Ce que nous aurions dû nous dire... 「Kokichi X Shûichi」

⑭ Échec

Je veux qu'elle revienne.

Je veux la revoir.

...

Je veux aller sur la lune, tant que j'y suis.

Dans tous les cas... Ça n'arrivera jamais...

Kokichi ne savait pas quoi faire. C'était rare. Il savait toujours quoi faire, même quand c'était quelque chose de stupide et inopportun.

Mais là, on parlait de la mort de quelqu'un... Même lui ne pouvait pas se permettre ça.

Et surtout, c'était la première fois qu'il voyait Shûichi pleurer.

Peu importe ce que le violet avait pu lui faire subir, Shûichi n'avait jamais pleuré. Jamais.

Il y avait Shûichi Saihara, ce jeune homme sérieux, qui réfléchissait de manière rationnelle et qui semblait inattaquable, et puis... Et puis il y avait ce garçon, qui pleurait comme un bébé, recroquevillé sur son lit, et qui paraissait minuscule et pitoyable.

Kokichi ne connaissait pas ce garçon-là.

Alors, il resta sur le pas de la porte, les bras le long du corps, et prit sa voix la plus neutre pour signaler sa présence :

– Saihara ?

Shûichi sursauta violemment, et tourna la tête vers Kokichi. De face, le spectacle était encore plus saisissant ; ses lèvres étaient tremblantes, ses joues dégoulinantes de larmes... Une vraie fontaine.

– Ô-Ôma-kun ? balbutia le noiraud en essayant vainement de cacher son visage ravagé.

– Si tu continues de sangloter comme ça, tu vas faire une nouvelle crise d'asthme, Saihara, lui fit remarquer Kokichi, l'air de rien.

– Je... Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas rentrer avec les autres ?

Kokichi ricana en croisant ses bras derrière sa tête, les yeux plissés.

– Je me suis échappé ! Tu sais bien que je ne fais jamais ce qu'on me demande !

Shûichi prit un temps pour reprendre sa respiration. Il avait terriblement honte que Kokichi l'ait vu ainsi. Il n'était pas censé pleurer...

– Je... Je suis désolé, Ôma-kun.

– Bah, tu sais, c'est pas la première fois que je vois quelqu'un pleurer-

– Non... Je veux dire... Pour avoir fouillé dans ta chambre...

Kokichi se figea. Il décroisa lentement les bras, en se demandant s'il avait bien entendu ce qu'il avait entendu.

Shûichi n'osait pas relever la tête vers lui, alors il continuait de parler, les yeux fixés sur ses mains.

– C'est pour ça que tu m'ignorais ces derniers temps, pas vrai ? Je suis vraiment, vraiment désolé... J'espère que tu me pardonneras, mais peut-être que...

– On s'en fout.

Cette fois, le regard ahuri du noiraud rencontra celui de Kokichi.

– Que... Quoi ?

Le violet s'avança résolument vers le lit, le regard impassible.

– On s'en fout, répéta-t-il. Akamatsu-chan est morte, tu as fait une crise qui t'a conduit à l'hosto, et tu penses encore à t'excuser auprès de moi ?

Il leva les yeux au plafond, en soupirant, les paumes de ses mains tournées vers le ciel.

– C'est ça, ton plus gros défaut, Saihara, tu te soucies trop des autres.