II - 13

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_ Je ne sais comment tu as pu avoir mon adresse mais je t'interdis de revenir, tu n'as rien à faire ici...
Suite au message que Raffaele a fini par lire, il a de suite rappelé. Je regrette maintenant de l'y avoir poussé mais cette satanée lumière illuminait le tapis car traversait le verre de la table. Bien qu'il se soit isolé dans le bureau mon oreille attentive n'a pas de mal à entendre chacun de ses mots.
_ Je ne suis pas chez moi. Pour le bien être du voisinage, je vais finir par faire intervenir la sécurité du bâtiment [...] Je m'en contrefiche, fallait y penser avant, débarrasse le plancher aussi vite que m'a décision est ferme. C'était rien qu'une erreur. Tu as cinq minutes avant que je prévienne la sécurité.
Bonté divine ! Mais c'est qui ? Une ex ? Une liaison ? Ne me dites pas que c'est Katrina ?!
Mon moi intérieur fait des bons, le malheur des uns, fait le bonheur des autres.
Non mais ! Ressaisis-toi Adèle avant que je te mette une paire de baffes ! ordonne ma conscience.
Raffaele parle au gardien de l'immeuble. Il souhaite s'assurer que la jeune femme brune qui va sortir de l'ascenseur se voit refuser l'accès à l'avenir. Il lui rappelle les consignes de sécurité pour lesquelles il est payé. Je pensais que c'était juste un gardien d'immeuble pas un réel service de sécurité. Bon, c'est vrai que même le portier est plutôt baraqué mais quand même.
Raffaele va être d'une humeur de chien après ça, j'ai bien une idée. Après tout c'était mon programme initial. Il est encore tôt, j'allume la télévision et cherche les données de mon disque dur.
Raffaele sort du bureau et me regarde l'attendre en lui montrant l'écran.
_ A toi l'honneur ? Choisi. dis-je en lui tendant la télécommande.
Il lit l'écran, sourit et regarde sa montre.
_ Au retour, promis, c'est une excellente idée.
_ Comment ça au retour ?
_ On va faire une petite sortie. Couvre-toi bien, il fait froid.
_ Je peux garder mon short ou j'enfile un pantalon ? Je garde mes talons ? Car si je dois marcher autant les changer.
_ Non non c'est bon.
Sans plus attendre, j'enfile mon long manteau qui m'arrive jusqu'aux genoux et m'entoure d'une grosse écharpe.
_ Tu penses que ça ira ?
_ Il ne manque plus que des gants.
Je pars dans la chambre, avec mon manteau matelassé je ressemble à un beau rôti bien généreux. Adieu le sex-appeal !

Raffaele a tenu à ce que nous sortions par l'arrière du bâtiment. Son attitude ne me permet pas de poser des questions et honnêtement je ne pense pas que j'ai envie d'entendre les réponses. Le Uber nous laisse au Rockefeller Center où l'immense sapin étincelle la place de sa multitude de couleurs. Je suis Raffaele et m'étonne quand il se présente au Skate House. Oh ! L'homme lui tend deux paires de patins et prend nos sacs après que Raffaele ait pris un paquet dans le siens.
Je suis excitée comme une puce !
_ J'adore le patin à glace ! dis-je trop fort, ce qui fait sourire Raffaele.
_ Est-ce après la pâtisserie, un domaine où tu excelles ?
_ Pas du tout, tu le verras par toi-même mais j'adore ça ! dis-je en m'élançant tel un faon qui se dresse sur ses pattes.
_ Effectivement ! se moque Raffaele en prenant de la vitesse.
_ Hé !
Il ne perd rien pour attendre. J'essaie de le rattraper tant bien que mal mais j'ai peur de percuter les autres patineurs. Raffaele regarde où j'en suis et passe à côté de moi pour me narguer. « Monsieur je suis fier » continue son petit jeu pendant dix minutes. Pendant ce temps, je prends un peu d'assurance et mes gestes gagnent en fluidité. Les souvenirs de patins à roulettes et rollers referaient-ils surface ?
Ah ah ah, « monsieur qui se la pète » me tourne le dos, erreur. Je redouble d'effort et prend de la vitesse, faites que je ne tombe pas ! Il arrive au bout et va amorcer le virage, c'est sans compter sur Adèle la torpille. Malheureusement comme toute torpille, je n'ai pas de système de freinage mais ça, je m'en rends compte qu'au dernier moment.
Du coin de l'œil, Raffaele m'aperçoit à temps, faites qu'il ne m'esquive pas, car je vais m'étaler sur la barrière. Mon Dieu ! Je vais nous faire tomber par terre, oh la honte !
C'était sans compter sur « monsieur je gère », qui campe sur les jambes, les fers bien ancrés pour recevoir le boulet que je suis. Le choc n'est pas si terrible que ça, Raffaele me retient avec force car mes jambes, elles, auraient bien suivies leur course.
_ Et bien ! Je vais peut-être t'apprendre à freiner. dit-il en écartant quelques mèches de mon visage.
_ Ça serait sympa au lieu de faire le paon. dis-je en faisant mine de bouder alors que je n'ai qu'une envie, rester dans ses bras.
_ Le paon ?! Jamais. dit-il en souriant.
Il passe la demie heure qui suit à m'apprendre à freiner et me rattrape plus d'une fois. Nous patinons cette fois-ci l'un à côté de l'autre, j'immortalise nos visages autant rougis par l'effort que par le froid.
_ Merci, c'est une belle surprise. lui dis-je.
Il se contente de garder le silence tout en me regardant, de manière indéchiffrable.
Nous continuons de patiner, jusqu'au moment où il me prend la main et nous arrêtons au centre de la patinoire. Il sort un petit paquet de sa poche, une boîte turquoise, Tiffany.
Oh mon Dieu ! Ne me dites pas que ? Je regarde discrètement les gens autour de moi, certains regardent en souriant, oh non non !
_ Joyeux Noël. me dit-il en me tendant la boîte.
Je me rapproche de lui et referme ses doigts sur la boîte. Il ne comprend pas et se penche vers moi.
_ Raffaele, regarde discrètement autour de toi, nous sommes au Rink at Rockefeller Center, tout le monde va penser que tu me fais ta demande.
_ Comment ? Mais je n'ai pas le genou à terre.
_ Tu veux dire à glace ? Et si nous échangions nos cadeaux à la maison.
_ A la maison ? dit-il en souriant.
_ A l'appartement de fonction si tu préfères, mais c'est moins joli.
_ Donc à cause de personnes romantiques au possible, tu ne vas pas ouvrir mon cadeau aux pieds de ce super sapin ?
_ Oh, il nous manque le sapin c'est vrai ! Ne leur en veux pas, ni même à moi. Je n'ai même pas le tiens ! Et tu sais, ouvrir ses cadeaux le 25 au matin, c'est mieux.
_ Tu trouves ?
_ Oui, j'aime observer les têtes enfarinées du matin découvrir leur cadeau.
_ En parlant de ça. J'exagère certainement mais je préfère prendre mes précautions. Je peux dormir chez toi cette nuit ?
Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il raconte le monsieur beau comme un Dieu ?
_ Euh...
C'est le seul son qui sort de ma bouche.
_ Je voudrais continuer à passer une bonne soirée.
Hein ?! Que ?! Qu'est ce qu'il vient de dire ?!
_ Je dormirais bien sûr dans la seconde chambre.
Douche froide, tombé de rideau, nada, niet, que dalle.
_ Je t'expliquerai plus tard, je ne veux pas en parler pour l'instant si ça ne te dérange pas.

Tant qu'il fait danser mon cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant