6. Le Rôdeur.

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Le froid.

Du froid contre ma peau.

Du froid.

Je clignai des yeux, essayant de me rappeler où j'étais. Mon esprit était embrumé. Je n'arrivais pas à mettre la main sur les derniers événements.

J'étais assise à même le sol, dos au mur. Le mur, le sol, l'atmosphère, tout était frais ici. Autour de moi, il y avait des portes. Pleins de portes. En pierres rouges à la moitié inférieure, elles se terminaient par de solides barreaux. Il s'agissait de prisons ? Les événements me revinrent bien vite à l'esprit.

Le prisonnier.

La lance.

Les pleurs.

Après ça, le garçon à l'unique œil et à la peau mauve avait guidé le Rôdeur jusqu'au cachot. Le clown avait fini par poser sa main sur mon épaule et je l'avais repoussée violemment avant de m'enfuir en courant. J'avais fini par voir le type mauve ressortir d'une pièce et je mettais glissée à l'intérieur. J'avais atterri dans un couloir où des cellules apparaissaient de chaque côté. J'étais arrivée au bout et je m'étais laissée tomber au sol. J'avais fini par m'endormir.

- Tu es réveillée ! constata une voix à mon côté. Me frottant les yeux, je vis dans la cellule la plus proche de moi, un garçon aux yeux rouges. Il s'agissait du prisonnier que j'avais eu face à ma lance. Je ne répondis pas, détournant le visage. Je m'étais endormie juste à côté du cachot renfermant l'adolescent que j'étais censée tuer. C'était bien ma veine.

- Merci de ne pas m'avoir tué, me lança-t-il, semblant vouloir attirer mon attention.

- Fiche moi la paix si tu ne veux pas que je remédie à cette erreur, lâchai-je d'un ton brusque.

- Tu fais la dur, ricana-t-il. Mais j'ai sérieusement pensé que tu allais me transpercer. Il était bien le seul... Je me maudissais de ne pas avoir réussi, d'avoir montré un trop grand état de faiblesse. Ce souvenir me rendait malade.

- Ne te réjouis pas trop vite. Ils risquent de venir régler ton compte d'eux même... dis-je avant de me rappeler un détail. Enfin, quand ils auront un autre humain sous la main, vu que visiblement seul nous pouvons tuer un Rôdeur. Le jeune homme éclata de rire.

- C'est du pipo, nous ne sommes pas des surhommes, n'importe qui peut nous tuer. Elle t'a baratinée. Je sentis aussitôt la colère monter en moi. À quoi jouait ce clown ? M'avait-elle jouée un coup ?

- Alors c'est encore pire pour toi, ils viendront te tuer d'ici peu, concluai-je. L'adolescent se mit à rire.

- Tu te trompes, ce n'est pas leur genre. Ce ne sont pas des meurtriers. Je le regardai, interdite.

- Tu as un problème de mémoire ou ça se passe comment ? Dois-je te rappeler qu'il n'y a pas une heure, ils m'ont demandé de te tuer ? Le jeune homme aux yeux rouges me regarda en haussant un sourcil.

- Première info, c'était hier, tu as dû dormir plus que tu ne le pensais, m'apprit-il. Deuxième info, je ne sais pas pourquoi elle a réagi de la sorte, mais condamner quelqu'un à mort n'est vraiment pas son genre. Il s'agissait peut-être d'un bluff. J'avais dormi autant de temps ? Cette nouvelle m'effara. Je clignai bien vite des yeux pour revenir dans la conversation.

- Un bluff ? C'est moi qui tenais la lance, si j'avais décidé de te tuer, elle n'aurait rien pu faire, fis-je remarquer.

- Elle est très rapide, elle t'aurait facilement contrée, s'amusa le prisonnier. Je restai interdite face à sa réaction.

- Pourquoi lui fais-tu autant confiance ? Je te rappelle qu'elle t'a enfermé dans un cachot. En plus, si tu volais des informations confidentielles, c'est qu'il y a un problème dans ta confiance et ta loyauté.

Obscuras Tome 1 : L'insaisissable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant