Cela faisait des jours que j'attendais. Je patientais au chevet de mon amour, torturé par le silence et la noirceur. À chaque minute, à chaque seconde, je priais pour que ses paupières se soulèvent à nouveau, que ses yeux d'émeraude croisent mon regard et que son sourire adorable illumine son visage.
Mais non, au lieu d'être accueilli par le bonheur, la mort planait. Le silence m'accompagnait, pesant, alors que je caressais le visage immobile d'Eren. Quand je repoussais l'une de ses nombreuses mèches marron de son visage, en profitant du même coup pour perdre ma main dans sa chevelure épaisse, j'observais le masque à oxygène qui emprisonnait la moitié de sa figure.Je ne pouvais pas croire qu'un autre malheur s'abattait sur nous. Pourquoi...? Pourquoi un couple aussi normal que nous devait souffrir autant? Plus les jours s'écoulaient dans une lenteur lasse, plus j'étais convaincu que la Vie nous privait de tout bonheur. J'étais un aimant à malchances, cet événement tragique le confirmait. Cette fois-ci, c'était Eren qui en payait le prix. Le destin s'était tragiquement abattu sur lui et il devait payer les conséquences de sa vie.
Après son malaise à son appartement, une ambulance l'avait transporté d'urgence à l'hôpital. Nous avions enfin appris ce qui s'était passé : son cœur, déjà affaibli par sa malformation naturelle, avait bloqué à cause d'un caillot. Tout était fini, nous ne pouvions rien faire pour sauver le cœur d'Eren à ce stade. ll lui fallait à tout prix un nouveau cœur, un donneur devait se présenter le plus rapidement possible. Cependant, la courte liste se rapetissait encore plus, car le groupe sanguin de mon amant était spécial : il devait absolument recevoir un cœur d'un donneur de type O-. Les médecins n'étaient pas encourageants en nous annonçant que les donneurs de cœur étaient extrêmement rares. En attendant docilement qu'une personne décédée qui aurait signé sa carte de don d'organes et qui ait le même groupe sanguin qu'Eren se présente, on avait branché une effrayante machine à mon amant afin qu'il puisse survivre quelques temps sans cœur. De plus, afin de lui éviter de nombreuses souffrances inutiles, les médecins avaient décidé de le placer dans un coma artificiel et contrôlé. Ainsi, les personnes en charge de lui allaient pouvoir garder un œil sur son état de santé.
Les jours étaient devenus insupportables. Sans mon Eren, je n'étais plus rien. Je ne pouvais pas me résoudre à le perdre alors que mon amour pour lui était plus profond que jamais. Je réalisai, à cet instant, que ma vie n'avait plus aucun sens. Les matins n'étaient plus doux ; un goût amer avait pris la place de la sensation sucrée des rayons de soleil. Je ne voulais pas croire que je devais me lever seul, cuisiner pour moi uniquement et aller au travail en n'attendant personne. Je redevenais comme avant, à l'époque que je ne connaissais pas encore Eren, mais j'étais atterré par l'interminable séjour de mon amant à l'hôpital. Une tristesse douloureuse possédait mon corps entier et elle m'affaiblissait. Je n'avais plus cette énergie qui me permettait d'être incroyablement productif au café. Heureusement, tous mes collègues comprenaient la situation qui m'abattait et ils se montraient spécialement doux avec moi. Je donnais tout ce que j'avais lorsque je bossais, mais il était extrêmement pénible de revenir à la réalité une fois le travail terminé. Un soir, Hanji m'avait déjà surpris à me tenir seul, sous la pluie, attendant qu'Eren vienne me chercher pour aller manger un morceau au chaud. Je ne pouvais pas croire que tous ces moments de tendresse venaient de dramatiquement prendre fin.
Ce que les Jaeger avaient tant redouté venait de se produire. Leur petit venait d'épuiser toutes les capacités de son cœur et il fallait de le remplacer dans l'immédiat. Lorsque je croisais les parents de mon amant lors de visites, je constatais à quel point la perte d'Eren nous ébranlerait tous. Je voyais à travers les yeux de Carla la culpabilité de rester impuissante face au problème de santé de son fils. Grisha, lui, paraissait honteux de ne pas avoir pu éviter ce jour fatidique : en tant que médecin de renom, il s'en voulait énormément d'avoir failli à son devoir - de docteur, mais également de père. Durant cette épreuve déchirante, le lien entre nous trois s'était forgé afin de devenir indestructible. Nous nous encouragions durant cette passe pénible, mais nécessaire, en attendant le cadeau divin. Nombreuses avaient été les nuits où je m'étais assoupi, les joues humides, auprès de mon copain ; trop fréquents avaient été les matins ensoleillés où les parents d'Eren étaient venus me réveiller après multiples songes torturés.
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Destinés
أدب الهواةL'histoire de deux âmes-sœurs... Le quotidien de Levi est un véritable calvaire. À tout instant, il a peur qu'on découvre son terrible secret. C'est pourquoi il tient absolument à avoir une vie normale ; pour oublier cette facette de lui qui le répu...