Chapitre 5

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 Alors que l'obscurité de la nuit avait chassé la plupart des habitants des rues de la capitale, les invitant à rejoindre leur demeure pour s'y reposer en attendant le lendemain, Scyllia se baladait en se délectant de la fraîcheur environnante. En cette période de l'année, il n'y avait qu'à cette heure que l'on pouvait sortir sans suer à grosse goutte et, même si la chaleur et le beau temps étaient bien accueillis, la fraîcheur nocturne était vécue comme une délivrance chaque jour.

Seule dans les rues désertes, la prétendante marchait, les yeux rivés sur le ciel dépourvu de nuages et nimbé d'étoiles. Tous ces points lui rappelaient sa maison où, lorsqu'elle peinait à s'endormir l'été, elle s'installait près de sa fenêtre et observait cette merveille apaisante jusqu'à s'endormir. À cette époque, elle avait arrêté de compter le nombre de fois où elle avait fait ça et s'était réveillée, au matin, dans son lit.

Mais les choses avaient changé. À présent, elle était assez grande pour sortir quand bon lui semblait, et ça n'était pas les personnes présentes à l'académie qui pouvaient l'en empêcher. Après tout, elle ne faisait aucun mal à personne et n'était pas prisonnière, donc libre de sortir quand elle le souhaitait.

Sa balade dura un long moment jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle s'était peut-être un peu trop éloignée de l'académie et ne décide de faire demi-tour. Elle s'arrêta cependant à mi-chemin lorsqu'elle entendit un cri de terreur retentir à quelques rues de sa position. Sans réfléchir, l'adolescente invoqua ses dagues, revêtit son armure et fonça vers l'endroit où avait retenti le cri.

Il ne lui fallut que peu de temps pour retrouver la personne qui avait hurlé. Sur une petite place, une fille, d'à peu près son âge au vu de sa taille, gisait à terre dans une flaque de sang, une lame plantée dans son dos. Son âme avait déjà quitté son corps, la pauvre était morte.

Les dents serrées et le regard empli de haine, Scyllia regarda le meurtrier qui se tenait accroupi près du corps. Il était impossible de distinguer le moindre trait physique, à l'exception qu'il était mince et légèrement plus petit qu'elle. Vêtu d'une tunique sombre, ses mains étaient gantées et son visage caché par une capuche et un masque en tissu qui lui remontait jusque sous ses pommettes.

Lentement, l'assassin se releva et fixa la prétendante. Du moins, c'est ce qu'elle devinait vu que ses yeux étaient dissimulés sous sa capuche.

— Te voilà enfin, meurtrière, dit-il d'un ton agressif en sortant deux lames courtes.

— Meurtrière ? C'est toi qui as tué cette fille ! hurla-t-elle en se mettant en position.

Le meurtrier s'écarta du corps et commença à décrire un cercle autour de Scyllia. Prête à se défendre, l'adolescente le suivit du regard. Il était mal tombé s'il pensait trouver en elle une proie facile ou un adversaire que l'on pouvait semer facilement. Avant le levé du jour, il serait au mieux en prison et au pire à la cité des damnés.

— Tout le monde te prend pour une sainte, même les dieux. Mais moi, je sais qui tu es... Meurtrière.

— Je ne suis pas une meurtrière ! s'énerva-t-elle.

— Ton âme est aussi noire que le métal de tes lames. Tu auras beau te laver autant de fois que tu le souhaites, le sang de tes victimes ne disparaîtra pas de ta peau. Tu es... Une meurtrière.

— Assez !

Poussée à bout par ces accusations, Scyllia se précipita sur l'assassin, lame en avant. Même s'il avait réussi à l'énerver, elle n'était pas assez stupide pour se laisser totalement aveugler par la colère et faire une erreur. De ce fait, la position qu'elle arbora lorsqu'elle frappa lui donna l'occasion d'esquiver ou de bloquer une éventuelle riposte.

Scyllia tome 4 : L'assassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant