Chapitre 38

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Trois mois qu'elles s'étaient écoulés depuis leur voyage et comme convenu, elles ne s'étaient donné aucune nouvelle. Avec les aléas de la vie, leur travail et leur famille, elles n'avaient pas eu le temps de penser à leur petite escapade idyllique... Ou presque. Un matin Jennifer rentrait de son jogging, complètement éreintée par son sprint final. Sa fille dormait encore et son mari était cloîtré dans son bureau, comme presque tous les weekends, en vue de décrocher un contrat avec une énorme firme chinoise qu'il convoitait depuis des mois. Elle se dirigea machinalement dans la salle de bain et se fit couler un bain.

De l'autre côté de l'océan, en Italie, Laurel se préparait. Cette fois-ci, elle ne se rendait à aucun vernissage ni aucune exposition, elle ne sortait même pas de la maison qu'elle avait loué pour les vacances. Elle se préparait à un rendez-vous... Avec une femme, Françoise D. (​Cette femme existe alors je préfère ne pas dévoiler son nom complet, au cas où​).

C'est une photographe française qu'elle avait rencontré quelques semaines auparavant. Au fil de la soirée, les deux artistes avaient sympathisé et au fil de la conversation, s'étaient rendues compte qu'elles passaient l'été à quelques kilomètres l'une de l'autre. La suite se fit sur Instagram, quelques jours plus tard, où elles décidèrent de se voir avant l'arrivée des parents et des filles de Laurel.

Confortablement installée dans sa baignoire, Jennifer prit son téléphone et regardait machinalement les réseaux sociaux. C'est un énième commentaire de fan de The L Word parlant de « Tibette » qui lui fit se demander ce qu'il pouvait bien se passer dans la vie de Laurel... Et quel choc! Laurel venait de poster une photo sur Instagram d'une table dressée pour deux personnes avec en légende « Dîner d'été? ». Cette vision lui fit l'effet d'une bombe. Elle se doutait bien que Laurel ne resterait pas célibataire indéfiniment. Elle plaisait aux hommes et aux femmes mais surtout elle avait le droit au bonheur. Même si elle était totalement consciente de cela, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir lui hurler dessus, sa jalousie s'était matérialisé en une boule dévastatrice logée dans sa gorge, l'empêchant même de déglutir.

La soirée avait très bien commencé pour Laurel. Ça faisait très longtemps qu'elle n'avait pas autant apprécié une nouvelle rencontre. Françoise était une jolie femme, blonde au cheveux courts avec un style assez branché, qui avait la même passion qu'elle pour les arts. Ce qui la faisait le plus craquer, c'était son accent français... Au fur et à mesure de la soirée, la conversation devenait de suggestive et cela lui plaisait énormément.

« -Et donc tu es entrain de me dire que mise à part cette mystérieuse femme mariée avec qui tu as eu une aventure, tu es toujours sortie avec des hommes?

-C'est ça...

-Mais... C'est toi ou cette nana qui a mit un terme à votre relation?

-Disons que c'était d'un commun accord... Mais dis-moi, tu es là pour me séduire ou me parler de mes anciennes conquêtes?

-Je me renseigne en réalité... » Lui dit Françoise en buvant une gorgée de vin.
Laurel, le regard plus coquin s'accouda à la table, se rapprochant de façon significative.

 « -Ah oui? Et bien raconte, j'aimerai savoir à quelle sauce je vais être mangée...

-Je voudrais bien remercier celle qui a permis que je puisse faire ça... »

Doucement, elle s'approcha de Laurel et l'embrassa. Le baiser ne dura que quelques secondes mais assez pour donner aux deux femmes l'envie d'aller un peu plus loin. Leurs sourires en disaient long sur ce qu'elles s'apprêtaient à faire...

A Vancouver, l'ambiance était devenue... Glaciale. Jennifer était sortie de son bain, avait enfilé un pantalon d'intérieur et un gros sweat à capuche. Elle était descendu pour préparer le petit déjeuner d'Ella qui venait de se réveiller pour se rendre à son entraînement hebdomadaire de basketball. Les pancakes étaient chauds, les oeufs prêts à être cuits et les oranges fraîchement pressées. Tout paraissait totalement normal, excepté dans la tête de la maîtresse de maison qui fulminait.

« -Salut Mam's »

Jennifer, qui avait mit les oeufs dans la poêle, n'avait même pas prêté attention à sa fille, installée sur l'îlot central de la cuisine.

« -Allooooo?? »

En se retournant avec l'assiette elle se tapa le coude à un placard qu'elle n'avait pas refermé et fit volé l'omelette au sol.

« -Et Merdeeee! » Vociféra-t-elle.

« -Il y a de l'ambiance ce matin, t'es sûre que ça va Mam's?

-Euuh... Pardon ma chérie, je n'avais pas vu que tu étais là, oui oui ça va, j'ai... J'ai juste mal dormi.

-T'inquiète pas pour les oeufs, t'façon j'ai pas très faim. » Dit-elle en sautant du comptoir, pancakes en bouche et prenant son sac de sport. « On y va? la semaine dernière le coach a fait faire dix tours de terrain à Dinah, un pour chaque minute de retard.

-Oui oui, je te rejoins je prends mon sac. »

Et si c'était vrai...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant