Tant qu'il fait danser mon cœur

III - 15

_ Tatie ! s'écrit Lili en dévalant les marches  de la propriété charentaise.
_ Oh ma chérie. dis-je en la serrant de toutes mes forces.
_ Je suis trop contente. dit-elle contre mon épaule.
_ Moi aussi mon trésor, tu n'as pas idée. dis-je avec joie, gardant pour moi le regret de mon absence depuis dix longs mois, punaise, dix, longs, mois.
_ Viens je vais te présenter mon frère et ma sœur.
_ Avec plaisir.
_ Mais quelle robe ! s'exclame Élise depuis la terrasse.
_ Tu as vu ça ! Attends c'est un 46 !
_ Je me disais bien aussi. dit-elle en me faisant un clin d'œil.
_ C'est du grand art ! ajoute Roman en sortant de la maison.
_ Prépares-toi à avoir ces couleurs dans ton garage.
C'est vrai qu'un caméléon se perdrait lui-même dans le méli mélo coloré.

Oh petites merveilles de la vie, Lizzie et Lyov ravissent mon cœur. Bien qu'à bientôt deux mois ils restent si petits, si fragiles, si innocents. Leurs grimaces, leurs soupirs bienheureux, leurs sourires aux anges, toutes réactions vous chamboulent. Les yeux encore humides, je serre fort la main de Lili pendant qu'elle me raconte des anecdotes concernant les débuts de Ralph dans son rôle de parrain. Heureusement, qu'avec Aleksander, les deux parrains sont proches comparés aux marraines, entre le Brésil pour l'une et la bougeotte de l'autre, on s'y perdrait presque.

_ Alors t'as trouvé ton Monsieur Pactol ? lance Roman en faisant référence à notre discussion de vacances en Italie.
_ Brièvement, il m'a quitté pour une cougar bling bling. soupiré-je de manière théâtrale.
_ Que veux-tu, c'est dans les vieux pots qu'on fait la bonne soupe, demande au pré-pubère national. plaisante Elise en faisant référence au président actuel.
_ Beurk, je vais vomir. réagit son homme en grimaçant de dégoût.

Les petites plaintes gémellaires témoignent la faim vorace de leurs estomacs pourtant miniatures, signal qu'il est maintenant l'heure de manger pour eux. Élise gère l'allaitement aussi bien que pour Lili, Roman l'aide à caler confortablement les petits.
_ Une vraie vache laitière. plaisante mon amie après être bien entourée.
_ Maman dit tout le temps ça, mais c'est très important pour mon petit frère et ma petite sœur. ajoute avec sagesse Lili.
_ Oui, regarde toi, tu as une santé de cheval.
_ De cheval ?
_ Encore mieux que celle d'Imperior. ajoute Élise en parlant de l'hongre dont elle s'occupe.

Roman est hypnotisé par l'image de sa compagne nourrissant leurs enfants. Dieu que les sentiments émanants de son expression sont beaux. Dans ma vie, je n'ai pas vu beaucoup d'hommes regarder leurs femmes avec autant d'amour.

Ce bel atmosphère m'a dorloté pendant une semaine. Me voilà après trente-cinq minutes de trajet, arrivée à la gare, celle de chez moi, avec sa haute structure métallique et son immense horloge, Bordeaux.

_ Ah, bonjour ma petite puce.
_ Bonjour mamie, comment vas-tu ?
_ Oh, tu sais, que du vieux. plaisante-t'elle l'œil rieur.
_ Ah bé ça tombe bien moi aussi.
_ Malheur, heureusement que c'est faux ! Bon, un bel homme a-t'il cueilli ton cœur ?
Le visage de Raffaele me saute à la figure, hum, moi qui essaie de me barricader, cette attaque est totalement inattendue.
_ Ah ça c'est difficile à dire mamie.
_ Difficile ? Mais quand est-ce que j'aurai des arrières-petits-enfants ?
_ Houla. Pour l'instant je laisse ça à Camille.
_ Ton frère ? Dieu que non, sa copine sort à peine de l'adolescence.
_ Mamie, chut, tu exagères, Eve a vingt ans.
_ Pfff, moi je dis qu'elle ment sur son âge. Béatrice ma chérie tu n'es pas prête d'être grand-mère ! s'écrie mamie pour être entendu de tous.
Mes parents arrivent sur ces entrefaites et sourient aux âneries de mamie.
Mamie Léonce est ma grand-mère maternelle, je l'aime et la chéris plus que tout. C'est un bout de femme au caractère bien trempé et à la langue pendue, un vrai phénomène.
On sonne à la porte, mon frère, la famille est enfin réunie. J'embrasse Camille et lui glisse quelques mots au passage.
_ Dis, tu veux pas faire un petit à Eve ?
Nom d'une pipe ! Vous verriez la grimace qu'il vient de faire, c'est à se tordre de rire. Bref, ça ne va pas arranger mes affaires.