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Depuis notre enfance, on nous répétait que les enfants quitteront le logement familiale juste avant leur majorité. Mais pas que nos parents le quitterons avant nous.
Au début, nous étions quatre au sein du logement familiale : ma mère, mon père, mon frère et moi. Mon père. Il était très présent dans notre Section. Je ne crois pas mentir en disant que c'était l'un des hommes les plus importants. Mais lui était différent. Il ne disait pas la même chose que ce que l'on apprenait à l'école. Par exemple, il disait que chacun avait le droit de choisir si le résultat du teste nous convenait. Drôle d'idée n'est-ce pas ? Malheureusement, tout le monde ne pris pas ses propos aussi légèrement que moi. Cette insinuation avait été interprété comme un refus de la loi. Il a été exclu. Exclu, lorsque ma vie ne comptait alors que cinq années. Le motif : trahison. C'était injuste et carrément excessif.
Je l'aimais mon père, même si c'est peut être un peu abstrait comme sentiment.
Je me souviens très bien de ce jour. Ethan n'était pas encore rentré de l'école. Je goûtais au côté de mes parents quand des gardes sont venus le chercher. Personne ne riposta. Nous étions toutes les deux, ma mère et moi, à observer des Hommes en uniforme enlever la personne qui nous servait à tous d'exemple. Mais personne ne bougea. On savait tous très bien ce qu'ils allaient lui faire : le retirer du Classement, le faire quitter le logement, l'exclure.

A son retour, quand Ethan apprit que mon père fut exclu, il entra dans une colère folle. Il fuya le logement familiale pendant près de deux jours mais finit par revenir. Je me souviens de son visage strié par les larmes qui n'avait sûrement jamais cessé de couler durant sa fugue. Sa vie ne comptait que six années. C'est à ce moment-là que ma mère commença à changer.

Elle devait maintenant assumer le rôle de mon père et le sien, tout en remettant de l'ordre dans notre famille. Lorsqu'elle n'était pas d'accord avec nous ou que quelque chose la contrariait, elle prit alors l'habitude d'attraper le premier objet qui lui venait sous la main et de le claquer au sol. Au fur et à mesure de ses crises de colère, elle cessa le viser ce pauvre sol...
Mais mon frère et moi n'avons jamais broncher. Ça ne servait à rien d'envenimer encore plus les choses. Et puis, notre foyer souffrait déjà assez de la disparition de notre père. De toute façon, la loi n°47 elle même nous défendait de riposter :

"Chaque enfant habitent encore au foyer familial doit l'entier respect à ses parents quelque soit l'éducation choisie"

*

Je sortis de la douche et empoigna une serviette qui pendait du lavabo. Je m'en recouvris en la passant sous les bras et m'approchai d'une pile de vêtements que ma mère avait préalablement pliés. L'heure tournait, il ne devait rester qu'une heure et demie avant le début des testes.

Quand je dépliai la pile, je découvris qu'il ne s'agissait en réalité que d'un seul vêtement. Je tenais entre les mains une combinaison blanche, qui semblait être beaucoup trop large pour moi. Lorsque je commençai à l'enfiler, que constatai qu'il ne s'agissait pas que d'une hypothèse : la combinaison était vraiment trop grande.
Mais quand la fermeture de devant fut complètement fermée, le vêtement commença à se contracter.

— Wow ! C'est quoi ça ?

Il rappetissait à vu d'œil, jusqu'à finir par épouser parfaitement chaque courbe de mon corps.
Le vêtement me recouvrait ainsi des chevilles jusqu'en haut de mon cou. Même mes doigts en étaient recouverts. Je me sentis un peu gênée, je n'avais pas l'habitude de porter des vêtements aussi moulants.
Je m'attachai les cheveux en queue de cheval et rassemblai mes anciens vêtements pour les mettre dans une caisse où traînaient tous ceux qui devait être lavés.

Quand je sortis enfin de la salle de bain et entrai dans le Salon, je découvris mon frère à table, en train de manger. Il était vêtu exactement de la même tenue que moi. Même combinaison blanche, avec là aussi pour seul détail la fermeture à l'avant qui fermait le vêtement.
Quand il m'aperçut, il lâcha son couvert et me sourit :

— On peut pas dire que la rapidité soit ton point fort.

Je jetai un regard rapide dans la pièce avant de m'y introduire complètement. Ma mère n'était pas là.

— On peut pas être parfait... Répondis-je en lui lançant un petit clin d'œil.

Je m'assis en face d'Ethan qui me servit une énorme portion de céréales.
Face à face avec mon frère, c'était tout naturellement que notre discussion s'orienta vers le sujet de notre examen.

— Nous ne serons plus jamais ensemble. Dis-je, inquiète.

— C'est impossible, je suis sûr que nous répondrons à 90% les mêmes réponses. Me répondit-il d'une voix assurée sans même me jeter un regard. On sera dans la même Section.

— Tu as sûrement raison...

Three Thousand OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant