- Levi?
Un peu plus tard en soirée, alors que les deux hommes discutaient tranquillement entre eux, je fus apostrophé par Carla. Son regard était tendre, mais légèrement peiné. Je me souvins, d'un coup, de la mystérieuse scène qu'elle avait faite lorsqu'elle m'avait vu pour la première fois.
- Oui? demandai-je, ne comprenant pas ses yeux tristes.
- Je dois te montrer quelque chose de très important. Suis-moi.
Ce que je fis donc, désirant plus que tout apprendre ce qui la tracassait autant. Nous montâmes à l'étage, dans la chambre des maîtres. Carla m'invita à m'asseoir sur le grand lit tandis qu'elle fouillait dans le garde-robe. Une vieille boîte à souliers était cachée dans le fond de la tablette supérieure. La dame alla la chercher, n'ayant aucunement besoin d'un tabouret, et, avec cette précieuse boîte entre les mains, elle vint me rejoindre. Carla s'assit doucement à mes côtés, me jetant un petit coup d'œil alors que je lisais le nom inscrit sur le couvercle de carton : « Kuchel Ackerman ». C'était décidément le nom de ma mère... Mais...
- Comment...?
- Tiens, Levi. Je crois que cela te revient de droit plus qu'à moi. Tu mérites de connaître la vérité.
- La vérité? répétai-je tout en prenant doucement la boîte qu'elle me tendait.
- Oui. Aller, ouvre.
Cédant à la curiosité, je soulevai le couvercle. À l'intérieur du petit contenant se trouvaient des photos, des objets anodins tels des bijoux fabriqués à la main ou des petits coquillages, des dessins et des lettres. J'observais le tout avec émotion, sentant mon cœur se comprimer dans ma poitrine. À côté de moi, Carla, toute souriante, m'expliqua l'histoire de ces souvenirs.
- Kuchel et moi nous étions rencontrées au collège, commença-t-elle. Kuchel était si timide que, pour me demander d'être mon amie, elle m'avait écrit une lettre.
Carla tira un petit bout de papier plié en quatre. En l'ouvrant, on pouvait voir l'écriture maladroite d'une jeune main. J'eus un faible sourire en ayant une pensée pour ma propre timidité. Soupirant de nostalgie en relisant pour une énième fois ce petit mot, la mère d'Eren finit par replier papier.
- J'étais populaire dans le temps... Kuchel devait craindre cette sorte de hiérarchie, ce dont pourquoi elle n'osait pas me parler en face les premiers temps... Puis, nous avons grandi ensemble. Le lycée, ensuite l'Université et le marché du travail... Jamais nous ne nous étions quittées et, lorsque nous ne pouvions pas nous voir physiquement, nous nous échangions des lettres.
Doucement, Carla fouilla jusqu'au fond de la boîte à souliers afin d'en sortir une lettre, bien plus récente que la précédente, qui n'était que pliée en deux. Plusieurs feuilles étaient reliées ensemble par une petite pince. Je n'osais pas interrompre madame Jaeger dans son récit, complètement suspendu à ses lèvres. Les yeux pleins d'eau, Carla mit entre mes mains ces lettres qu'elle venait de tirer de la boîte à souvenirs.
- Tiens. Lis ça. C'est... Ça explique tout... Kuchel avait une fine plume. Elle pourra mieux te raconter notre... relation que je peux le faire oralement...
En effet, la voix de la femme vacillait légèrement. Je la sentais très émue. Encore après tant d'années, Carla était toujours sensible d'aborder le sujet de ma défunte mère. Tenant le papier légèrement usé dans mes mains, je parcourus rapidement mes yeux sur la lettre manuscrite. À quelques endroits, le papier était ondulé : sans doute que Carla avait pleuré sur ce papier.
Tout juste avant que je ne débute la lecture, Eren apparut dans le cadre de la porte. Il vint s'asseoir à ma droite alors que sa mère était à ma gauche. En remarquant la boîte sur mes genoux, les questions du jeune homme devaient sans doute avoir trouvé une réponse. Comme s'il me réconfortait à l'avance, il posa un bras sur mes épaules. Me sentant prêt, je commençai cette lecture qui s'annonçait plus que pénible...
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Destinés
FanfictionL'histoire de deux âmes-sœurs... Le quotidien de Levi est un véritable calvaire. À tout instant, il a peur qu'on découvre son terrible secret. C'est pourquoi il tient absolument à avoir une vie normale ; pour oublier cette facette de lui qui le répu...