II - 1

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Le vol dure juste le temps de dire « ouf » et de me remettre de mes émotions.
Ma famille n'a pas pu se libérer, c'est Andoni qui me dépanne. C'est avec lui que je vais passer toutes mes journées vu que l'ai « privatisé ». Logiquement tout le mois d'août il est avec les siens mais cette année c'est différent. Dezio est en Italie encore pour une semaine, Biktor roucoule avec Lili, du coup il a décidé d'écourter. En même temps, Aria, la mama, n'a qu'une envie, l'étriper et c'est peu de le dire.
Quand je l'aperçois, les bras m'en tombent, où est le beau basque qui rayonnait de beauté ?
Son regard a perdu son éclat, il n'a même plus cette pointe de sauvagerie, seulement une extrême froideur qui tente de cacher sa souffrance. Dire qu'il est responsable de son état me met encore plus en colère.
Pourquoi est-il aussi fier ?
Pourquoi s'est-il muré dans un silence qui n'a fait qu'empirer les choses ?
Pourquoi a-t'il laissé le feu de la passion s'étioler ?
Pourquoi ne part-il la reconquérir ?
L'envie de le secouer comme un prunier est bien grande mais quand il me voit, j'abandonne les hostilités, pour l'instant.
_ Excusez-moi monsieur je cherche un homme d'une beauté renversante qui doit me faire danser toute la semaine. Pensez-vous qu'il est ici ? lui demandé-je en paraissant embêtée.
_ Hummm, je ne sais pas mais il serait bien bête de vous faire faux bon. Je veux bien être votre homme si vous le souhaitez mademoiselle. marche-t'il dans mon jeu.
_ Ah ! Tant mieux, merci, vous me sauvez la mise.
Après une courte étreinte nous prenons la voiture, mon regard se pose sur les rues qui défilent.
Je ne saurais vraiment me l'avouer mais une fois que je suis ici, dans ma ville, je réalise à quel point la maison m'avait manqué.

_ T'as réussi à le traîner ici ? s'étonne Lola.
_ Oui, je l'ai menacé.
_ Menacé ? De quoi ? grimace ma cousine Aurore.
_ De publier son célibat sur sa page pro, c'est moi qui la gère.
_ Maligne. me qualifie Mathilde mon amie d'enfance.
_ Ah ah, tu en doutais ? Et il va même se trouver un défouloir. dis-je.
_ Un défouloir ? demande Aurore.
_ Voui, il va faire un cours test pour un sport de combat, le footing ne lui suffit plus.
_ Whao, faudra qu'il fasse attention à ses jambes mais tant mieux ! Au fil des mois, depuis qu'elle est partie il est devenu l'ombre de lui-même. nous confie Lola.
_ Heureusement, je ne pense pas qu'il soit au point de non retour.
_ Tu crois ? J'ai essayé de l'impliquer dans la chorégraphie de mes tableaux mais rien n'y fait. Il s'évertue à tenir un planning de fou avec ses cours, il a même failli ne pas partir chez sa famille. Oh putain de merde. jure Lola.
_ Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète Clarice, sa compagne.
_ Regardez l'espèce de connasse qui s'approche du bar. répond Lola.
_ Elena. dit faiblement Clarice, comme si c'était une malédiction.
_ Je vais me la faire cette ... s'avance la volcanique Lola.
_ Laisse, j'y vais. la coupé-je.
Si Lola y va, Clarice ira aussi et nous finirons au poste.
Petit topo, Elena, éprise d'Andoni, est son ancienne partenaire de danse professionnelle depuis la pré-adolescence. Elle est manipulatrice et fourbe comme pas deux.
Mon amie Léonie en a fait les frais adolescente en surprenant son premier amour entre les jambes de cette garce. Eux, adultes, se jouaient d'elle, de sa naïveté, de son innocence et cela impunément. Elle a du s'exiler en Angleterre pour se reconstruire.
Le voisinage bordelais et un stage de danse a su réunir Léonie et Andoni, qui sans le savoir connaissaient tous deux cette garce. Depuis que Léo est partie étudier sur Stockholm, Elena tente de le séduire à tous prix mais essuie les échecs à répétition.
De dos, il ne l'a pas encore vu, il attend que notre deuxième tournée soit prête. Elle par contre, n'a que lui dans son viseur.  Plus que quatre mètres et c'est fichu. Bazar ! Il y a un de ces mondes !
Deux mètres...
Me voilà ! Plantée devant elle, je fais blocus. Elle ne me connaît pas, elle tente un pas sur le côté, je lui fais face. Elle relève la tête et croise mon regard, mais c'est qu'elle pourrait mordre ! Elle essaie d'aboyer mais je m'approche d'elle d'un coup, ce qui l'a fait reculer d'un pas puis de deux. Maintenant qu'elle a compris que ce n'était pas un hasard, je vais jouer les gros bras, je croise les doigts, faites que je sois convaincante sinon je vais devoir lâcher les fauves.
_ Si j'étais toi je partirai de suite.
_ Et pourquoi ça ? dit-elle sur un ton hautain avec des airs de pimbêche.
Pourquoi ça ? Elle est sérieuse ? Maman, pardonne-moi, ça ne va pas être joli.
_ Je suis là pour t'éviter de te faire casser ta petite gueule de pétasse. Tu te souviens de Lola et Clarice ?
Son visage grimace, ses yeux cherchent autour d'elle.
_ Table du fond sur ta gauche.
A voir sa tête elle les a vus.
_ Vous ne me faites pas peur. crache-t'elle en essayant de se convaincre.
_ Je peux moi-même te casser en deux, tu veux vérifier ? Ça ne prendra pas plus de cinq minutes, à toi de voir ?
J'avance d'un pas, du bluff total, je suis loin de la bagarreuse que j'étais à l'école primaire.
_ Dégages d'ici.
Elle me fusille du regard et tourne les talons. Je la suis jusqu'à la sortie du bar, surveillant qu'elle s'en aille vraiment. Quand elle se retourne, surprise de me voir encore là, elle sursaute et ne se retourne plus.
Wouhou !!!! Ça a marché ! Je vais peut-être me mettre au poker.

Tant qu'il fait danser mon cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant