③ La pire matinée du siècle

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J'ai fait un rêve, la nuit dernière.
Dans ce rêve, j'entendais un enfant qui pleurait, et qui criait un nom.
Cette voix.... Je l'ai déjà entendue quelque part, j'en suis certain.
...
Mais où ?

Shûichi, à présent âgé de seize ans, fut tiré brutalement de son sommeil réparateur par une masse qui venait de s'écraser de tout son poids sur sa couette en patchwork - et donc accessoirement sur lui. Il poussa un grognement, et essaya de se retourner sur lui-même, mais il ne bougea pas d'un millimètre, presque écrabouillé par le poids de la personne au dessus de lui.

- Debooooout, Saiharaaaaa ! clama une voix que Shûichi connaissait très bien pour l'exaspération qu'elle lui causait chaque fois qu'il l'entendait.

À force de donner des coups de pieds sous la couette, le noiraud finit par déséquilibrer la personne qui lui gâchait son sommeil, et celle-ci tomba au sol dans un bruit mat et sonore.

- Aïeeeeeuuuuh !

Shûichi se redressa, ses cheveux noirs hérissés sur sa tête et la marque du drap imprimée sur la joue. Mais surtout, il avait ce regard meurtrier, propre à tout être humain (ou félin) ayant été réveillé avant l'heure ou de manière très désagréable.

Il fusillait donc de ce regard Kokichi Ôma, son présumé frère, qui était étalé par terre, les quatres fers en l'air.

- Ôma-kun, marmonna donc Shûichi d'une voix encore ensommeillée, pourrais-tu, je te prie, t'en aller de ma chambre ? J'aimerais pouvoir m'habiller sans avoir ton regard fixé sur moi.

Kokichi lui offrit un de ses petits sourires en coin dont il avait le secret, tout en s'asseyant sur le parquet recouvert de soleil bleus - une autre trace du passage d'Angie.

- Oh, allez, Saihara, je suis sûr que ça ne te dérange pas tant que ça....

En une minute à peine, le violet se retrouva derrière la porte, à nouveau étalé par terre, mais avec une douleur cuisante au postérieur en prime.

- Pas drôle, se plaignit-il en se relevant, avant de s'éloigner.

Lorsque Shûichi descendit enfin, en uniforme, son éternelle casquette vissée sur la tête et plus ou moins réveillé, tout l'orphelinat était déjà à table (sauf Angie, qui avait une notion du temps très particulière, et Kaito, éternel sécheur). 

- Bonjour, Shûichi-kun, le salua Kirumi avec un sourire, tout en posant une nouvelle assiette sur la grande table de la salle à manger.

Le noiraud grommela un vague bonjour, avant de se laisser tomber sur une chaise, à côté de Kaede.

- Eh bien, Shûichi, plaisanta celle-ci, tu es toujours en train de dormir ?

- C'est Ôma-kun qui m'a réveillé, répondit l'intéressé comme si cela expliquait tout, tout en se retenant de ne pas piquer du nez dans son bol de céréales.

- Ah oui, je vois, ceci explique cela, soupira la blonde en laissant un regard réprobateur à Kokichi, qui leva les mains en l'air comme pour témoigner de son innocence.

- Eh ! Détends-toi, Akamatsu, je n'ai rien fait d'immoral à ton petit copain, ricana-t-il.

Un grand silence fit suite à sa remarque, comme si un vent glacial avait balayé le réfectoire tout entier... jusqu'à ce qu'on entende un cri perçant provenir de la cuisine.

- Oh, on dirait que Tôjô a retrouvé l'araignée en plastique que j'ai malencontreusement égarée dans le frigo, déclara joyeusement le violet comme si c'était la meilleure nouvelle du siècle. Il faudra que je la remercie !

Shûichi se pinça l'arête du nez, consterné, et pas besoin de relever la tête pour savoir que Maki faisait de même.

Après avoir avalé en vitesse deux tartines beurrées et son bol de céréales, Shûichi se leva pour partir au lycée, lorsque Kyôko apparut devant lui, silencieuse et inexpressive, comme à son habitude. Tellement que le noiraud en sursauta.

- K-Kirigiri-chan ?

Il l'affublait de ce diminutif afin de ne pas la confondre avec son père, le directeur de l'orphelinat, qui portait le même nom.

- Le directeur te demande dans son bureau, Saihara-kun, énonça-t-elle d'un ton neutre, avant de s'éloigner aussi silencieusement qu'elle était venue.

Shûichi jeta un coup d'œil à sa montre, et grimaça. Il allait certainement être en retard au lycée, s'il y allait, mais s'il était convoqué, cela devait être important, alors il se dirigea tout de même vers le bureau.

Il fut désagréablement surpris de voir que Kokichi attendait lui aussi devant la porte, sautillant d'un pied sur l'autre comme un gamin impatient.

La porte s'ouvrit quelques secondes après l'arrivée du noiraud, laissant passer une Angie tout sourire qui serrait un tableau contre son cœur.

Shûichi la regarda partir, se demandant ce qui pouvait la réjouir de la sorte, même s'il était vrai que la  blanche souriait toujours ainsi.

- Ôma-kun, entre, seul. Saihara-kun, tu vas devoir patienter encore un peu.

Shûichi, bien qu'intrigué, obéit sans discuter. Bien vite, il entendit le ton monter à l'intérieur de la pièce, bien qu'il ne saisisse que des bribes de conversation, le bureau étant très bien isolé.

- ... POUR LA TROISIÈME FOIS ! criait monsieur Kirigiri. ... POSSIBLE ! ... LAISSE PAS D'AUTRE CHOIX ! ... UN PEU, ÔMA ! ... .... PELLE-TOI POURQUOI... ...ICI !

Le noiraud grimaça. Ce n'était pas la première fois que Kokichi obligeait le directeur à hausser le ton, mais cela lui déplaisait tout aussi fortement à chaque fois.

Finalement, le violet sortit du bureau, les mains dans les poches, et toujours son petit sourire horripilant au coin des lèvres.

- Entre, Saihara-kun, ordonna le directeur depuis l'intérieur.

Shûichi entra, et comme chaque fois qu'il pénétrait dans cette pièce, il sentit sa nervosité monter d'un cran.

- Vous vouliez me voir ?

- Oui, répondit abruptement monsieur Kirigiri. J'ai deux nouvelles à t'annoncer.

- Commencez par la bonne, s'il vous plaît...

- Il n'y en a pas, soupira le directeur. Ce sont deux mauvaises nouvelles.

"Youpi." songea Shûichi avec toute l'ironie qu'il possédait.

- Quelles sont-elles ?

- Ôma-kun a été renvoyé de son dernier lycée.

Jusque là, rien de bien surprenant. Kokichi avait toujours été un très mauvais élève, autant au niveau scolaire que comportemental.

- Et la seconde ?

Monsieur Kirigiri lâcha un nouveau soupir.

- Il intègre ton lycée et ta classe, Shûichi, et je te demande de le surveiller.

Ce que nous aurions dû nous dire... 「Kokichi X Shûichi」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant