Tandis que la voiture qui emmenait Scyllia vers la prison avançait vers sa destination, la prétendante regardait l'extérieur par la fenêtre pourvue de barreau. Elle était enchaînée à sa place par des menottes qui bloquaient sa magie. Ces entraves étaient telles que la prétendante devait se tordre le cou pour ne serait-ce qu'entrevoir la rue.
À son passage, la curiosité des habitants faisait qu'ils se retournaient tous pour essayer d'apercevoir le criminel qui s'était fait prendre. Jamais Scyllia ne se serait imaginé que cela la mettrait autant mal à l'aise. Elle avait déjà été le centre de l'attention, mais pas dans ces conditions. Même si elle n'avait rien fait, ces regards lui provoquaient un profond sentiment de malaise, comme si elle était réellement responsable de ce pour quoi on l'accusait.
— À mon avis, c'est une perte de temps, lui dit le chasseur de mage assis en face d'elle.
Surprise, Scyllia se retourna vers la personne qui lui avait passé les menottes et la fixa avec un air interrogateur.
— Je ne pense pas que vous soyez la criminelle qui a commis ces meurtres, développa-t-il.
— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
— L'une des parties du travail de chasseur de mage consiste à se renseigner sur sa cible et à se préparer avant de faire quoi que se soit. Je sais donc que vous êtes la prétendante à l'incarnation de la vie. Je pense que, si vous étiez responsable, Sina vous aurait renié et aurait prévenu l'église. Or, ils n'ont reçu aucun message des dieux à ce sujet.
— Vous oubliez que je suis aussi l'hôte d'un démon très puissant. Peut-être a-t-il trouvé une faille dans sa prison et profite de la nuit, lorsque je dors, pour sortir et massacrer des innocents. Dans ce cas, la faute lui reviendrait et la déesse de la vie ne me renierait pas.
— Mais bien sûr, je suis assez stupide pour faire une telle chose.
Ça n'était pas ce qu'elle sous-entendait. Elle voulait juste montrer qu'il était possible de trouver une explication au fait qu'elle soit la meurtrière. Elle savait très bien que Shed n'avait rien fait, mais elle se mettait à la place des accusateurs pour trouver ensuite une parade à leurs arguments.
— Je vous dis que je crois en votre innocence et vous me sortez quelque chose qui pourrait vous incriminer. Je ne vous comprends pas.
— Ha, tu vois ! Je ne suis pas le seul à trouver tes paroles stupides.
— Je peux vous assurer que je suis innocente. J'ai accepté de vous suivre pour que mes amis n'aient pas d'ennuis et pour en savoir un maximum sur cette affaire. Je suis sûre que le fait que vous m'aillez arrêtée n'est pas un hasard. Ces meurtres on un lien avec moi et je veux découvrir ce que c'est. D'ailleurs, votre acolyte a parlé d'une preuve de ma culpabilité. Vous savez ce que c'est ?
— Non. Nous-mêmes n'en savons pas plus. Et même si nous en savions plus, nous avons interdiction de révéler quoi que ce soit pour éviter que le prisonnier ne prépare une quelconque défense ou excuse une fois devant la preuve.
— Je comprends, se résigna l'adolescente.
Pendant quelques instants, un silence pesant s'installa dans la voiture. Scyllia réfléchissait à cette fameuse preuve. Que pouvaient-ils avoir trouvé sur la scène de crime ? Son sang ? Dans son rêve, elle avait été poignardée par le meurtrier. Cependant, elle s'était bien réveillée dans son lit sans aucune blessure et, quand bien même cela s'était réellement passé et qu'elle s'était faite soigner, il lui était impossible de le faire elle-même et elle aurait dû demander de l'aide à une tierce personne.
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Scyllia tome 4 : L'assassin
FantasyÀ présent en possession d'un éclat de l'orbe de souvenir que Ouros, le dieu de la mort, avait brisé et dispersé dans son monde après avoir insufflé de grands pouvoirs dans les fragments, Scyllia peut enfin retrouver sa vie presque normale d'étudian...