Chapitre 7

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Pendant le reste de la journée et une grande partie de la nuit, Scyllia resta sur son lit pour se reposer. Elle ne pouvait, de toute manière, pas faire grand-chose d'autre. Sa cellule était même trop petite pour qu'elle puisse y faire les cent pas. L'absence d'ouverture vers l'extérieur lui fit même perdre la notion du temps et la prétendante se demanda comment les prisonniers faisaient pour ne pas devenir cinglés, ce à quoi Shed, de retour de son retrait dans son esprit, avait répondu qu'ils étaient, de toute façon, déjà fous.

Aussi horribles étaient-ils, ils craignaient tout de même la rune de soumission et ce qu'avait fait Scyllia pour avoir un peu de tranquillité avait fonctionné à merveille. Après avoir montré qu'elle pouvait l'activer quand elle le souhaitait, les prisonniers n'avaient plus bronché et s'étaient tus.

Au moment que Scyllia estimait comme étant le matin, les deux chasseurs de mage qui l'avaient arrêtés pénétrèrent dans l'aile sud de la prison et se présentèrent devant sa cellule.

— Bonjour mademoiselle Eliar. Avez-vous bien dormi ?

— J'ai connu pire, répondit-elle en s'approchant des barreaux. Par contre, la nourriture est infâme.

— C'est vrai, admit-il. Mais ceux qui se trouvent ici ne sont pas là pour bien manger, cela fait partie de leur punition.

— Gardiens, j'ai quelque chose d'important à vous dire ! s'exclama le nécromant.

— On s'en fou, la ferme ! ordonna le deuxième chasseur de mage.

— Ha bon ? Pourtant, je pensais que savoir que la gamine a fait une petite escapade en dehors de sa cellule vous intéresserait.

— Comment ça ? s'étonna-t-il.

— Je suis sortie de ma cellule pour les calmer, avoua la prétendante. Leurs cris me donnaient la migraine.

— Mais... Comment as-tu fait ?

— Je vous dirais tout pendant le trajet. Il vaut mieux que les nombreuses oreilles qui traînent ici ne l'entendent pas.

— Tu as avoué cette évasion, cela ne va pas jouer en ta faveur lors du procès.

— Peu importe, je verrais ça le moment venu.

— Très bien. Il est temps d'y aller. Tends tes mains.

Une fois de plus, le chasseur de mage menotta la prétendante. Même si, dans son cas, elle pouvait se libérer de ses chaînes, il valait mieux garder cette faculté secrète pour se tirer d'une mauvaise situation si le procès ne se déroulait pas comme elle l'espérait.

Une fois enchaînée, les geôliers ouvrirent la cellule et la conduisirent à l'extérieur de la prison, là ou la même carriole qui l'avait amenée l'attendait. Sur le chemin, la prétendante recroisa le supérieur des chasseurs de mage et s'arrêta un instant.

— Je sais qu'une de vos connaissances fait partie des victimes, lui dit-elle. Je ne suis pas celle qui lui a fait ça, mais je peux vous assurer que je trouverai le coupable.

L'homme, les bras croisés, ne dit rien et se contenta de lui jeter un regard noir. L'adolescente se souvint de ce qu'il avait proféré le jour précédent. Tant que le verdict n'aurait pas été donné, elle serait, à ses yeux, coupable. L'un des chasseurs de mage plaça alors sa main sur son épaule et l'invita à continuer d'avancer.

Une fois montée et attachée dans la voiture, Scyllia se mura dans un silence qu'elle garda tout le long du trajet. Elle en oublia même de donner une explication sur comment elle était sortie de sa cellule. Cette preuve qui l'incriminait l'obnubilait. Même si elle était sur le point de la découvrir, ne pas savoir à cet instant précis la rendait nerveuse. Et si elle n'arrivait pas à trouver de contre ? Et si, malgré son innocence, elle était jugée coupable ? Le sourire du chasseur de mage se voulait rassurant, pourtant, cela ne l'aidait que très peu. Le stress continua à monter jusqu'à atteindre son paroxysme lorsqu'elle atteignit le palais de justice.

Scyllia tome 4 : L'assassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant