"-Il aurait du te pisser dessus, ça aurait été plus rapide...
- T'es bête! "
Les deux femmes se sourient et regardèrent chacune d'un côté, l'atmosphère devenant de plus en plus pesante.
"-Ca te dirais de marcher un peu? J'ai un peu la bougeotte.
-Tu veux aller où?
-Il y a une petite crique un peu plus bas, on a passé la journée là-bas avec mes parents, c'est très calme et très mignon, même si avec la nuit qui est tombée je perds toute crédibilité, elle vaut le détour.
-Je te suis."
Depuis qu'elles étaient parties du restaurant, aucune des deux ne parlaient. Laurel jetait des coups d'oeil rapides en direction de son amie mais celle-ci n'y prêtait pas attention. La foule disparaissait peu à peu dans leur dos, laissant place aux chants reposant des grillons mais aussi au doux bruit des vagues.
"-Tu la revu?"
Jennifer s'arrêta nette au moment de poser la question, laissant Laurel marcher quelques pas devant elle, comme si elle ne voulait pas avoir la réponse à travers ses yeux. On sentait dans son intonation qu'elle avait ce besoin, presque viscérale, de lui demander.
"-Oui... On s'est revu deux fois."
La brune s'avança puis, dans un silence assourdissant, elles continuèrent leur chemin.Les yeux de Laurel ne quittaient pas le sol et les dernières minutes de promenade parurent des heures. La blonde n'avait pas menti, l'endroit était à couper le souffle: l'horizon n'en finissait plus, la lune paraissait quatre fois plus grosse que d'ordinaire et la mer semblait avoir trois teintes de bleus différentes. Les arbres qui se trouvaient derrière elles laissaient à penser qu'ils étaient là pour préserver ce petit coin de paradis des hommes et de leur besoin de toujours tout s'accaparer.
Laurel s'assit sur le sable. Elle regardait le paysage et sans détourner les yeux du spectacle, prit la main de Jennifer et la fit s'assoir entre ses jambes. Cette dernière souffla instinctivement, comme pour tenter d'évacuer la boule qu'elle avait à l'estomac. Laurel l'enlaça et la serra un peu plus contre son corps, faisant mourir sa bouche au creux de son cou. Jennifer ferma les yeux, savourant la douceur de ses lèvres et l'odeur de son parfum.
"-Je suis la pire des égoïstes... Je me doute que tu as des liaisons, c'est normal... Mais depuis ton divorce, tu ne m'as jamais parlé d'aucune conquête. Et maintenant il y a cette femme... et d'un seul coup, ça devient réel...
-Je comprends, je ressens la même chose vis à vis de Ken. Je sais que tu es mariée mais tout à l'heure j'ai eu envie de le cogner pour t'avoir embrasser, c'est bête parce qu'il était là bien avant moi...
-Je suis désolée...
-Non, tu n'as pas à l'être... Si je n'ai jamais eu de relations sérieuses c'est parce que même si pendant toutes ces années je t'ai évité, il y avait une part de moi qui t'attendait... Et qui t'attends toujours.
-C'est pas juste pour toi!
-Mais c'est je le veux bien... C'est pour ça que j'ai décidé de donner une chance à Françoise. J'ai beau t'aimer passionnément, il faut que je me rende à l'évidence sur le fait que tu ne quittera pas ton mari et c'est ton choix et je le respecte mais il faut que tu respecte le mien...
-Je sais... Pour tout t'avouer, ça fait des lustres qu'il ne s'est rien passé entre nous. Je pense très sincèrement qu'il voit quelqu'un d'autre et j'ai envie de te dire que ça me va bien...
-Alors qu'est-ce que tu fais encore avec lui? où sont tous tes principes de femme forte et indépendante que tu prônes à longueur d'années?
-Je sais... C'est toujours bien plus simple de donner des conseils aux autres plutôt que d'agir pour soi. J'espère peut-être simplement qu'il le fasse lui...
-Tu sais quoi? Je n'ai pas envie de me triturer le cerveau avec tout ça ce soir. Avec toi dans mes bras et une vue pareille, je veux juste profiter de l'instant présent..."
Laurel lui sourit et la serra encore plus contre elle. Elle humait sa chevelure brune,embrassa son cou, ses joues... Elle aurait tout donné pour que le temps s'arrête. Jennifer tourna sa tête et frotta son nez à celui de la blonde puis,avec toute la tendresse du monde, vint poser ses lèvres sur les siennes.
-Je t'aime Laurel... Dès le premier jour où je t'ai vu, je t'ai ressentie dans tout mon corps.
-Je t'aime..."
Leur baiser reprit de plus belle, leur faisant oublier tout autour d'elles. Jennifer se retourna complètement face à Laurel, en appuie sur ses genoux. Les mains contres ses joues, elle intensifia leur étreinte. Laurel glissa ses mains sous la robe de sa maîtresse et s'agrippa à ses fesses musclées.
"-Nan on peut rien faire ici, tu imagines si un paparazzi nous surprenait? T'imagines la tête de nos filles en voyant ce genre de photos?"
-Et ton mari.
-Oui et mon mari...
- Force est de constater que pour une fois, tu as raison...
-Pour une fois?"
Jennifer se releva ajustant ses sous-vêtements, l'air faussement outrée. Elle passa la main dans les cheveux de la blonde pour la recoiffer.
"-Oui, oui pour une fois!
-Dommage en tous cas...
-Oui, ça promettait de grandes choses, mais c'est peut-être mieux comme ça."Elles reprirent toutes les deux le chemin de la civilisation et comme elle le promit à Ken, Laurel accompagna Jennifer jusqu'à son hôtel. A une centaine de mètres de l'arrivée, la brune s'arrêta et ramena sa belle vers elle, dans une ruelle sombre. Elle la plaqua contre le mur et l'embrassa si fort qu'elles oublièrent presque de respirer.
"-Je crois que nos chemins s'arrêtent ici.
-Oui. Ton bullmastiff va finir par se douter de quelque chose et va finir par me mordre!"
Jennifer lui sourit avec toute la tendresse du monde, lui caressant la joue et se dirigea en direction de son hôtel. Laurel attendit de ne plus la voir avant de tourner les talons.
Cette nuit là, elle ne rentra pas tout de suite retrouver les siens, elle déambulait dans les rues, tiraillée entre la joie d'avoir passé du temps avec l'amour de sa vie et la mélancolie de ne pas avoir pu l'avoir plus longtemps rien que pour elle...
Affaire à suivre...
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Et si c'était vrai...
FanficEt si leur amour avait dépassé fiction? Et si Jennifer Beals et Laurel Holloman avaient eu une aventure comme toutes les fans de série ont un jour spéculé? Et si c'était vrai?