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Je me retournai et vis Ethan qui peinait à se frayer un chemin à travers toute cette foule. Arrivé à ma hauteur, il me demanda :

— Pourquoi tu étais en retard ? Ça c'est bien passée ?

Il criait pour se faire entendre, je le voyais bien. Pourtant sa voix arrivait tout juste à atteindre mes oreilles.

— À vrai dire... J'en ai aucune idée.

Tout comme j'avais aucune idée de s'il m'entendais où pas.
Je n'avais pas l'impression d'avoir raté quoi que ce soit. Donc il n'y a pas de raison que Amber et moi arrivâmes plus tard que les autres. C'était vraiment étrange.
En tout cas le chronomètre, lui, continuait de tourner et je ne savais toujours pas avec qui je pourrai formé cette foutue équipe.

— Tu as déjà une équipe ? Demandai-je soucieuse.

— Oui, je suis avec un groupe de première Section.

— Au moins là, tu ne risques pas de faire de bêtises. Rétorquai-je.

Je sentais que cette dernière remarque sarcastique ne lui avait pas plû. Il ne répondit pas, il n'en pris pas la peine. Mais dans un certain sens, c'était une façon de lui faire comprendre qu'il ne fallait pas qu'il franchisse les limites de nos lois, surtout au sein du Directoire. Même si je sais pertinemment que ça ne partait jamais d'un mauvais sentiment. Ethan est dans une position où la moindre petite erreur, peut avoir des conséquences beaucoup plus graves pour lui, que pour n'importe quelle autre candidat. J'étais rassurée qu'il n'était pas avec un groupe de troisième Section –comme Igor.

Il ne restait maintenant plus que vingt secondes, et je n'avais toujours trouvé personne. Un garde de jour était rentré dans la salle indiquant que les groupes déjà formés avaient l'ordre de sortir.

— Je crois que c'est là qu'on se sépare. Déclara Ethan.

Je le regardai avec un air qui se voulait encourageant.

— Bonne chance.

À mes mots, je lui fis le câlin le plus court que l'histoire des étreintes et le laissa partir. Il me tourna le dos et rejoignit les jeunes de la première Section.

Dix secondes.

La salle se vidait à vue d'œil et je n'avais toujours pas de groupe. Le temps touchait à sa fin. Bientôt le minuteur signalera la fin du décompte. Je devrais subir le tirage au sort.

Huit secondes
Sept secondes
Six secondes

J'étais dépitée. J'allais subir le tirage.
Mais c'était sans compter sur un bras venu de nul part. Il s'accrocha soudainement et miraculeusement à moi et me tira si fort que j'en perdis l'équilibre. Ce geste bref et rapide –sûrement pour que personne ne le remarque – provoqua ma chute. Je m'étalai de tout mon long au milieu des candidats restant qui couraient encore dans tous les sens. Le choc me coupa le souffle. Mais je n'eu pas le temps de sortir un seul gémissement de douleur qu'une voix féminine s'écria :

— Aller Louise lève toi !

Tout doute s'envola. C'était celle d'Amber, je la reconnaissais. Alors sans réfléchir, je me suis remise sur mes deux pieds aidée par ses encouragements et couru à ses côtés. On se faufilait à travers la foule, priant pour ne percuter personne. C'était plus facile à dire qu'à faire. Des jeunes surgissaient de nul part et nous barraient inconsciemment la route. À plusieurs reprises, j'entendais Amber qui leur crier de se pousser.
On slalomait, tout en essayant de ne pas perdre de vitesse. Il ne restait presque plus assez de temps.
Et enfin, peut-être deux secondes avant la fin, nous atteignîmes la porte. Nous étions maintenant face au garde qui faisait sortir les équipes.

— C'est bon ! On est trois ! Déclara Amber au Vigil.

— Quoi ? Où est la troisième personne ? Demandai-je entre deux souffles.

Mais personne ne me répondit. Je m'attendais à ce que le garde nous dise de repartir mais au contraire, il se contenta d'approuver d'un signe de tête.

Une file énorme de groupes s'était formée devant nous grâce aux candidats. Ils discutaient les uns avec les autres, prenant toujours soins de laisser une distance de sécurité entre chacun. Certains faisaient connaissance, d'autres se rappelaient les moments passés ensemble. Tous devait avoir en tête le changement de vie qu'ils étaient en train de déterminer. Le moindre fait et geste ferait pencher la balance. On ne le savait que trop bien.
Tout au fond du couloir, je pouvais apercevoir les capsules transparentes qui montaient le long d'une longue paroi de verre dans un lapse de temps régulié. Elles venaient chercher chacune à leur tour une équipe, l'amenant à chaque fois à un étage différent.
Malgré la distance que nous séparait de cet ascenseur, il ne perdait aucune miette de son effet d'immensité. Je ne saurai dire de combien d'étages il est composé, mais assez pour ne pas laissait plus d'un groupe dans chacun d'eux.
J'essayais de reconnaître les visages qui montaient. Les candidats défilaient encore et encore. Mais aucun des visages que j'aperçus ne ressemblait à celui d'Ethan.
Il est sûrement déjà monté. Son groupe est l'un des premiers à être sorti. Je l'ai raté.
une fille nous accueillit au bout d'une file. Elle s'exclama :

— Enfin ! Dépêche toi Amber on a déjà laissé passer plein de monde.

— Désolée, répondit Amber en reprenant son souffle, les mains posées sur les genoux. Je te présente Louise, c'est avec elle que je me suis perdue tout à l'heure.

"Perdue perdue, on a quand même finit pas arrivé à destination."

— Enchantée, me dit l'amie d'Amber. Je m'appelle Julia. Tu es de quelle Section ?

— La deuxième, et toi ? Répondis-je avec enthousiasme.

— La troisième.

Le sol s'écroula sous mes pieds.

Three Thousand OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant