Chapitre 14

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 En compagnie de tous ses amis et des dieux du panthéon, Scyllia assistait aux épreuves dites non-magiques. Dans l'arène, les athlètes concouraient avec férocité et détermination pour être reconnu par les dieux comme étant les meilleurs dans leur discipline. Si la foule paraissait enthousiaste, la prétendante, elle, n'arrivait pas à se dire qu'ils ne pouvaient pas utiliser de magie. Pour elle, il était facile d'égaler, voir même de dépasser largement certaines performances qu'offraient les meilleurs rien qu'avec un petit coup de pouce de Shed.

Si elle s'était retrouvée sur le terrain, elle aurait semé les plus grands coureurs, sauté bien plus haut ou plus loin que n'importe lequel d'entre eux, lancé plus fort les projectiles que n'importe qui. À force de vivre dans une école remplie de magie, elle en avait oublié la difficulté et l'implication que cela demandait pour atteindre de telles performances.

De toutes les épreuves non-magiques, les seules qu'elle attendait étaient les combats individuels ou en groupe. Vu que ceux-ci étaient prévus en fin de première période, l'adolescente dut prendre son mal en patience et attendre. Shed, lui, trouvait cela amusant que son hôte, qui ne raffolait pas spécialement de la violence, veuille absolument voir ce genre d'épreuves. Une prétendante à l'incarnation de la vie qui voulait voir du sang, cela n'était pas banal.

Sur ce point, le démon se trompait. Ça n'était pas le sang qu'elle voulait voir, mais les techniques et la dextérité des combattants. De toutes les épreuves, celles-ci étaient les seules où les athlètes pouvaient rivaliser avec elle malgré leur manque de pouvoirs. Lorsqu'elle s'entraînait avec les membres du réseau d'espionnage, ils arrivaient à lui tenir tête et à la vaincre sans utiliser une quelconque forme de magie. De ce fait, elle voulait percer le secret et voir, à travers les combats qui allaient se jouer, comment ces personnes faisaient pour se battre aussi bien.

Il n'y a pas vraiment de secret, ce que tu cherches s'appelle l'expérience et l'entraînement. Souviens-toi d'Alphonse lors de son combat contre Archibald. Sa vitesse était prodigieuse pour un humain et il rivalisait avec un inquisiteur sous bénédiction de célérité. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il a passé sa vie à parfaire ses techniques.

— Et toi ? demanda-t-elle à voix basse. Pour devenir aussi fort, tu as dû t'entraîner longtemps.

Non, moi je suis un génie ! Aucune personne ne pouvait rivaliser avec moi, même lorsque je n'étais qu'un chétif démon de quelques jours.

— Comment tu le sais vu que tu es amnésique ?

Justement, je te rappelle que je suis amnésique donc je ne me souviens plus de comment j'ai acquis autant de pouvoirs. Lorsque je me suis réveillé, il me restait tout de même en mémoire certaines techniques. Pour les autres, comme balayer les faibles, je me suis entraîné quelque temps et il ne m'a pas fallu longtemps pour les maîtriser parfaitement. Je devais sans doute en connaître des similaires avant.

Un instant, Scyllia pensa à la mission qu'elle devait accomplir. En plus de quatre ans, elle n'avait trouvé qu'un seul fragment d'orbe et ne savait pas combien il y en avait. Lorsque Ouros l'avait brisé, plusieurs gros morceaux étaient tombés devant ces yeux, mais d'autres, bien plus petits, avaient aussi traversé le sol. Était-il possible que ceux-là soient aussi comptés comme des fragments alors qu'ils n'étaient pas plus gros que son ongle ? Si la réponse était oui, alors elle n'aurait jamais assez d'une vie pour tous les retrouver. Elle demanderait au dieu de la mort lorsqu'elle le croiserait, pensa-t-elle avant de se concentrer de nouveau sur les épreuves.

Celles-ci s'enchaînaient les unes après les autres et étaient, pour la prétendante, interminable. Ce n'était cependant pas l'avis de tous. Dieux comme mortels qui y assistaient ne semblaient pas s'en lasser. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis la cérémonie d'ouverture et cela la perturbait quelque peu. Dans ce monde, elle ne ressentait ni faim, ni fatigue et rien n'indiquait s'il faisait jour ou nuit sur le plan mortel. Le ciel était d'un bleu uniforme, sans nuage et ne changeait jamais.

Scyllia tome 4 : L'assassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant