Chapitre 29

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Jennifer qui avait décidé, à cause de fans un peu trop perspicaces, de ne pas se rendre au vernissage, était sur le point de se mettre en pyjama lorsqu'elle entendit le son d'un message sur son téléphone «Diner au Bulgari hôtel ce soir 23h30. Bises» Elle se demandait bien ce que Holland et Sarah lui voulaient, peut-être débriefer de la soirée...Probablement. 

Tiraillée entre l'envie de se relaxer devant un film et la petite voix qui lui disait de se bouger, elle décida finalement de se remaquiller, de troquer son jean pour un pantalon cigarette couleur camel et son sweet-shirt par une jolie chemise cintrée bleue.

La soirée fut un réel succès et vers 23 heures, les quatre femmes se rendirent à l'hôtel comme convenu. Une table avait été dressé dans le salon de la suite de Laurel, face à une énorme cheminée de marbre où se trouvait un véritable festin: des olives et noix de cajou en apéritif, différentes pâtes (tomates basilic, bolonaise, pesto...) mais aussi un assortiment des meilleurs crus d'Italie. Elles commencèrent à manger et déguster un Lambrusco tout en discutant de la soirée. Sous ses airs détendus, Laurel ne pensait qu'à cette fameuse invitée mystère dont elle connaissait l'identité et ne savait pas trop comment gérer sa venue.

Quelqu'un venait de frapper à la porte. Bien que tout le monde l'ai entendu, seule Laurel semblait avoir perdu le fil de la conversation. Son coeur se mit à battre la chamade, et ses joues s'empourpraient à vue d'oeil.

-« C'est ouvert » Lança Susi en continuant de raconter comment elle avait découvert ce petit village perché dans les montagnes israéliennes vers la fin des années 80.

Seules Holland et Sarah faisaient face à la porte et c'est donc dans cet ordre que l'invitée fut découverte.

-« Enfin te voilà, nous ne t'attendions plus » taquina Holland en jetant un coup d'oeil sur la blonde qui virait au cramoisie en reconnaissant le bruit des talons de son ancienne amante.

-« Je peux repartir si je dérange » s'amusa Jennifer en posant son sac à main sur le fauteuil style Louis XV.

Elle s'approcha de la table pour saluer le couple, puis s'avança vers Laurel et déposa un léger baiser sur sa joue puis serra chaleureusement la main de Susi et les félicita pour leur travail, qu'elle n'avait pu voir qu'à travers les réseaux sociaux.

-« Alors là, je suis sans voix! Jennifer Beals, je suis ravie de vous connaître enfin! 

-Enfin? Pourquoi ça?

-Parce que j'ai l'impression que vous êtes la troisième artiste de l'exposition. 

-Je ne saisis pas trop...

-C'est simple, dès qu'une femme se présente à Laurel, il s'agit en réalité d'une fan de la série The L Word qui demande si vous vous êtes toujours en contact toutes les deux!

-Ah d'accord...

-Je comprends maintenant pourquoi vous vouliez vous faire discrète. »

Jennifer et Laurel se regardèrent et se sourient, amusées de la situation mais surtout très heureuses de se revoir après tant d'années. Cette anecdote avait détendue l'atmosphère pesante qui s'était installée depuis l'arrivée de Jennifer. Plus les bouteilles de vin descendaient, plus les femmes riaient et se remémoraient des souvenirs de tournage, Laurel racontait la fois où elle s'était littéralement écroulée au sol à cause de talons beaucoup trop hauts, Holland parlait de ses scènes très osées avec le jeune homme alors qu'elle venait de faire son coming-out. Les heures défilaient et les cadavres de bouteilles aussi, quand Susi décida qu'il était l'heure pour elle de se retirer.

-« J'ai passé une excellente soirée en votre compagnie mais je n'ai plus l'âge pour les nuits blanches. Quoique à cette heure-ci, elle est bien entamée.

-On te suit nous aussi, avec Sarah on prend l'avion demain et je sens que le décalage horaire va faire encore plus mal que le Lambrusco. »

Les trois femmes quittèrent la suite en se promettant de se revoir toutes très vite. Le silence régnait désormais dans la pièce et Jennifer se leva pour prendre son sac quand Laurel lui proposa un thé avant de s'en aller. Celle-ci accepta, ravie que, pour une fois, ce ne soit pas elle qui fasse le premier pas. Elle s'installèrent dans le salon, leurs tasses à la main.

"-Je te félicite encore une fois pour ton expo, vraiment je suis heureuse que tu sois si épanouie dans ce que tu fais.

-Merci, ça me touche. Désolée si je ne suis pas toujours très avenante avec toi Jen, c'est juste que...

- Ne laisse pas l'alcool te faire dire des choses que tu regretteras demain.

- Non, je ne le regretterais pas. Pendant toutes ces années je... J'étais persuadée d'avoir fait mon deuil de toi, de nous mais la vérité c'est que lorsque tu as débarqué dans cette chambre, tu m'as complètement rendue folle, encore une fois.

- Tu es sérieuse là? 

- Plus que ça! De t'avoir eu toute la soirée avec moi... J'ai eu l'impression d'être complète à nouveau, tu me donne une inspiration artistique incroyable, j'étais en panne pour mon dernier tableau de la prochaine expo et là c'est complètement dingue, je sais exactement ce que je veux faire.

- Ecoutes Laurel, si c'est pour que demain, dans deux jours ou dans deux semaines tu me jette alors, arrêtes ça tout de suite.

- Ce n'est pas ce que je compte faire, je ne te demande pas non plus de tout quitter pour moi, je veux simplement que tu saches que je suis désolée de t'avoir aussi malmenée à chaque fois que tu as essayé de faire un pas vers moi. »

Jennifer sentait sa gorge se nouer au fur et à mesure que Laurel lui faisait son mea culpa, voilà maintenant près de dix ans qu'elle n'attendait que ça, qu'elle était persuadée qu'elle la détestait.

-« Qu'est-ce tu que tu attends de moi?

-Je veux juste que tu me pardonne, je sais bien que je t'ai fais souffrir et ce que je veux c'est simplement qu'on renoue des liens, qu'on passe du temps ensemble... Si tu es d'accord!

-Evidemment que je suis d'accord, j'attends ce moment depuis tellement d'années.

-Je suis consciente que pour ta famille il faudra se faire très discrète, qu'avec le reboot les fans vont être à l'affut du moindre like etc...-C'est certain. »

Les deux femmes continuèrent de parler jusqu'au petit matin, sans qu'il ne se passe rien ni caresses ni baisers mais simplement avec la certitude que tout serait différent et que cette fois-ci elles prendraient leur temps.

Et si c'était vrai...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant