Ce que nous aurions dû nous dire... 「Kokichi X Shûichi」

⑧ Un réveil difficile

Ce soir-là, nous nous sommes tous dit que nous n'oublierions jamais ce qui venait de se passer.
Mais ça ne s'est pas passé comme prévu...

Shûichi entrouvrit difficilement les paupières. Il n'avait pas envie de se réveiller, et heureusement pour lui, car on était samedi.

Il put donc se retourner en grognant sur son matelas, en rabattant sa couette par-dessus sa tête.

C'est là qu'il s'aperçut de quelque chose.
La couette qui le recouvrait, c'était celle, en patchwork, de sa chambre. Pourtant, il était sûr de s'être endormi avec une autre couverture...

Et son incompréhension augmenta encore lorsqu'il s'aperçut qu'il se trouvait dans sa chambre, et que la fenêtre... était comme neuve. Pas la moindre trace de fissure, ni de débris de verre sur le sol.

Shûichi se redressa d'un coup en position assise, et s'habilla en quatrième vitesse, une angoisse grandissante lui nouant la gorge.

"Et s'il était arrivé quelque chose aux autres ?"

Il faillit s'étrangler lorsqu'il aperçut l'heure sur son réveil.
Dix heures et demie !
Il ne se réveillait jamais aussi tard, étant plutôt du genre lève-tôt... Il y avait vraiment quelque chose qui clochait.

Il enfonça sa casquette sur sa tête, et descendit à toute vitesse les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée, si bien que lorsqu'il arriva à la salle à manger, il était rouge et essoufflé.

Son soulagement fut de courte durée : si la plupart des pensionnaires étaient présents, ils avaient très mauvaise mine. En effet, leur teint était grisâtre, de gros cernes violacés avaient pris place sous leurs yeux, et ils semblaient épuisés.
Même Maki, habituellement toujours très digne, s'était endormie sur l'épaule de Kaito, qui semblait lui-même trop fatigué pour y prêter attention.

Et pour les autres, ce n'était pas mieux...
Himiko semblait faire tous les efforts du monde pour beurrer sa tartine sans s'endormir, Tenko versait le lait à côté de son bol, Korekiyo tenait son livre à l'envers, Kaede tapotait distraitement ses doigts sur la table comme sur le clavier d'un piano, et Miu, elle, avait carrément oublié de s'habiller, se retrouvant donc en sous-vêtements à table.

Sauf que Shûichi était vraisemblablement le seul à l'avoir remarqué...

Lorsqu'il s'assit à côté de Kaito, sous le choc, celui-ci marmonna vaguement :

- Salut, Ki-Bo...

- Euh... Non, moi, c'est Shûichi, fit remarquer le noiraud, un sourcil haussé.

- Ah... Ouais, désolé, mec... Je suis complètement défoncé, ce matin...

"Ça, c'est le moins qu'on puisse dire !" cria Shûichi intérieurement.

- C'est horrible, j'ai l'impression de m'être pris une énorme cuite... ajouta son ami en poussant un soupir d'outre-tombe.

- Avec ce qu'il s'est passé hier soir, c'est peut-être normal... dit le noiraud, surtout pour se rassurer lui-même.

- Euh... Attends... Il s'est passé quelque chose de particulier, hier soir ?

Là, Shûichi tomba carrément des nues.