je me sentais pousser des ailes. J'ai envie de crier, de hurler de joie, d'exprimer par n'importe quel moyen à quel point je suis heureuse à l'instant présent. Sous les émotions, je fais une mini crise de joie sur ma table. Mes pieds battent l'air et mes poings se serrent. Mon sourire n'arrive plus à quitter mes lèvres.
Par contre Eve, et Alex, ce n'est vraiment pas sympa de dévoiler les sentiments de quelqu'un à sa place. Mais dans mon cas présent je m'en fiche, je suis trop enthousiaste pour y penser. Je suis essoufflée sans avoir fait d'effort, c'est dingue les pouvoirs de l'amour.
Charlie, Charlie, Charlie... j'ai tellement de la voir maintenant et de lui hurler tout ce que je ressens mais d'un côté ce serait vraiment un comportement bizarre et louche. Mon Dieu Noa calme toi, il faut respirer ce n'est ni la fin du monde ni le meilleur jour de ta vie.
Je prends une grande respiration. J'expire longuement. Très bien Noa, à toi de jouer pour faire tout pour que Charlie te pardonne. Après tout, si je suis sincère, il n'y a aucune raison pour qu'elle me rejette? Oui bon je lui ai fais du mal et je m'en veux terriblement, beaucoup trop pour réussir à placer des mots existants sur ça. Mais je sais aussi que c'est justement pour cette raison, pour me racheter, pour lui prouver que ce n'était qu'une erreur de parcours, une idiote erreur, que je veux me faire pardonner.
Je veux la rendre heureuse, je veux qu'elle soit heureuse à mon souvenir, à l'évocation de mon nom. Et je veux faire ça le plus rapidement possible.
Je me rallonge alors sur la table pour cogiter. Je veux faire ça demain. Et je veux faire ça bien.
Je prends pour téléphone et envoie un message, j'espère qu'il acceptera.
•ᴄʀᴜsʜ
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ᴄʀᴜsʜ
Romance• Connaissez-vous ce sentiment indescriptible que l'on ressent envers la personne qui nous attire? Lorsque je me suis aperçue que cette fille m'obsédait, j'ai d'abord prit peur, ne voulant pas me jeter à l'eau. Mais au final, la cur...