15. Vision.

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Il faisait noir.

Je ne voyais rien autour de moi. Que du noir. Pas de ciel, pas de terre, pas d'arbres. Rien. Je ne sentais même pas le sol sous mes pieds.

Je semblais flotter verticalement dans le vide.

Les visions des Obscuriums se résumaient-ils seulement à ça ? C'était peu probable. Autrement, pourquoi y aurait-il eu tant de morts et d'autre encré dans la folie ?

J'allais probablement le découvrir d'ici peu.

Une main blanche, cadavérique, fendit le noir sans fond qui m'entourait. Elle s'étira, s'agrandit. J'entendis les veines bleutées du bras livide tressauter et battre, comme si son cœur était coincé dans ses vaisseaux sanguins.

Les doigts d'une maigreur sans pareille s'accrochèrent au noir comme s'ils avaient trouvé un support. Le bras avança de lui-même vers moi et plus il se rapprochait, plus une silhouette se dessinait au bout du membre. J'étais tétanisée.

Un corps apparu, un être semblable à tous ces Obscuriums se dirigeait vers moi à quatre pattes. Un autre surgit de derrière et passa ses bras autour de mes jambes. Des Obscuriums sortirent de nulles parts et m'enlacèrent de leurs bras glacials. Leur peau molle frottait contre la mienne et ce contact me donnait envie de vomir. Le contact humain m'avait toujours révulsé, mais aujourd'hui, ça dépassait ce stade.

J'avais envie de vomir, de m'enfuir en courant, de m'évanouir, de fuir tout ça. Mais je ne pouvais pas. J'étais venue dans un but précis et je ne devais pas le perdre de vu au risque de me perdre moi-même. Me forçant à retrouver ma faculté de parler, j'obligeai les mots à sortir de ma bouche d'une voix forte et clair.

- Cécilien ! hurlai-je, me rappelant ce que j'étais venue faire ici. Cécilien, où es-tu ? continuai-je. Crier me faisait du bien, il me permettait de chasser la peur qui me comprimait la poitrine et d'étouffer les pensées nocives qui me brouillaient l'esprit.

Mais j'avais beau hurler son prénom à plein poumon, rien ne changea. J'étais toujours coincée entre ces corps glaciale et repoussant, qui me caressaient la peau. Un Obscurium se redressa face à mon visage et plaça ses mains sur mes joues, jouant avec ma peau. J'avais envie de le repousser, de le frapper pour que plus jamais il ne daigne me toucher, mais mes bras étaient coincés derrière mon dos.

L'être planta ses yeux dans les miens, la bouche grande ouverte. Un filet de bave glissa de sa bouche et tomba sur mon tee-shirt, me provoquant un haut-le-cœur. Il posa ses mains contre mes tempes et mon regard se perdit dans le sien. Vide. Dénué de sens.

J'étais plongée dans ses yeux, mais j'avais l'impression d'être plongée dans le vide. Un vide blanc. Ma tête se mit à me tourner. J'avais l'impression qu'on jouait du tambour à l'intérieur de mon crâne. Des flammes dansèrent sous mes yeux. Je vis alors des flash.

Un éclair.

Le froid du vent.

Une toupie.

La toupie tournait sur elle-même dans une danse effrénée. Elle tournait sur le sol sans s'arrêter et ne semblait pas être freinée par la pluie qui tombait violemment sur le sol. Une main s'empara de l'objet pour l'arrêter. C'était un enfant. Un enfant jouait sous la pluie. Il avait la peau blanche, comme s'il n'avait jamais pris le soleil. Cette dernière semblait être emplie de pâle cristaux, scintillant faiblement sur sa peau. Ses cheveux rouge pâle tombaient devant ses yeux et il devait sans cesse les rejeter en arrière pour voir correctement ce qui l'entourait. Ses yeux vert émeraude étudiaient la toupie avec minutie.

- Cassius ! Maman a dit que tu vas finir par attraper froid, cria une petite voix. Une enfant courut en direction du prénommé Cassius et se baissa, se mettant à sa hauteur. La petite fille semblait être légèrement plus jeune que Cassius et semblait bien le connaître. Elle avait de longs cheveux rouge sang, une peau d'albâtre où semblait briller des cristaux et des petits yeux dorés. Elle me rappelait vaguement quelqu'un, mais je n'arrivais pas à mettre la main sur cette personne.

Obscuras Tome 1 : L'insaisissable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant