Chapitre 1

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J'avais la rage. Plus que jamais. Je ne savais plus quoi penser. Comment avaient-elles pu me faire ça, m'humilier ainsi, auprès de lui ? Lui, celui que j'aimais, le premier et je l'espérais le dernier. Je pensais que c'était mes amies, que je pouvais compter sur elles, n'avoir aucun secret, aucune gêne. Mais ça, c'est de la haute trahison. Bien sûr, elles, elles prétendaient que c'était pour mon bien, car j'étais trop timide et qu'elles croyaient que nous étions faits pour être ensemble. Mais à mon avis, tout espoir, si toutefois il y en avait eu un, était perdu. Mais à quoi pensaient elles ? Elles croyaient quoi ? Que j'allais les féliciter, leur sauter au cou ? C'est dingue d'être aussi naïves et égoïstes, de...

Mes pensées furent interrompues par une main sur mon épaule. Je me retournai d'un geste vif, énervée, en pensant me retrouver face à elles :

-Quoi ? dis-je agressivement.

Mais ce n'était pas des jambes de fille. Ce n'était pas elles. Je levai la tête et... Oh non. Oh mon dieu. Tout sauf ça. J'espérai rêver, que je n'avais pas fait ça. C'était lui. Je restai la bouche bée à le regarder bêtement alors que je venais de l'agresser. Il avait retiré sa main en sursaut et son regard traduisait de la surprise, et même presque de la peur. Je ne savais plus où me mettre. Ma situation s'aggravait à chaque minute qui passait.

-Je... Je...

J'avais tout juste réussi à prononcer ces mots, ces simples syllabes, que je m'étais levée et mise à courir. Courir aussi vite que je pouvais, m'enfuir. C'était tout ce qui m'importait en ce moment. M'échapper. M'échapper de lui pour être précise. Plus rien ne m'importait, je venais de perdre le peu de dignité que j'avais, en une matinée. Je l'entendais courir derrière moi et il criait. Il criait mon nom. Il avait l'air paniqué. Mais ces sons étaient flous, comme s'ils étaient à des kilomètres au loin. Comme dans les films quand la personne est dans le coma ou qu'elle entre aux urgences sur un brancard, morte intérieurement ; et bien j'étais dans le même état. Je ne me sentais pas vivante. Je ne contrôlais plus mes jambes, c'est comme si elles couraient toutes seules sans savoir où j'allais. Et alors que j'arrivais au bout du couloir il m'attrapa le poignet, me stoppa, me tira doucement vers lui en prenant de son autre main la mienne. J'étais face à lui, mes deux mains tremblantes dans les siennes, je ne savais pas quoi penser. J'étais perdue, alors au lieu de partir, je restai là, immobile, dans l'attente insupportable de savoir ce qu'il allait dire. Ses yeux étaient plongés dans les miens, le regard grave. J'avais peur. Je baissai la tête afin d'échapper à son regard et c'est seulement là que je me rendis vraiment compte que j'étais collée à lui, que ses grandes mains tenaient délicatement les miennes. Toutes ces nuits à rêver de ce moment, je ne devais surtout rien faire qui le gâcherait. Alors, je restai là, totalement immobile à regarder ses mains, et à attendre. Attendre qu'il dise quelque chose, sauve la situation et ma dignité. Mais peut être ferait-il le contraire ? Non, non, non, il ne serait pas en train de me tenir les mains si tendrement s'il comptait m'humilier davantage. Ou peut-être voulait-il renforcer mon espoir pour mieux le briser ? Mes idées étaient totalement confuses, mon cerveau était en feu tandis que je sentais sa lente respiration caresser mon front. Puis, après quelques interminables secondes qui me suffirent à examiner le pour et le contre de tous ses faits et gestes, il mit fin à mon supplice.

-Ashley mais enfin qu'est ce qui te prend ? Tu n'as pas besoin de m'éviter ainsi, de te mettre dans de tels états ! N'aie pas honte. Après tout, nous ne sommes pas maîtres de nos sentiments quelle que soit la personne envers qui ils sont destinés. Alors je t'en prie pardonne moi.

-Te pardonner ? Mais de quoi ? dis-je stupéfaite.

-D'être source de mal-être pour toi.

Je n'arrivai pas à le croire. Ce mec était un ange.

-Tu... Tu es incroyable. Tu n'as rien fait, tu n'y peux rien mais tu t'excuses d'hanter mes esprits.

-Et bien j'aimerais me faire pardonner. Tu aimes le ciné ?

-J'adore. Mais...

-Très bien. On se donne rendez-vous à quelle heure ? m'interrompit-il.

-Tu n'as pas besoin de faire ça.

Il prit une mine vexée :

-Oh, tu n'en as pas envie ? Je... Je suis désolé, je pensais que ça te plairait...

-Josh, ne sois pas stupide, j'en meurs d'envie. Simplement, tu n'as pas à chercher à te faire pardonner, il n'y a aucun souci pour moi.

-Oh, dans ce cas disons que c'est une invitation amicale pour faire plus ample connaissance ? Demain 14h ?

-C'est parfait. conclus-je avec un sourire.

Amants ou ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant