Coup du destin

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Faty, Kagn ngay diouk lale bi?   ( Quand vas-tu quitter ce lit?)

    Son vieux papa s'était approché de sa chambre assise sur sa chaise roulante en toquant la porte sans retenu. Faty se leva en grognant pour signifier à son papa qu'elle s'était déja réveillée ;  elle jeta un coup d'œil à son téléphone et vit 3 heure du matin. Elle avait l'habitude dans tous les cas,  elle devait se lever pour prendre soin d'elle brièvement et préparer son papa pour l'aider à se préparer au boulot : la mendicité.  C'était la routine,  conduire la chaise roulante de son père pour quémander pièces qui servaient à couvrir les besoins vitaux.  Il fallait avouer qu'ils s'en sortaient à merveille;   chaque jour , ils pouvaient avoir jusqu'à 30.000 , si on calculait le mois en moyenne,  la recette s'élèverait à  900.000 FCFA , génial. Le weurseuk leur souriait par ce boulot,  le père de Faty l'obligeait à négliger ses soins pour paraître encore plus pitoyable. Du coup Faty devait laisser chaque matin son visage à moitié réveillé,  froissé qui dénonce la précarité,  la dureté de la vie...  Malgré cette negligeance corporelle,  sa beauté demeurait flagrante,  elle ne laissait pas vraiment le monde indifférent. Teint clair, les yeux pétillants et innocents avec un soupçon de sournoisie;  elle était radieuse avec une silhouette svelte,  seul ses fesses et sa poitrine d'athlète feminine troublaient la discrétion de son corps. Les hommes lui couraient comme des attardés mentaux,  combien de fois avait-il reçu des enveloppes d'argent  par des hommes en voiture qu'elle déclina  à l'insu de son papa. Elle ne touchait même  pas à l'argent quémandé,  elle soupçonnait même d'être la cause de tout cet argent collecté quotidiennement.
      Depuis la mort de sa maman qui était  une commerçante de légumes,  ils étaient dans ce quotidien de mendicité. Son papa avait perdu son boulot suite à son accident qui lui avait fait perdre l'usage de ses deux jambes;  ils ne trouvèrent meilleure solution que de mendier car pour le papa,  Faty ètait très jeune pour aller travailler et surtout qu'ils venaient d'arriver à Dakar,  ville dangereuse...  Là , Faty était arrivée  à le convaincre de son nouveau job décroché, servante dans un hôtel. Déscolarisée,  elle savait pertinemment qu'elle ne pouvait trouver mieux.

     Ils étaient ensemble sur leur place habituelle vers 6h après la prière  de Fadjar.  Ils trouvèrent sur place Soukey la dame voisine,  une handicapée et la saluèrent mais elle feignît de ne point ouïr. Son papa insista mais reçut un vent.

- Soukey,  que se passe t-il ? Nous t'adressons le salam depuis quelques minutes...

- ........

- Laisse papa,  sûrement elle est levée du mauvais pied aujourd'hui.

- Yaw Faty , tu te prends pour qui pour parler de mes humeurs matinales,  sale effrontée?  Je te conseille de rester à ta place avant que je t'y remette,  Yabaté!

- Wa Tata,  t'as quoi?  Je n'ai rien dit de grave,  papa que se passe t-il?

     Son père hocha sa tête d'inquiétude,  lui non plus ne comprenait rien de cette aigre attitude de la part de Soukeye.

- Soukeye , pourrais-je savoir ce que tu as?  Ma fille n'a rien dit  de grave à ce que j'ai compris.

- Tu la défends?  Oui normal parce qu'elle est ta source de revenus. Nous savons tous que tu utilises la beauté de ta fille pour soudoyer les passants. C'est vraiment sale de ta part,  Abdoul.

-  C'est pas mon père qui va te répondre mais moi . C'est ta jalousie qui a parlé aujourd'hui vieille mégère,  les passants comme tu le dis sont attirés par la bonté de mon papa et non par la beauté de sa fille comme tu le prétends. Si c'est cela,  prends ta fille Nafi et tu l'emmènes demain avec toi,  tu verras si tu auras autant d'argent que mon père.

- Je suis désolée ma fille,  l'argent sale,  je n'en veux pas.

- C'est Dieu qui donne, je suis en train de perdre du temps en te parlant.  Neu doy ! ( Qu'on en reste là!  ) cria Faty

    D'un signe de main,  son papa la supplia de se taire. Il se concentra à nouveau sur son chapelet d'un air triste. Contrit était-il!  Abdoul ignorait que la dame gardait une certaine haine à son encontre ;  ses propos étaient comme des balles. Pourtant à chaque fin de journée,  il lui remettait la somme de 5.000 CFA,  quel chameau cette dame!  La journée se passait ainsi,  à l'heure du déjeuner , Abdoul remit de l'argent à sa fille pour qu'elle achète deux sandwich. D'habitude,  ils partageaint le repas de Soukey que sa fille Nafi leur amenait. Mais aujourd'hui,  Soukey devait manger toute seule. Elle était dorénavant gênée de cette atmosphère qu'elle avait elle même créé!  Mais n'était-ce pas trop tard?  Faty et son père s'étaient déplacés de l'autre côté pour lui octroyer la paix.

    Le soir,  Faty devait aller bosser ce soir. Elle partit se préparer très vite et attendit son copain Malick. Ils sortaient depuis quelques temps,  Malick était un homme galant,  un chauffeur de taxi qu'elle avait rencontré dans la rue. Il avait insisté pour la déposer ce soir à son lieu de travail et de revenir la prendre;  il l'aimait désespérément,  l'obsession qui avait en lui une sorte de jalousie maladive.
   Malick s'était libéré de ses clients et venu à  l'heure prendre sa copine.

   - Je dois te l'avouer,  ton boulot est loin de me plaire.

- Pourquoi,  cheri?

- Primo,  vos heures sont abusées.  T'as vu l'heure?  Et tu descendras tardivement . Secundo,  le lieu. Bon sang Faty,  tu vas travailler dans un hôtel,  tu sais ce que c'est que un hôtel?

- Et?  Tu me fais pas confiance.

- Ce n'est pas une question de confiance.  Laisse tomber c'est pas grave , je pense que je devrais faire avec.

- Certainement,  il me faut ce travail.

- Et ce 31 Decembre?  On le passera pas en amoureux? 

- J'en suis vraiment navrée.

Le chemin continua ainsi en silence jusqu'à leur arrivée.  Elle la salua et descendit ;  le chef de son service lui présenta l'hôtel à nouveau et ce qu'elle devait faire ce soir. Faty l'aida à dresser les tables,  les nappes et puis partit à la cuisine nettoyer les assiettes. Très épuisée  elle s'assit sur le tabouret pour reprendre équilibre,  son patron leur avait toutes interdit de s'afficher dans la salle de cérémonie,  l'envie était forte avec cette belle musique mais elle était obligée.

  - Faty viens prendre ce plateau et amène le au troisième etage à la première chambre à ta droite.

    Elle obtempera en le prenant et en profita pour jeter un coup d'œil à la salle de cérémonie qui était sur le chemin. Le décor était beau et les convives splendides. Elle deballa les escaliers et heurta violemment un homme sur son chemin et tomba au sol.

  - Faty?  C'est toi?  C'est  pas possible

Deux puces ( Tom 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant