Bien pour bien

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Le soleil dardait ses rayons sur les vitres de la voiture . La chaleur était insupportable en ces temps où on était  encore déshydraté après cinq minutes d'abreuvage... Une chaleur jamais rencontrée  .

Dans tous les cas,  c'était toujours ainsi;  chaque année,  on a l'impression qu'on faisait descendre quelques braises de l'enfer promis aux mecroyants et grands pêcheurs.  Beaucoup racontaient qu'Allah en voulait au pays du fait des nombreux péchés perpétrés " bone gui mo beuri si deuk bi" chantent certains.  Fût-ce vrai?  Peut-être!  Nous nous l'interrogeons. On a très souvent l'habitude de marier tout ce qui nous arrive aux péchés commis : pauvreté,  chaleur,  vent violent etc.  Peut-être c'est fondé,  mais le Sénégal ne fait-il pas partie des pays les plus religieux?  Si Allah récompensait par le dévouement,  la bonté,  la droiture,  il aurait été certain que le Sénégal ferait partie des pays les plus riches et les plus exemptés de catastrophe. Les Etats-unis est le berceau de la liberté,  du libertinage et de la débauche. Le péché est banalisé, rien n'est grave,  tout est normal;  ne sont-ils pas les plus développés?  Le pays le plus pêcheur , pourtant dont tous les jeunes rêves!  Paradoxe ou quoi?  Il est tendanciel au Sénégalais d'interpeller comme il veut les actes de Dieu. C'est à croire sans équivoque que Dieu a,  à côté de son palais ,  une assemblée où il a nommé les sénégalais comme presidents d'assemblée. Chacun est juge,  chaque discours est porteur de vérité , on les croirait prophètes quand ils analysent , sans cligner les yeux,  telle chose ou tel fait. Le sénégalais déborde de confiance , tous des théologiens. Ne sont-ils pas tacitement des secrétaires de Dieu sans que l'on sache? 
     Céline soufflait encore une fois dans sa voiture en profitant les derniers moments sous le climatiseur. Elle était avec son mari Cheikh Diagne pour venir rendre visite à leur fille... Nafi était partie il y'a maintenant sept mois
Devant face au cimetière , Cheikh aida son épouse à descendre,  qui ajusta son foulard et ses lunettes de soleil pour délimiter son mal qui venait encore traîner sur ses yeux. 
   Elle y venait très souvent;  Nafi lui manquait immensément. C'était sa vie,  l'enfant dont elle avait donné tout son amour sans mesure. Celine n'avait ménagé aucune bribe d'effort pour lui assurer un avenir radieux.

Nafi était une enfant très sage assortie d'une timidité discrète et très joviale. Ses moindres faits et paroles témoignaient l'innocence pure;  elle avait ,depuis toute petite , rêvé de fonder une grande famille et de s'occuper de ses enfants comme toute femme;  elle avait toujours voulu se marier très tôt,  s'était-elle confiée à sa maman. Elle n'avait rêvé pas grand-chose,  ni se tuer sur d'infernales longues ou etudes ni être étoffée de diplômes.  Ça n'avait jamais été une ambition,  elle voulait juste une vie casée et s'occuper de ses enfants comme une mère au foyer. Elle aurait été une bonne maman,  Nafi avait tant d'amour et de tendresse à donner  ; tout son avenir fut tracé lorsqu'elle rencontra Daouda.  C'était confirmé,  elle avait trouvé son homme, l'homme qui allait l'accompagner à mener la vie dont elle avait toujours rêvé;  mais l'homme qui allait être l'obstacle n'etait autre que Daouda qui avait bouffé ,sur une assiette , toutes ses ambitions conçues,  en un coup de fourchette.
  Depuis lors,  elle perdit repère et la raison d'être sur terre. Sa mère comprit la transformation monstrueuse de sa fille qui avait perdu tout appetit de vivre.  Peut-être fut-ce mieux qu'elle quittât cette terre qui s'était dérobée sous ses pieds?  Elle aurait pu faire plus de mal à elle et à son entourage. Tout sauf ça,  se disait Celine. Elle se disait que Nafi aurait pu resté et elle aurait pu l'épauler jusqu'à ce qu'une lumière d'espoir éclôt et qu'elle retrouvât l'envie de se battre pour  se réconcilier avec sa personne.

      Près de sa tombe,  Celine nettoya les alentours et l'intérieur pour dégager les feuilles mortes qui quittaient leurs branches et certaines pierres tandis que Cheikh etait plongé dans une profonde méditation . Ils se joignirent les mains et commencèrent la prière,  l'unique chose dont le mort a besoin.
Le mort qui était Nafi!  Quand une personne est morte,  elle n'a plus de nom,  elle est simplement appelée le mort ( Ndeww bi).
D'une seconde à l'autre,  on peut perdre son nom;  entre le sommeil et le reveil,  on peut perdre vie. Là on perd nom et prénom, tout  le monde dit " Ana ndéw bi?  Kagn lagniy robbi ndew bi?  Mome kagn la gagnou?  Mome louko diotone?  Ndew bi sangue nagn KO ba paré ".

Deux puces ( Tom 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant