Celine avait reçu la missive de son enfant après deux ans de mutisme. Deux ans que Chérif avait été accusé de meurtre qu'il ne daignât apporter motifs encore moins chercher à se déculpabiliser. Les meilleurs avocats ne savaient quoi faire face à son silence, ainsi il fut incriminé et jeté derrière les barreaux à sa fleur d'âge.
Sa maman et sa petite soeur Nafi qui venait de souffler sa dix huitième bougie, lui rendaient de temps à temps visite dans sa cellule mais Chérif gardait un silence assommant et les regardait à peine.
Elle venait de recevoir une missive, un cahier dont le destinaire était chérif son fils, son coeur rata un battement. Elle apprehenda à l'ouvrir, elle hésita puis partit s'enfermer dans sa suite, assise au milieu du salon loin des tintamarres de ses invités. Elle ouvrit le cahier et reconnut l'écriture très soignée de son enfant. Elle débuta la lecture, Chérif racontait son enfance sans rien omettre sous un style redonnant et des mots assez crus qui sortaient de ses trippes. Passant de l'abandon de ses parents, à sa scrabeuse vie au Daaraa, Celine arrivait à lire sur ses lignes le vecu complet de son enfant jusqu'au viol, son indifférence à l'égard de son enfant, la souffrance vécue chez ses oncles respectifs et puis le meurtre.
Elle sentit son cœur se serrer , se nouer, l'asphyxier... Comment avait-elle pu se comporter ainsi d'une manière aussi abrupte à l'égard de son aîné? Ses larmes tombèrent, elle feuilleta le cahier et sa respiration s'arrêta. Chérif continuait de vivre le viol en prison. Pour survivre en prison, il faut être sur les ailes d'un homme fort qui saurait nous défendre mais en contrepartie il fallait être l'objet sexuel disait-il
Il se faisait violer chaque jour par un gaillard qui ne le ménageait point mais qu'il était loin de se plaindre car en prison, c'est comme dans la forêt, la loi du plus fort trouve son sens. Il fallait se plier devant les plus grands pour éviter d'être abattu par les sabots des chevaux. Il s'était livré à l'homme le plus fort des lieux qui le protégeait contre les autres mais en faisait son objet sexuel le soir, son dîner.
Celine se mit à sangloter, elle bramait, elle ne se contenait plus. Elle ne savait pas que son enfant vivait ainsi depuis son exil. Comment pouvait-elle savoir? Elle l'avait abandonné lui et son défunt mari, pas une seule fois mais à chaque moment où Cherif réclamait son assistance. Elle savait pertinemment qu'elle avait échoué à son rôle de mère, elle s'était rapprochée sauf de l'essentiel, obnubilée par le gain, par le prestige. La voilà dans son grand hôtel tout luxueux alors qu'à côté son enfant se retrouvait en Jail sans rien demander. Allait-il un jour pouvoir lui pardonner? Elle était décidée plus que jamais à agir, il était temps qu'elle se rattrapât.
Elle prit rapidement sa douche et glana les contacts des meilleurs avocats du Sénégal et quelques etrangers puis les convoqua dans ses céans. Elle leur présenta à chacun la situation en étant prête à se sacrifier jusqu'au dernier des ronds . La solution semblait être facile, ils allaient invoquer la démence et la maladie chronique pour le deculper ainsi soudoyer pour avoir les preuves et ordonnances.
L'appel fut interjeté et un procès s'en suivit. Chérif arriva au tribunal l'air moribond, le corps chétif, la langue coupée de paroles. Il monologuait de temps en temps pendant que les avocats plaidaient d'arrache-pied en sa faveur.
Après une pause et une concertation des magistrats, le juge réclama le silence dans la salle.
Le verdict fut annoncé dans une atmosphère de cimetiére.
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Deux puces ( Tom 2 )
مغامرةMa plume qui ne fait objet d'aucune restriction a l'outrecuidance de toucher n'importe quel sujet et d'écrire tout ce qu'elle entend griffonner dans la mesure que tout se lie aux faits sociaux. Cette plume ne connait pas de tabou ; le tabou est , du...