Sister's Sister [FR]

Chapitre 24 : La mort en perte de vue

Le battement que j'entendais n'était que le son de mes tympans. Abasourdie.

La pluie ne me mouillait même plus. Du moins, je ne sentais plus aucune goutte me tomber dessus. Pourtant, il pleuvait toujours des cordes.

Mon regard restait posé sur l'arme blanche dont la lame était toujours au travers de mon ventre.

J'avais l'impression que j'étais paralysée. Mes membres ne bougeaient pas.

Néanmoins je pu enfin détourner le regard, le levant lentement vers ma sœur.

Susan... tremblait. Pas de froid, mais d'horrifiée. Elle leva aussi son regard jusqu'à croiser le mien, son visage crispé entre bouche mi-ouverte et yeux écarquillés.

Rapidement, elle retira son cutter avant d'expirer un gémissement paniqué. Je baissais mes yeux vers mon ventre, ne voyant ni sang, et ne sentant rien.

La voix de ma jumelle perçait le battement de mes tympans lorsqu'elle dit en reculant de quelques pas :

"Tu n'existes pas... Tu es dans ma tête !"

J'étais perdue.

Et mon attention resta alors sur mes mains et mon corps, quand je cru les voir devenir...

Transparent.

Oui, je commençais à voir à travers mon propre corps.

J'étais... Comme ces fantômes.

"C'est pas... Possible..." lâchais-je en relevant ma tête vers Susan.

Je pense avoir la même expression faciale qu'elle. J'avais peur de comprendre...

J'avais peur de comprendre que...

J'étais moi-même un fantôme.

Pendant tout ce temps...

Peut-être depuis mon réveil.

Quelque chose au plus profond de mon être semblait naître. La réalisation, les conséquences des choses... Aussi peut-être de comprendre pourquoi Susan me voyait...

Mais comment elle savait que...

"S-Susan..."

En prononçant pour la énième fois son prénom, je fis un nouveau pas vers elle, tendant ma main vers ma sœur.

J'avais peur... Autant qu'elle.

Et quand je pu enfin la toucher, effleurer son épaule avec le bout de mes doigts...

Enfin plutôt que mes doigts passaient à travers son corps...

Il eu un soudain flash blanc, m'aveuglant et faisant disparaître au passage tout ce qu'il y avait.

J'en lâchais un petit cri de surprise, aveuglée que j'en fermais les yeux.

Quand je retrouvais la vue, ou plutôt quand j'ouvris mes yeux.

C'était étrange.

J'étais... Dans le couloir du 4ème étage de l'école. Et pas que... Les fenêtres sortaient en rayons d'un soleil couchant.

On dirait que c'était le soir, il n'y avait personne dans ce couloir...

Quant-à-moi... Je flottais... Je flottais dans les airs, presque dos au plafond.