4: Tout est une question de confiance

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TW: descriptions de scènes violentes

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"- Dites-moi tout, Lyall."

Le jeune homme faisait face au vieux directeur.

Assis sur une chaise richement sculptée et au dossier confortable, il venait de prendre place devant un énorme bureau aux pieds acérés, sur lequel de nombreux objets et documents s'étaient empilés au fil du temps, dans un équilibre précaire.

Après avoir parcouru divers couloirs et escaliers, tout en suivant le vieux sorcier qui semblait glisser sur le sol dans sa longue robe mauve étoilé, Lyall était arrivé devant l'immense gargouille qui lui avait fait si peur durant toute son enfance à Poudlard. À l'époque, il avait toujours craint, un jour, terminer dans le mystérieux bureau du directeur, malgré sa fascination inconsciente pour les secrets qui s'y cachaient.

Aujourd'hui, il enviait le petit garçon sage, qu'il avait été de n'avoir jamais mis les pieds dans cette pièce.

Les lieux étaient certes envoûtants, avec ses myriades d'instruments bizarres, aux sonorités singulières, ainsi que le nombre important de portraits animés par de vieux sorciers dormant accrochés aux murs circulaires, mais c'était bien, pour Lyall, le dernier endroit où il souhaitait se trouver en ce moment même.

"- Que voulez-vous savoir de plus ? lui demanda-t-il. Je vous ai déjà tout dit."

Les sourcils du sorcier se soulevèrent légèrement derrière ses lunettes en demi-lune, mais la surprise dans son regard fut vite remplacée par une grande déception.

"- Tout ce que vous m'avez dit, était seulement ce dont j'ai été témoin. Vous ne m'avez jamais dit la cause du confinement de l'enfant, ni les raisons du traitement qui lui a été infligé. Voyons Lyall, je sais que vous n'en êtes pas resté là après me l'avoir confié. En tant qu'auror vous avez surement dû faire votre propre enquête pour mettre un peu de lumière sur cette sombre histoire n'est-ce pas ?"

Lyall baissa brièvement les yeux ne pouvant soutenir plus longtemps le regard désappointé du directeur. Ce dernier était évidement bien trop intelligent. Il aurait dû se faire à l'idée qu'il ne lâcherait jamais l'affaire aussi facilement.

Le jeune homme avait eu bien raison de s'inquiéter de lui avoir confié la vie de Remus, après tout ce qu'il avait appris dans ses recherches, ces derniers jours. Le vieux sorcier avait certes été un excellent mentor lors de sa scolarité, mais qu'est-ce qui pouvait bien prouver qu'il n'était pas aussi dangereux que le Ministère ? Ou pire ?

"- Oui... j'ai appris certaines choses, avoua-t-il. Mais j'aimerais savoir, pourquoi vous voulez savoir tout ça ?"

Il avait prononcé ces mots avec un reproche non dissimulé, tout en soutenant cette fois le regard du directeur avec un air de défi. Il voulait être sûr de ne pas avoir été piégé par le vieil homme en venant ici.

Dumbledore le regarda longuement, le scrutant avec minutie comme si son âme avait été mise à nue sous ses yeux perçants, puis d'un hochement avisé de la tête, il confessa :

"- Vous vous méfiez de moi et vous avez raison d'agir ainsi. J'en déduis que vous êtes au courant de ce qui approche. Que notre monde s'apprête à connaitre une période bien sombre. Plus sombre encore qu'à l'époque de Grindelwald. Tous ces meurtres, ces enlèvements, ces disparitions, tous ces événements ne sont pas des cas isolés vous le savez comme moi. Le Ministère l'a senti lui aussi, mais il n'a pas encore pris conscience du danger imminent que nous encourrons tous, et lorsqu'il daignera enfin agir pour l'arrêter, il sera déjà trop tard. Je ne suis pas le Ministère, Lyall. Je me suis donné comme devoir de faire obstacle à ces ténèbres qui sont déjà à nos portes, mais je ne pourrai pas y arriver seul. "

Le garçon sous le sauleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant