39. Les cavaliers.

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J'étais allongée, face contre terre.

Des bruits de sabot martelant le sol vrillaient mes tympans. La poussière me brouillait la vue.

Et je ne pouvais pas bouger.

Après que la voix ait retenti, une bourrasque nous avait aplatis contre le sol, nous privant de tout mouvement.

Un Obscuras à la forte carrure fit claquer une corde entre ses mains, criant des ordres. Mais ses mots me semblaient embrouillés. J'étais incapable de saisir les phrases qui s'échappaient autour de moi. Le mot ''prisonnier'' vint heurter mes oreilles et je grinçai des dents.

Je n'avais pas triomphé d'Evilash pour me laisser prendre par une bande de cavaliers sortis de nulle part.

Des membres faisant partis de la vrai Garde Royale.

Il était hors de question que je me laisse faire aussi facilement. Je sentais encore l'adrénaline palpiter dans mes veines, la rage bouillonner en moi, me procurant une chaleur dévastatrice. Je ressentais encore les vibrations du sol lorsque mon poing avait heurté la terre, faisant disparaître toutes les cendres. J'avais un serpent de flamme qui me parcourait le corps, comme un jet de puissance dont je ne définissais pas la cause.

Non.

Non. Il était hors de question que je me laisse prendre aussi facilement. Je voulais être libre. Libre de mouvements. Libre de faire ce que je désirais. Et ce que je désirais en ce moment précis, c'était de sortir de leur emprise, de retrouver ma capacité de bouger, de m'enfuir loin de tout ça.

Alors, je serrai les poings.

Je sentis la rage prendre part de mon corps, m'envahissant lentement comme un voile de noirceur. Je sentis l'adrénaline me parcourir comme un jet d'énergie inépuisable. Serrant les poings avec plus de force, je me sentis manipuler cette énergie. Je sentais la terre palpiter sous moi. Où peut-être que c'était mon corps qui palpitait. Mon corps qui semblait gronder, prêt à se déchaîner. Je ne savais pas d'où provenait toute cette puissance, mais je la sentais grossir, enfler, éclater en moi. Si manipulable entre mes mains. Comme s'il suffisait de la saisir pour la maîtriser et la relâcher autour de moi comme une tempête déchaînée.

- Ligotez-les, il est temps d'apporter à la reine son butin, retentit une voix.

Je sentis la rage se décupler et mon être entier sembla gronder de l'intérieur, attendant que je relâche toute la puissance que j'avais accumulé. Je sentais encore l'énergie qu'avait emmagasinée la terre. Les cendres qu'elle avait caressées. Que j'avais touché. Leur pouvoir palpitait encore dans mes doigts. Je ressentais encore l'adrénaline qui m'avait permis de m'emparer des cendres pour le faire disparaître. Elle ne s'était pas estompée. Il me suffisait d'ouvrir le poing. De relâcher toute la puissance qu'il contenait. De lâcher ma rage et ma haine dans un flot de pouvoir. Je sentais la rage me lécher le visage. Encore plus de rage. La rage se changeant en énergie. Elle m'alimentait. Et je me concentrai sur cette sensation. Cette même sensation qui m'avait fait avaler les cendres pour les faire disparaître. Il ne fallait pas qu'elle s'estompe. Elle se faisait que m'envahir. Gonfler mon être. Me saisir de part en part. La sensation vibrante d'énergie, de puissance, n'attendait qu'à déborder hors de mon être.

Je vis les cavaliers s'avancer. Leurs pas raisonnaient dans ma tête. Ils étaient là, prêts à nous prendre comme des vulgaires prisonniers et nous apporter à leur reine.

Et je lâchai prise.

Je relâchai toute l'énergie que j'avais avalée, toute la puissance qui débordait hors de mon corps. Desserrant le poing. Je fis jaillir une énorme vague de cendres qui s'abattit sur les cavaliers face à nous. Je sentis les cendres envelopper leur corps, se coller à leur peau, les brûler vif, s'infiltrant dans leur chair, leur sang.

Obscuras Tome 1 : L'insaisissable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant