Le garçon sous le saule

17 : Sous la cape

C'en était trop pour Remus.

Cela faisait bientôt trois jours qu'il n'arrivait pas à fermer l'œil à cause de ses maudits camarades de chambre. Trois jours interminables que ses rares moments de sommeil bien mérités se retrouvaient perturbés par des gloussements étouffés s'élevant au beau milieu de la nuit.

Le garçon était à bout de nerf. Il avait pourtant juré avoir cru qu'il s'était habitué à tous ces chuchotements complices après ces deux semaines de vie commune.

Mais malgré cela, sa patience s'amenuisait de plus en plus chaque jour.

Après avoir longtemps réfléchi sur le pourquoi du comment, Remus avait fini par comprendre que l'incident dans les cachots avait été l'élément déclencheur de ce nouveau comportement.

Désormais, les deux farceurs étaient tellement présents dans son esprit que cela virait presque à l'obsession. Le garçon constata rapidement avec effroi que cette aversion nouvelle envers eux ne voulait dire qu'une chose.

Il était jaloux.

Jaloux à la vue de leur amitié grandissante. De leur insouciance lorsqu'ils s'éclipsaient en douce de leur dortoir pour vivre Merlin ne savait quelle aventure. De leur bonne humeur quand ils menaient la vie dure aux pauvres Serpentards. Ou de leur satanée rire si bruyant quand l'un d'entre eux sortait une blague idiote.

Avec un soupir rageur, Remus rejeta ses pensées d'un revers de la main. Il se retourna plusieurs fois dans son lit avec agitation avant de se blottir contre son chat à la recherche d'un peu de réconfort.

Malheureusement, toutes les caresses du monde n'arrivaient pas à le calmer pour autant.

Il n'avait pas à se prendre la tête avec ce genre de sentiments aussi puérils. Son bon sens lui rappelait sans cesse qu'il valait mieux se concentrer sur ses études plutôt que de se laisser entraîner dans ce petit jeu débile.

Potter et Black auraient pu se contenter de n'être que de simples cancres, mais là aussi, le destin en avait décidé autrement. En effet, une des nombreuses choses qui l'énervait au plus haut point était de les voir assurer à chaque matière scolaire avec une facilité déconcertante.

Les deux Gryffondors étaient bons en tout. Ils réussissaient leurs sorts du premier coup, et même s'il faisait toujours leurs devoirs au dernier moment, ils recevaient à chaque fois les meilleures notes de la classe.

Contrairement à eux, le jeune loup n'avait pas le talent de savoir mêler l'apprentissage de la magie et les loisirs. Il n'avait pas le temps, lui, de se laisser distraire par autre chose que l'école. Sa lycanthropie l'épuisait sans arrêt et lui faisait rater beaucoup trop de jours pour pouvoir travailler à la même cadence que les autres élèves.

Le week-end dernier avait parfaitement illustré son handicap lorsqu'il avait fallu rattraper tous les cours que la pleine lune précédente lui avait volé. Fort heureusement pour lui, Lily Evans avait été d'un grand secours. Grâce à son aide précieuse, le jeune sorcier avait réussi à se remettre à jour juste à temps avant de se retrouver complètement dépassé par son travail.

Autant dire qu'il n'avait pas pu pleinement profiter de ces deux pauvres petits jours de congés pour se remettre de sa semaine éprouvante. Les nuits étaient devenues vitales pour lui et sa santé mentale, mais une fois encore les deux fauteurs de trouble qui partageaient son dortoir n'étaient pas du même avis.

Alors qu'il commençait enfin à se sentir entraîné par le sommeil, le bruit sourd de quelqu'un heurtant une valise oubliée sur le sol suivit d'un rire étouffé le fit violemment sursauter.