Tant qu'il fait danser mon cœur

I - 17

_ Mon Dieu, ça se voit que je vais exploser ? demandé-je à Chiara en lui montrant mon ventre bien tendu.
Elle sourit avec espièglerie avant de me répondre.
_ Lui non, tes seins oui.
Oh ! J'entends un rire retenu, Flavio, je croyais que nous étions seules.
_ Vous me rejoignez à la piscine ? demande-t'il l'air de rien.
_ Oui vas-y, pars devant. répond sa sœur.
_ C'est malin, il a entendu.
_ Alors là, tu n'imagines même pas les discussions que j'ai pu surprendre entre mes frères quand ils étaient ados.
_ Mouais, je vois, évitons les détails.
Étant donné la froideur de l'aîné, j'ai du mal à l'imaginer tenir des discussions graveleuses, mais on a tous était ado un jour.
_ Où est Raffa ? Tu l'as vu descendre ?
_ Non.
_ Roh, attends je l'appelle, j'ai pas envie de le chercher.
Chiara compose son numéro, messagerie.
_ Je vais voir sur la terrasse, tu peux aller vérifier à l'intérieur s'il te plaît ? finit-elle par demander.
_ Oui bien sûr.
_ Si je ne le trouve pas, tant pis je lui envoie un message et il nous rejoindra s'il veut.
_ Ok.
Bon super, me voilà à la recherche de « Monsieur regard de pierre ». Pas de Raffaele dans les pièces à vivre, ni dans la bibliothèque, je ne vais quand même pas aller dans l'aile des chambres. Je commence à rebrousser chemin quand j'entends avec peine une voix dans le bureau. Derrière la porte, j'écoute, c'est bien lui et il n'a pas l'air enjoué d'après son ton.
_ Non, ce n'est pas une bonne idée... Je viens de recevoir un message, je dois te laisser... Tu ne me feras pas changer d'avis... Très bien, à dans trois semaines.
Ouf, si je le pensais froid alors là je peux vous garantir que c'était glacial. Super il va être d'une humeur massacrante pour le reste de la journée. Tant pis, je toque à la porte. Punaise ! Elle s'ouvre aussitôt ! Quelle frayeur !
_ Tu étais là depuis longtemps ? demande-t'il sur le même ton.
_ Je viens d'arriver.
Menteuse.
_ Hum. Je viens d'avoir le message de ma sœur, je vous rejoins.
_ Ok.
Je commence à partir quand, une fois le dos tourné, il me demande.
_ C'est pas lassant d'être autant apprécié ?
_ Pardon ?
_ Les gens qui t'entourent ont l'air de tous t'adorer.
_ Je ne suis pas une fille méchante, je suis comme ça c'est tout. A prendre ou à laisser. Par contre, si tu me fais une fois dans les bottes, je saurais m'en souvenir, crois-moi.
_ Des menaces ?
_ Je devrais ? J'aime pas les faux jetons, dis-moi le fond de ta pensée.
Il a l'air surpris que je passe à l'offensive.
_ Le monde est tout rose selon toi ?
_ Pas du tout. Je préfère juste prendre les choses du bon côté et faire ressortir ce qu'il y a de meilleur en nous, plutôt qu'être froide comme la glace et limite asociale.
_ C'est comme ça que tu me vois ? dit-il offensé.
_ Ce ne sont pas les rares lueurs d'espoir qui vont changer grand chose. Regarde-toi dans un miroir, constate par toi-même la présence permanente de ce froncement de sourcil, cette mâchoire serrée, ce regard de tueur et dis-moi ce que t'en penses ?
_ Tu ne me connais pas. tranche-t'il sévèrement.
_ Et bé tant mieux car toi non plus. Un par tout. Sur ce on m'attend. dis-je sur un ton qui ne laisse pas de doute sur mon agacement.

Punaise, mais quelle mouche l'a piqué ? Elle devait être sacrément coriace pour l'avoir mis dans cet état.
Ni un ni deux, j'arrive au pool house, happy face de rigueur.
_ Alors ? demande Chiara déjà les pieds dans l'eau.
_ Il me semble qu'il nous rejoint.
_ Ok.
En passant mon maillot, j'ai l'impression que j'aurais dû remettre l'autre, je m'y sens plus à l'aise. Ce n'est pas qu'il est sexy mais l'autre couvrait davantage et faisait moins ressortir ma poitrine. Celui-là c'est un shorty, juste au-dessous du nombril, entièrement prune et le haut, imprimé liberty dans les tons de prune sur fond blanc, est formé de deux triangles se clipsant derrière la nuque et se nouant dans le dos après deux tours à la taille. En soit, rien d'affriolant mais sans parler de complexe car là n'est pas la question, j'expose davantage de peau donc pour moi, plus de vulnérabilité. C'est peut être bête mais c'est comme ça. J'avance mon bidou à l'air et mes seins se câlinant l'un l'autre.
_ T'as un piercing ? constate Chiara en fixant mon nombril.
_ Tu ne l'avais pas vu ?
_ Non je n'ai pas fais attention.
_ Pure revendication que mon corps m'appartient, j'avais seize ans.
_ Comme les tatouages ?
_ Oh non, eux, quand je les effleure, je m'évade très loin et je les chéris pour leur pouvoir. L'encre n'a pas fini de couler sous ma peau.
_ C'est joliment dit. intervient Raffaele que personne n'avait vu arriver.
Tiens, il est de meilleure humeur ?
_ Quel est le prochain ? demande curieusement Chiara.
_ Pas de coup de cœur ni de flash pour l'instant, j'ai déjà beaucoup de clins d'œil.
_ Comme ?
_ Si je te les énumère, tu risque de perdre pieds vu que tu n'as aucune référence sur la japanimation. Raffaele aurait pu rectifier le tir, ça aurait éviter ta confusion avec les mangas.
Son frère aîné ne répond rien et se contente d'entrer dans l'eau.
_ Pour ma défense j'avais interdiction de rentrer dans son monde. Si j'avais le malheur de pousser la porte, je me prenais un coussin dans la figure.
_ Et après elle se plaignait en courant dans toute la maison à qui voulait l'entendre. rit Flavio.
_ Tu peux parler, toi, tu bloquais carrément la porte. réplique sa sœur.
_ Encore heureux ! Tu étais trop petite. affirme Flavio.
_ Des dessins animés restent des dessins animés qu'ils soient japonais ou pas.
_ Chiara c'était pour adultes.
Oh, apparemment sa sœur n'était pas au courant et reste muette comme une carpe.
_ Bon, viens, je vais te faire un topo. dis-je en clôturant la discussion.

C'est comme ça que je me suis retrouvée à parler de mangas, qui est tout simplement une bande dessinée japonaise, d'anime également appelé parfois japanime ou japanimation, qui désigne une série d'animation ou un film d'animation en provenance du Japon.
De ce fait elle a appris que ces deux frères regardaient des animes de tous types, qu'ils la préservaient de scènes pouvant être violentes ou même choquantes pour son jeune âge, vu les allusions de Flavio pour les ecchi (sensuel, érotique) et les hentai (pornographique).
Par contre elle a ronchonné quand elle a découvert la beauté des longs-métrages qui passionnent Raffaele. Mais je me suis faite l'avocat du diable en lui expliquant que certains films étaient très durs par moment. Elle s'en est rendue compte quand je lui ai énuméré les synopsis des long-métrages des studios Ghibli. Pour prendre conscience de la portée de beaucoup de ces films, il faut avoir un certain recul que seul l'âge de l'adolescence, minimum, est capable d'avoir.