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"Mes chers Candidats, j'ai été forcée de constater que cette épreuve a vraisemblablement été un échec pour un grand nombre d'entre vous. Trop peu sont les groupes ayant trouvé la solution. C'est pourquoi nous avons décidé de l'arrêter avant la fin officielle. C'est sur cette note décevante pour une grande majorité d'entre vous que je vous annonce officiellement la fin de l'examen. Et oui, mes chers Candidats, dans quelques instants nous allons enfin vous remettre les résultats. Je vous demanderai cependant de bien vouloir être patients deux heures supplémentaires. Comprenez, imprimer chacun de vos résultats reste un exercice fastidieux. Et nous nous voyons mal le bâcler. Notre parlons tout de même de votre avenir. Je suis sûre que vous êtes tous impatients de connaître votre habitat, votre métier, la date où vous serez autorisé à obtenir un nourrisson ou encore le nom de votre potentiel poisson rouge ! Je vous prie de bien vouloir, mes chers Candidats, accepter nos excuses quant à cette attente."

Les murs nous étriquaient au point où l'humidité sortant des muscles épuisés des deux filles irritait ma propre peau censée être protégée par la combinaison. À la fin de ce discours qui ne visait explicitement qu'à clamer au et fort notre incompétence, une alarme s'était mise à retentir. Les murs reculèrent. Je lâchai un soupir deux fois plus long que la normale. Il représentait de soulagement de la fin de l'épreuve accumulé à celui de l'annonce de notre survie potentielle. Car oui, après avoir vu dans quelle condition le Gouvernement est capable de notre mettre, arrivée seine et sauve à annonce des résultats n'a jamais été moins sûr. Même à ce stade de la journée, les épreuves étant terminées. Cependant, la Gouvernante avait dit que les conséquences d'un échec pouvait être graves. Mais l'épreuve a justement était suspendu avant que la gravité n'intervienne. Ce n'est pas physiquement que je risquais quelque chose, mais moralement. Ils voulaient voir nos limites ? Les voici !

Soudain, la porte s'ouvrit faisant voler les cheveux détachés d'Amber. Le temps pour elle de remettre sa belle tignasse rousse correctement, une silhouette apparut à travers le faisceau lumineux que l'ouverture avait provoqué.  La silhouette pénétra dans la pièce. Je la reconnu, où plutôt le reconnu, à sa tenue d'une simplicité attirante. J'avais presque oublié que c'était possible de ne pas ressembler à un bonhomme de neige. Il s'agissait du garçon qui m'avait "chaleureusement" accueilli avec une passoire, une ou deux heures auparavant. Il avançait doucement, mais ne nous jeta pas un seul coup d'œil pour autant. Les mains plantées dans les poches, il se dirigea contre un mur. Nous ignorant volontairement, il s'y adossa.
Julia fronça les sourcils et fit mine de tousser pour lui rappeler notre présence. Mais le jeune homme ne bougea même pas d'un cil. Il paraissait bien trop occupé à se détendre.
Alors, décidée à le faire réagir, elle prit la parole avec un ton exagérément soutenu :

— Surtout, si vous vous sentez mal à l'aise, n'hésitez pas à nous le faire savoir.

Le jeune homme s'aperçut enfin que nous étions là. Il tourna lentement la tête vers nous et dit :

— Vous faites parties des groupes qui ont échoué ?

Personne ne répondit. Nous étions tous estomaqué devant cet étrange personnage. Alors il continua.

— Faut vraiment pas être malin. Moi, je ne comprends toujours pas ce qu'il y avait de compliqué dans la solution. Les candidats de cette année sont mauvais.

Amber baissa la tête. Je pense que sa stratégie était de le laisser vider son sac jusqu'à qu'on connaisse enfin la véritable raison de sa venue. Mais pour Julia, il était hors de question de rester les bras croisés.

— Qu'est ce que tu nous veux ?

Surpris qu'on lui répondit avec agressivité, le garçon se tourna vers elle en haussant les sourcils.

— Pardon ? Je crois que je n'ai pas bien compris la question, dit-il avec sarcasme.

— T'es bouché ou juste bête ?

Pendant une demi-seconde, je vis le visage de l'homme se décomposer. Mais il ne tarda pas à s'en remettre. Il reprit presque immédiatement un air provocateur. Il se leva doucement, afficha le sourire le plus prétentieux que je n'ai jamais vu et s'approcha sournoisement de Julia.

— Tu n'as pas peur de parler, toi, j'apprécie. Mais sache qu'ici je suis chez moi. Alors je n'ai pas d'ordre à recevoir des candidats. Surtout ceux qui ont échoué à cette dernière étape.
Mais puisque tu insistes, je suis envoyé par la Gouvernante elle-même.

— Tais toi, murmura t'elle dans un élan de rage.

— Je suis venu vous prévenir qu'il reste une chose à régler avant que tous les résultats soient totalement bouclés.

— Quoi ? M'étranglai-je. Ce n'est pas fini ?

— Bon, c'est bien beau de discuter mais va falloir me suivre maintenant. Ajouta-t'il en faisant volte-face, sans me répondre.

— Tu vois, là on a pas trop envie de suivre un enfoiré. Envoye nous quelqu'un d'autre, lui cria Julia avant qu'il ne franchisse la porte.

Il s'arrêta net et sans se retourner, il prononça cette dernière phrase avant qu'il ne quitte définitivement la pièce :

— Ça tombe bien, toi tu restes là. C'est la brundinette qui vient.

Three Thousand OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant