⑫ Les yeux vides

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Parfois, Ôma-kun m'agace.

D'autres fois, il m'énerve.

Mais aujourd'hui, pour la première fois...

Il m'a fait peur.

Assis sur le sol de sa chambre, Shûichi peinait à reprendre ses esprits.

Sa respiration était saccadée, son visage pâle comme la mort, et une goutte de sueur dévalait sa tempe pour descendre jusque dans son cou.

Il prit une profonde inspiration, et essaya de reconstituer ce qu'il venait de se passer.

Quelques minutes plus tôt...

Shûichi lisait tranquillement sur son lit quand la porte de sa chambre claqua violemment contre le mur, manquant sortir de ses gonds.

Le noiraud sauta sur ses pieds, les yeux écarquillés, pour voir qui venait de provoquer ce tintamarre.

Et, sans réelle surprise, il tomba face à Kokichi.

Il s'apprêta à le réprimander vertement, mais ses mots moururent sur ses lèvres.

Kokichi était... différent de d'habitude.

Bien sûr, il avait toujours ce petit sourire horripilant greffé au visage, mais ses yeux... Ses yeux n'étaient plus que deux orbes mauves dans lesquels on ne distinguait aucun sentiment autre qu'une rage froide.

Le violet avança d'un pas, le noiraud recula. Presque par réflexe.

Kokichi ne dit rien, et son silence était plus angoissant que n'importe quel cri.

Bien vite, Shûichi se retrouva dos au mur, au sens propre comme au figuré, haletant comme une bête acculée.

Sans changer d'expression, Kokichi saisit le col de Shûichi avec une brusquerie à couper le souffle, et approcha son visage du sien.

– Alors, Saihara, on a changé de vocation ? demanda froidement Kokichi.

Il n'avait toujours pas perdu son sourire. Shûichi aurait presque préféré.

– Au lieu d'être détective, on préfère jouer les archéologues dans ma chambre ?

"Oh, non."

Shûichi aurait dû avouer. S'excuser. Mais au lieu de ça, il articula avec difficulté :

– De... De quoi tu parles, Ôma-kun ?

Il comprit très vite son erreur.
Car les sourcils de Kokichi se froncèrent, tandis que ses lèvres se tordaient en un rictus sardonique.
Et désormais, ce n'était plus le col de Shûichi qui se retrouvait entre ses mains, mais le cou du noiraud lui-même.

– Te fous pas de moi... ricana-t-il. Je ne suis pas aussi bête que tu le penses, tu sais ? Je sais que quand on ouvre une boîte pour la première fois depuis longtemps, il reste des traces de doigts sur le couvercle, à cause de la poussière...

Il resserra son emprise sur la gorge de Shûichi.

– Et qui aurait pu fouiller dans ma chambre à part toi ? Tu es le seul à pouvoir faire ça. On ne t'a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut, Saihara ?

Le concerné était incapable de répondre, et pour cause, il suffoquait. Des larmes emplissaient involontairement ses yeux, et il essayait vainement de retirer les mains de Kokichi de son cou.

Ce dernier approcha davantage son visage du sien, si près que leurs deux fronts se touchaient presque.

– Que ça te serve de leçon. Mêle-toi de tes affaires, désormais. Pigé ?

Ce que nous aurions dû nous dire... 「Kokichi X Shûichi」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant